Wencesla Lauret et François Trinh-Duc, au premier plan, le 23 février 2018 à Marseille. / BORIS HORVAT / AFP

Cette pomme a le goût de la victoire. Dans les couloirs du Vélodrome, trognon en main, Geoffrey Doumayrou peut goûter l’instant. Enfin, le XV de France a gagné un match de rugby. Enfin, la sélection nationale a stoppé son infamante série de onze mois sans succès. Il fallait bien un adversaire aussi faible que l’Italie, vendredi 23 février à Marseille, pour s’imposer enfin (34-17) dans ce Tournoi des six nations 2018 déjà lesté de deux défaites contre l’Irlande et l’Ecosse.

« On est content, ça fait du bien de casser cette spirale de défaites », reconnaît le trois-quart centre Doumayrou, 28 ans, 4 petits matchs en équipe de France derrière lui. Résumons l’essentiel : par ce succès la France échappe à la « cuillère de bois », titre attribué à une équipe qui perdrait ses cinq matchs du Tournoi. Reconnaisons l’essentiel : il n’y pas de quoi « sauter au plafond » dans le vestiaire pour autant, convient ce même Doumayrou.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Le XV de France en est là. A se réjouir d’avoir gagné contre l’Italie. A lutter contre la « cuillère de bois » plutôt que pour le « Grand Chelem » (5 victoires sur 5 possibles). « Il ne faut pas faire la fine bouche », selon Guilhem Guirado. Le capitaine et talonneur se dit déjà « content de l’esprit ». « J’ai été assez dur avec les joueurs, je leur ai demandé beaucoup cette semaine. » Une semaine particulière, à vrai dire. D’abord, parce qu’elle fut préparée à Aix-en-Provence et non à Marcoussis (Essonne), siège de la Fédération française de rugby.

Ensuite et surtout, parce que l’équipe de France l’a préparé sans huit des joueurs qui figuraient pourtant encore dans son groupe lors du match précédent. Huit joueurs exclus provisoirement par le sélectionneur, Jacques Brunel, pour leur « comportement inapproprié » le 11 février après la défaite en Ecosse. Six d’entre eux ayant même été entendus par la police locale comme témoins potentiels à la suite d’un signalement d’agression sexuelle.

Approximations

Logique, dans ces conditions, de voir une équipe de France aussi curieusement assemblée contre l’Italie. Un XV composée à la-vite : des revenants (Bastareaud, très en vue ce soir, mais aussi Beauxis et Fall), des débutants ou presque (Grosso, Tauleigne, Doumayrou), le tout accompagné d’une première-ligne désormais habituelle (Guirado aux côtés de Poirot et Slimani).

Face à cette sélection italienne qu’il a entraînée de 2011 à 2016, Brunel a bien reconnu la première période « difficile » des Français (11-7 à la mi-temps) : « On a été un petit peu approximatif près des lignes adverses, on a certainement manqué de justesse. » Cette sentence, en réalité, vaut pour tout le match. A l’arrivée, trois essais inscrits pour la France (Gabrillaguès dès l’entame, Bonneval et Bastareaud après l’heure de jeu), deux pour l’Italie.

Mathieu Bastareaud, le 23 février 2018, à Marseille. / Claude Paris / AP

Mais combien de ballons gâtés, combien d’attaques vendangées ? « Je vais avoir du mal à toutes les énumérer », avoue Guirado, qui attribue ses erreurs récurrentes à de « la précipitation ». Même « frustration » de l’ailier Fall, dont le métier consiste précisément à marquer : « On est près de l’en-but plusieurs fois et on a l’impression de bafouiller notre rugby dans cette zone-là. »

Gagner aussi chichement contre l’Italie laisse peu d’espoir contre l’Angleterre, le 10 mars, au Stade de France. En attendant, les Bleus (qui pour l’occasion jouaient en blanc) ont quitté Marseille par un tour d’honneur devant des gradins déjà bien désertés. Face aux Transalpins, la « fédé » organisait pour la première fois un match du Tournoi hors de la région parisienne. Contrairement à l’usage, le speakeur n’a pas jugé bon de communiquer le nombre de spectateurs durant la seconde période, dans ce Vélodrome très loin d’être plein.