Capture d’écran des messages publiés sur Twitter par United Airlines, TrueCar et Delta Airlines.

Les lignes sont-elles en train de bouger ? Depuis la tuerie dans un lycée de Floride qui a fait dix-sept morts, le 14 février, plusieurs grandes entreprises américaines ont pris leurs distances avec les fabricants d’armes aux Etats-Unis.

Depuis l’attaque du lycée Marjory-Stoneman-Douglas de Parkland, mené avec un fusil d’assaut de type AR-15, la pression populaire a poussé plusieurs sociétés américaines à revoir leurs partenariats avec le puissant lobby des armes états-unien, la National Rifle Association (NRA).

Le loueur de voitures Hertz, qui proposait des réductions liées à un partenariat avec la NRA a annoncé, par le biais de son compte Twitter, que cette offre avec le lobby des armes avait pris fin. Les sociétés de location Enterprise (Alamo, National) et Rent a Car ont, elles aussi, rompu leurs liens avec la NRA, tout comme le site de voitures d’occasion TrueCar.

Les uns après les autres, des groupes majeurs, comme les assureurs américains Metlife et Chubb, mais aussi la société de sécurité informatique Symantec, ont fait de même.

Dans la plupart des cas, ces partenariats reposaient sur de multiples avantages accordés à des membres de la NRA souhaitant, par exemple, louer une voiture, prendre l’avion ou obtenir une assurance spécifique.

« Les réactions des clients nous ont poussés à revoir nos relations avec la NRA », a tweeté First National Bank of Omaha, un des plus gros émetteurs de cartes de crédit aux Etats-Unis, en réponse à des dizaines d’utilisateurs de Twitter qui l’interpellaient. Samedi, ce sont les compagnies aériennes Delta Air Lines et United Airlines qui ont annoncé sur Twitter supprimer les réductions accordées jusque-là aux membres de la NRA. Elles ont demandé dans des communiqués distincts au lobby des armes de supprimer de son site les informations sur leurs tarifs préférentiels.

Bank of America, l’une des plus importantes du pays, n’a, de son côté, pas tout de suite rompu ses partenariats mais a fait savoir qu’elle réexaminait ses relations avec les fabricants d’armes.

« Nous nous joignons à d’autres groupes de notre secteur pour voir ce que nous pouvons faire pour arrêter la tragédie des fusillades meurtrières », a fait savoir la banque à l’Agence France-Presse. Elle va donc « contacter le nombre limité de ses clients qui fabriquent des fusils d’assaut à usage non militaire pour voir comment ils peuvent contribuer à cette responsabilité partagée. »

Changement de dynamique

« Il y a [actuellement] beaucoup de réactions hostiles » envers l’industrie des armes, explique à l’AFP Jeff Pistole, un vendeur d’armes de l’Arkansas (sud). « Au départ, les gens [fabricants] se disaient avec Trump président, nous ne sommes pas inquietsd’un durcissement de la réglementation sur les armes. » Mais la dynamique a changé, selon lui, depuis l’attaque menée par un jeune homme de 19 ans contre son ancien lycée.

Traditionnellement, les ventes d’armes bondissent aux Etats-Unis après une fusillade par crainte d’un resserrement de la réglementation, mais la demande retombe souvent aussitôt parce que les condamnations politiques ne sont pas suivies par des mesures concrètes, résume M. Pistole.

Mais cette fois-ci, certains élèves rescapés sont devenus en quelques jours les figures d’un mouvement national spontané