Thomas Bach a distribué quelques coups pendant ces Jeux. / LEONHARD FOEGER / REUTERS

Les JO ne seraient rien sans le sport, mais qu’en retiendrait-on sans tout le reste ? Rythmées par les exploits des athlètes et les remises de médailles, les deux semaines en Corée du Sud ont aussi bruissé d’une pléiade de petites et grandes histoires. Le seul bilan des Jeux garanti sans Martin Fourcade.

On s’est disputé

De l’inutilité du casque. / ED JONES / AFP

Amateur de luttes de palet, passez votre chemin ! Nous ne disposions d’aucune image illustrant les querelles et autres algarades qui suivent. Et pour cause, elles concernent les maîtres de ces Jeux. A Pyeongchang comme ailleurs, les grands n’ont pas forcément montré l’exemple.

Derrière la vitrine clinquante des « JO de la paix », la boutique du Comité international olympique (CIO) a réglé quelques comptes. Sur fond d’opposition en interne à l’attitude du président Thomas Bach à l’égard de la Russie, jugée trop clémente, deux membres de l’instance ont été publiquement recadrés.

Thomas Bach, patron des « vieux schnocks ». / KAI PFAFFENBACH / REUTERS

Le premier, Adam Pengilly, a été contraint de faire ses valises et de quitter la Corée du Sud. Le Britannique, ancien champion du monde de skeleton et sociétaire du CIO depuis 2010, aurait agressé un agent de sécurité. D’aucuns voient surtout dans l’expulsion manu militari de l’impétrant un bon moyen de se débarrasser d’un des opposants les plus virulents à la politique de Thomas Bach.

Autre membre rabroué, et pas des moindres : Dick Pound. Le Canadien, qui dispose du plus vieux mandat au CIO (entamé en 1978), avait invité les athlètes à plus s’impliquer dans le combat contre le dopage, étant « les seuls à faire peur à ces vieux schnocks ». Lesdits « vieux schnocks » étant ses camarades de Lausanne. Pas d’exclusion pour le bon Dick, mais une belle rebuffade de Mark Adam, porte-parole de l’institution : « Si vous n’aimez ni le café, ni le décor, ni les prix, vous être libre de changer de bar. »

On s’est rebellé

Mike Pence. / Patrick Semansky / AP

C’est peu dire que la désignation de Mike Pence, vice-président des Etats-Unis, comme chef de la délégation américaine à Pyeongchang n’a pas été du goût de ses athlètes. Adam Rippon fut le premier à s’en être publiquement ému. Le patineur artistique, gay et défenseur de la communauté LGBT, a regretté le choix de Mike Pence qui, lorsqu’il dirigeait l’Etat de l’Indiana, avait tenté de faire passer une loi autorisant des discriminations contre les homosexuels. Le médaillé de bronze dans l’épreuve par équipes aurait déjà refusé de se rendre à la traditionnelle réception de la Maison Blanche, à son retour au pays.

Autre « insoumis » américain : Gus Kenworthy. Engagé sur l’épreuve de slopestyle, dont il n’a pris que la douzième place, le skieur, médaillé d’argent à Sotch (Russie), a fait le tour du monde après un baiser avec son compagnon en bas de la piste. Plus tôt dans la compétition, le natif du Royaume-Uni avait profité d’une fracture au pouce pour s’adresser au vice-président américain : « Si la blessure ne remet pas en cause ma compétition, elle m’empêchera de serrer la main de Mike Pence. » Une belle mise à l’index.

On s’est fait attraper

Alexander Krushelnitsky (Russie), contrôlé positif au meldonium. / Cathal McNaughton / REUTERS

A chaque JO, ses fripons. Quatre sportifs ont été contrôlés positif à Pyeongchang. Médaillé de bronze sur l’épreuve mixte de curling, le Russe Alexander Krushelnitsky a dû rendre sa breloque. Contrôlé deux fois positif au meldonium, il faisait pourtant partie des 169 athlètes considérés comme propre par le CIO et admis à concourir sous la bannière olympique. Le curleur n’est pas le seul Russe soupçonné de dopage pendant ces Jeux. Sa compatriote Nadezhda Sergeeva, douzième de l’épreuve féminine de bobsleigh, a été attrapée par la patrouille quelques jours avant la cérémonie de clôture. Sa fédération a évoqué dans un communiqué un « médicament pour le cœur inscrit sur la liste des substances interdites ».

Plus tôt dans l’olympiade, le Japonais Kei Saito, engagé sur le short-track, avait été contrôlé positif à l’acétalozamide, un produit considéré comme masquant. Dernier coquin invité à quitter fissa la Corée du Sud : Ziga Jeglic. Le hockeyeur slovène aurait fait usage de fénotérol, un bronchodilatateur.

On a chanté

Le congrès des Pères Noël. / FABRICE COFFRINI / AFP

Vous peinez à remplir les virages de votre stade, chaque week-end ? Les fumigènes et autres banderoles de vos supporters vous valent les remontrances de la ligue, amendes en sus ? Invitez les cheerleaders nord-coréennes.

Quand l’ambiance sur les sites a souvent pâti de tribunes bien clairsemées, les pom-pom girls de Pyongyang ont égayé les compétitions où leurs « héros » étaient alignés. A coups de chants et de chorégraphies millimétrées, l’escadron des 200 partisanes a suscité le malaise puis la fascination des observateurs.

Pour vous attacher les services des cheerleaders du « leader suprême », il faudra tout de même passer à la caisse. Et l’addition sera bien plus salée que les amendes de la LFP. Pour recevoir la délégation nord-coréenne, il en a coûté 2,1 millions d’euros à leurs voisins du Sud. Les bons comptes font les bons amis comme on dit.

On a pleuré

Christie la Maudite. / DAMIR SAGOLJ / REUTERS

Triple championne du monde en titre et recordwoman du 500 mètres, Elise Christie faisait partie des favorites sur plusieurs épreuves de short-track. Las, la Britannique est repartie bredouille de Pyeongchang, ne parvenant pas à enrichir un palmarès toujours vierge de médailles olympiques. La patineuse n’est, certes, pas la première athlète de renom incapable de s’imposer aux Jeux. Pourtant les journaux locaux l’ont rapidement affublée du surnom de « Christie la Maudite ».

Plus que la défaite, c’est le scénario de ces multiples échecs qui évoque une malédiction. Chutes, disqualifications, blessures : la sportive de 27 ans ne parvient pas à finir une course aux JO. Repartie en larmes de trois olympiades, Elise Christie n’a, cependant, pas tiré un trait sur une breloque. « Pour le moment je me dis que ce sont juste trois courses ratées sur ces quatre dernières années. » Rendez-vous est donc pris à Pékin, en 2022.

On a sponsorisé

Deux bobeuses jamaïcaines et Usain Bolt. / Andy Wong / AP

Quelle histoire ! Trente ans après la participation de leurs compatriotes masculins au Jeux de Calgary (Canada), immortalisée par le film Rasta Rockett, des Jamaïcaines comptaient bien participer à l’épreuve de bobsleigh à deux. Quelques jours avant les premiers entraînements, leur coach allemande, Sandra Kiriasis, a claqué la porte. Problème : le bob sur lequel le duo devait concourir appartenait à l’ancienne championne olympique et quintuple championne du monde.

Le salut est, finalement, venu d’un brasseur jamaïcain, qui a offert un véhicule aux coqueluches du toboggan de Pyeongchang (50 000 euros tout de même). Baptisé « Mr. Cool Bolt », en hommage à leur glorieux compatriote, le bob n’a malheureusement pas bénéficié de l’accélération du sprinteur. Jazmine Fenlator-Victorian et Carrie Russell n’ont pris que la dix-neuvième et avant-dernière place de la course.