Salih Muslim, le 1er février 2016, à Bruxelles. / Geert Vanden Wijngaert / AP

Alors que dans l’enclave d’Afrin, l’armée turque et ses supplétifs issus de la rébellion syrienne poursuivent leur avancée contre les forces kurdes, Ankara peut se féliciter de l’arrestation à Prague d’une haute personnalité kurde syrienne. Salih Muslim, l’ancien président du Parti de l’union démocratique (PYD) qui domine les institutions mises en place par les Kurdes dans leurs territoires du nord syrien a été placé en détention dans la nuit de samedi 24 à dimanche 25 février par les autorités tchèques à la demande de la Turquie.

« Salih Muslim s’est rendu à Prague pour donner une conférence. On lui a signifié son arrestation peu après minuit » affirme au Monde Khaled Issa, le représentant en France des Kurdes syriens : « Nous n’avons eu jusqu’à présent aucun problème avec la République tchèque. Nous espérons que Prague ne cédera pas aux pressions turques. » La présence de responsables kurdes syriens dans la capitale tchèque pour des contacts diplomatiques est fréquente. Les forces kurdes sont les partenaires de la Coalition internationale contre l’Etat islamique en Syrie et Salih Muslim qui voyage régulièrement en Europe avait été reçu en mai 2017 par le Président de la République François Hollande à l’Elysée.

Sur la liste « rouge » des terroristes en Turquie

Ressortissant syrien, M. Muslim, 67 ans, a été placé par la Turquie sur la liste dite « rouge » des terroristes les plus recherchés le 13 février dernier, soit trois semaines après le début de l’offensive turque sur Afrin. Le PYD dont Salih Muslim a quitté la présidence en septembre 2017 tout en demeurant un de ses représentants les plus éminents est considéré par Ankara comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre l’Etat turc depuis 1984.

Lorsque le déclenchement, début 2013, d’un processus de paix avait permis l’arrêt temporaire des combats entre Ankara et le mouvement kurde, Salih Muslim s’était rendu officiellement en Turquie en qualité de président du PYD en 2013 puis de manière plus discrète en 2014. Depuis l’effondrement du processus de paix en juillet 2015 et la reprise d’affrontements entre les forces de sécurité et le PKK sur le territoire turc, la donne a cependant changé.

Le ministère turc de la justice a précisé dimanche qu’une demande d’extradition a été soumise aux autorités tchèques. Elle doit à présent, pour aboutir, être approuvée par un tribunal du pays et par le ministre de la justice. Dimanche le président turc Recep Tayyip Erdogan déclarait lors d’un discours dans la ville de Sanliurfa que « Notre espoir, si Dieu le veut, est que la République tchèque le livre à la Turquie. »