Luiz Gustavo lors du match face à Troyes. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

L’épisode fait encore sourire les dirigeants de l’Olympique de Marseille. En juillet 2017, le milieu brésilien Luiz Gustavo se rend au quartier général du club phocéen pour y parapher un contrat de quatre ans contre une indemnité de transfert d’une dizaine de millions d’euros. « Il y avait des avocats français, des avocats allemands pour la relecture du contrat. Ils étaient très précis », glisse-t-on à l’OM. Les intérêts de l’ex-joueur du 1899 Hoffeinhem (2007-2011), du Bayern Munich (2011-2013) et de Wolfsbourg (2013-2017) sont alors gérés par l’agence allemande Rogon, fondée par l’imprésario et entrepreneur Roger Wittmann et très implantée au Brésil. « Dans l’attitude, la rigueur, le professionnalisme : l’agent de Luiz Gustavo nous a fait une forte impression, développe un cadre du club. Qui se ressemble s’assemble. »

Depuis que l’international brésilien (41 sélections depuis 2011) a quitté la Bundesliga allemande pour poser ses valises en Ligue 1, les salariés de l’OM n’ont de cesse de louer son « professionnalisme ». Même lorsque le milieu de 30 ans monte à Paris, au début de février, pour participer à la fête d’anniversaire (passablement arrosée) de son compatriote Neymar, son entraîneur Rudi Garcia prend un ton laudatif.

« Il est plus difficile de dire non quand il s’agit de Luiz Gustavo, déclare alors le coach de l’OM. Parce que Luiz est un grand professionnel et qu’il préparera le match de demain avec tout le professionnalisme qu’il faut. On n’est pas non plus derrière chaque joueur à chaque fois qu’on ne les a pas au vert ici. On leur fait confiance. Ce sont de grands garçons. »

Vitrine de l’OM Champions Project de McCourt

Garant de l’équilibre du jeu marseillais, le « grand garçon » (1,87 m) devrait être encore le principal atout de l’OM face au Paris-Saint-Germain, dimanche 25 février, au Parc des princes, en clôture de la 27e journée de Ligue 1. Au Stade-Vélodrome, en octobre, Luiz Gustavo avait ouvert le score face au rival de la capitale. Dans une ambiance électrique, sa banderille n’avait pourtant pas permis à son équipe de remporter son premier clasico depuis novembre 2011. La formation phocéenne avait concédé un match nul (2-2) frustrant dans les arrêts de jeu.

Vitrine de l’OM Champions Project de l’Américain Frank McCourt, le natif de Pindamonhangaba (Etat de Sao Paulo) incarne actuellement la bonne dynamique du club, troisième du championnat, à treize points du leader parisien, et qui affrontera (les 8 et 15 mars) les Espagnols de l’Athletic Bilbao en huitièmes de finale de Ligue Europa. « Joueur d’équilibre », selon la formulation du directeur sportif marseillais Andoni Zubizarreta, le Brésilien se distingue en Ligue 1 (23 matchs, 5 buts) par son jeu sobre et clairvoyant, sa science de la passe, ses frappes supersoniques du gauche et ses qualités de récupérateur.

De mémoire de supporteur de l’OM, aucun Brésilien ne s’était imposé de manière aussi criante au club depuis le passage fugace du buteur Sonny Anderson (1993-1994) et le règne du défenseur Carlos Mozer (1989-1992). Et ce, alors que la plupart de leurs compatriotes (Elinton Andrade, Brandao, Hilton, André Luis, Eduardo Costa, Fernandao, Dill, Marcelinho, Adriano) ne sont pas forcément restés dans les mémoires au Stade-Vélodrome.

« Je suis venu à l’OM en sachant que j’avais des responsabilités à accomplir. Je m’étais donc préparé pour venir ici. Je suis heureux de pouvoir correspondre aux attentes de l’équipe », a récemment déclaré Luiz Gustavo à La Provence.

Un joueur dur sur l’homme

Le Marseillais Luiz Gustavo (à gauche), le 15 février, contre Braga. / BORIS HORVAT / AFP

Vainqueur de la Ligue des champions en 2013 avec le Bayern Munich, celui qui est surnommé « le Shérif » en sélection bénéficie, à l’instar de Dimitri Payet, du salaire le plus élevé (500 000 euros brut mensuels selon L’Equipe) au sein de l’effectif marseillais. Sous contrat jusqu’en 2021, Luiz Gustavo espère évoluer en Europe « jusqu’à à peu près 35 ans » avant de retourner dans son pays natal.

Endeuillé par le décès de sa mère, victime d’un infarctus alors qu’il n’avait que 16 ans, le joueur avait quitté le Brésil et le modeste club de Maceio (deuxième division locale) après avoir été repéré par un recruteur de la formation allemande du 1899 Hoffenheim. En 2007, il franchit l’Atlantique et s’installe dans le Land de Bade-Wurtemberg. D’emblée, il contribue à la montée du club en Bundesliga. Sa régularité et son volume de jeu attirent l’œil des décideurs du Bayern Munich, qui l’attirent dans leurs filets en 2011. Une moisson de trophées et trois saisons contrastées plus tard, il file vers Wolfsbourg, où il finit de se faire un nom.

De son long passage en Bundesliga, Luiz Gustavo laissera l’image d’un joueur dur sur l’homme, aux tacles parfois trop appuyés, voire assassins. Il a notamment écopé de huit cartons rouges en six ans. Un record que le trentenaire au tempérament guerrier partage avec l’ex-défenseur allemand Jens Nowotny.

« La méchanceté ne fait pas partie de mon profil ni de mon attitude, assurait le Brésilien, lors de sa présentation officielle aux médias marseillais. Mais si tu veux gagner, il faut tout faire pour. Au fil de ma carrière, je ne me souviens pas avoir vraiment blessé un adversaire ni avoir été vraiment déloyal. »

Lancé en sélection en 2011, Luiz Gustavo figurait parmi le onze titulaire de la Seleçao, le 8 juillet 2014, lors de la fameuse débâcle (7-1) face à l’Allemagne, à Belo Horizonte, en demi-finales du Mondial brésilien. Près de quatre ans après ce fiasco cauchemardesque baptisé le « Mineiraço », le milieu bataille actuellement pour conserver sa place en équipe nationale dans l’optique de la Coupe du monde, organisée du 14 juin au 15 juillet en Russie.

A moins de quatre mois du prochain tournoi planétaire, il ne figure pas parmi la liste de 15 joueurs déjà assurés d’être convoqués. Si le sélectionneur Tite a récemment mentionné les patronymes de plusieurs de ses compatriotes qui évoluent au PSG (Marquinhos, Daniel Alves, Neymar et Thiago Silva), Luiz Gustavo va devoir prolonger sa belle dynamique avec l’OM pour le convaincre définitivement de l’emmener en Russie. Cela passe d’abord par une solide prestation contre le rival parisien, dimanche.