LES CHOIX DE LA MATINALE

Un spectacle de jazz sur le thème de Mary Poppins, un autre qui lie érotisme et violoncelle, deux chansons d’Alain Chamfort qui fête 50 ans de carrière et trois concerts à ne pas rater. Voici notre sélection musicale hebdomadaire.

DEUX SPECTACLES :

  • « Jazzy Poppins », de retour au Pan Piper, à Paris, du 28 février au 2 mars

Jazzy Poppins - bande annonce
Durée : 02:38

Le trompettiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre Laurent Mignard, qui, à la tête du Duke Orchestra fait vivre la musique de Duke Ellington, avait présenté début janvier, au Pan Piper, à Paris le spectacle Jazzy Poppins. Soit le croisement des grandes lignes du roman de Pamela Lyndon Travers avec les compositions des frères Richard et Robert Sherman pour le film Mary Poppins, de Robert Stevenson, production des studios Walt Disney que Duke Ellington et son orchestre avaient à leur tour enregistrées pour le disque Duke Ellington Plays Mary Poppins (1965).

Mignard et le Duke Orchestra sont de retour au Pan Piper, mercredi 28 février, jeudi 1er et vendredi 2 mars, avec la comédienne et chanteuse Sophie Kaufmann et, pour les représentations des 1er et 2 mars, le danseur et claquettiste Fabien Ruiz.

Les textes des chansons sont en français, comme les parties de comédies. Les enfants, à partir de 5 ans, assisteront à cette savoureuse adaptation des aventures de la nurse Mary Poppins de la famille Banks et du ramoneur Bert. Par ailleurs, un disque avec les principaux thèmes musicaux du spectacle vient d’être publié chez Juste une trace. Sylvain Siclier

Pan Piper, 2-4, impasse Lamier, Paris-11e. Mo Philippe-Auguste, Charonne. Mercredi 28 février à 20 h 30 ; jeudi 1er et vendredi 2 mars, à 17 heures et 20 h 30. De 14 € à 28 €

  • « English Delights », à la MC2 de Grenoble, mercredi 28 février

Entrée au Conservatoire de Paris à l’âge de 14 ans, Noémi Boutin aurait pu, à la fin de ses brillantes études, rejoindre la cohorte des jeunes violoncellistes qui illustrent de par le monde la suprématie de l’Ecole française. Elle a préféré donner libre cours à sa personnalité, à la fois humble et exigeante. La musique contemporaine lui a permis d’élargir son champ d’expression et, au fil des rencontres, d’y associer d’autres artistes pour des prestations qualifiées de « concerts détonants ». Celui qu’elle consacre aujourd’hui à Benjamin Britten (1913-1976) promet même d’être explosif.

La musique du grand compositeur anglais – dont elle a enregistré les Suites pour le label NoMadMusic – y sera, en effet, ponctuée de morceaux choisis dans la correspondance amoureuse de « Ben » et de son compagnon, le ténor Peter Pears. Une récitante (Chloé Bégou), un jongleur (Jörg Müller), une danseuse (Sabine Rivière) et d’autres musiciens accompagneront Noémi Boutin (34 ans) dans cette exploration des sens (jusque dans une création culinaire) qui débutera par un chœur d’enfants. Pour ces derniers, la soirée s’arrêtera toutefois avant 22 heures puisque le dernier numéro du programme (un film de Jean Genet accompagné en direct par la violoncelliste qui n’a pas froid aux yeux) est interdit au moins de 16 ans. Pierre Gervasoni

« English Delights » à la MC2-Grenoble, 4 rue Paul Claudel, Grenoble (Isère). Tel : 04-76-00-79-00. Mercredi 28 février, à partir de 19 heures. De 10 € à 29 €.

DEUX CHANSONS : « Les Microsillons » et « Exister », d’Alain Chamfort

Alain Chamfort - Les microsillons
Durée : 03:56

Cinquante ans de carrière, ce n’est pas rien. Alain Chamfort fête cette année un demi-siècle dévoué à la chanson française, avec ses hauts et naturellement ses bas : ses débuts en 1966 de pianiste pour Jacques Dutronc, ses premiers 45 tours en 1968 sous son propre nom, Alain Le Govic passés inaperçus, puis compositeur de l’ombre notamment pour Claude François.

Devenu Alain Chamfort, il connaît enfin le succès en solo à partir de 1979 avec les tubes Manureva, Bambou, Traces de toi, La fièvre dans le sang… Mais le chanteur à l’éternelle allure fluette n’entend pas pour autant se reposer sur son impressionnant parcours.

Une double compilation en 2016 bouclait un cycle en quelque sorte, une étape artistique s’ouvre avec l’album, Le Désordre des choses, produit par Frédéric Lô (Daniel Darc, Alex Beaupain…) et attendu pour le 20 avril chez le label Pias. Les Microsillons, le titre d’ouverture et premier des deux extraits dévoilés, se présente épuré au piano, pour mettre en évidence un superbe texte où les rides du visage et les sillons d’un vinyle se creusent et s’entremêlent sur fond de nostalgie. Des paroles signées par Pierre-Dominique Burgaud, qui avait collaboré sur l’album concept Une vie Saint Laurent, en 2010. Le second titre, Exister, prend à rebours par son accroche plus pop et sophistiquée ; il est nappé de textures évoquant Pulp de la période This Is Hardcore. Les paroles parviennent à évoquer le suicide avec pudeur, sans sombrer dans le morbide. Avec élégance, toujours. Franck Colombani

TROIS CONCERTS :

  • Montero, au Point éphémère, lundi 26 février

Montero - Running Race (Official Music Video)
Durée : 02:28

Dans le sillage de King Gizzard & The Lizard Wizard, Tame Impala ou encore Courtney Barnett, le nouveau venu de cette décidément bouillonnante scène indie pop australienne se prénomme Montero.

A côté de ce nom, il faut rajouter un prénom, Ben, un artiste multicarte de 40 ans originaire de Melbourne, qui s’illustrait jusqu’ici davantage pour ses talents de dessinateur, notamment sur les albums de Mac deMarco, Ariel Pink ou encore Kurt Vile. Son second album paru début février, Performer (Chapter Music/Differ-ant) met à l’honneur ses qualités d’auteur-compositeur et interprète, chantre d’une pop aussi ambitieuse qu’aguicheuse, dominée par un piano romantique à la Jimmy Webb et des arrangements oniriques un brin étranges. Rien d’étonnant sur ce dernier point, quand on sait que l’album a été enregistré avec son compatriote Jay Watson, multi-instrumentiste au pedigree très néo-psychédélique (Tame Impala, Pond et Gum).

Après avoir récemment ouvert pour son ami Mac deMarco à l’Olympia, Montero revient à Paris en tête d’affiche, au Point éphémère, pour défendre son titre de performer pop. En première partie, la pop shoegaze de Good Morning TV emmenée par Bérénice Deloire. F. C.

Point éphémère, 200 quai de Valmy, Paris 11e. Mo Jaurès. Lundi 26 février, à 19 h 30. 15,80 €.

  • At The Drive-In, à L’Olympia, mercredi 28 février

Affiche de la tournée européenne hiver 2018 de At The Drive-In. / DR

Vendredi 25 août 2017, le concert du groupe américain At The Drive-In, en tournée estivale européenne, avait été l’un des moments forts du festival Rock en Seine. Fondé en 1994 à El Paso (Texas), ville frontière avec le Mexique, le groupe mené par le chanteur Cedric Bixler-Zavala, ténor tirant vers l’aigu, et le guitariste Omar Alfredo Rodriguez-Lopez avait repris ses activités depuis quelque temps après plusieurs années de séparation.

Caractérisé par son approche des contrastes tension-détente et rupture-relance, le recours à des grilles harmoniques souvent sophistiquées, la densité rythmique, le groupe se tient parfois aux frontières du rock progressif (King Crimson) tout en conservant une manière agressive et directe.

La tournée européenne hivernale d’At The Drive-In, avec en première partie les Canadiens Death From Above et le trio mexicain Le Butcherettes, est prévue jusqu’à mi-mars et s’arrêtera pour un soir en France, à L’Olympia, le 28 février, quand nos voisins en Allemagne ou au Royaume-Uni reçoivent le groupe et ses camarades dans plusieurs villes. S. Si.

Olympia, 28 boulevard des Capucines, Paris 9e. Mo Opéra, Madeleine. Mercredi 28 février, à 19 h 30. De 41,80 € à 49,50 €.

  • Khatia Buniatishvili, à Radio France jeudi 1er et vendredi 2 mars

La pianiste Khatia Buniatishvili. / ESTHER HAASE-MAISONDELARADIO.FR

Cela fait déjà une bonne dizaine d’années que la talentueuse Khatia Buniatishvili promène son piano de feu et la profondeur de ses décolletés : des formes généreuses tant sur le plan musical que plastique, qui lui ont valu, quand elle n’est pas en concert, d’écumer les plateaux de télévision aux heures de grande écoute, de régaler les réseaux sociaux de tenues suggestives et de se faire la part belle dans les journaux people.

La belle Géorgienne est à l’affiche de l’Orchestre symphonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, jeudi 1er et vendredi 2 mars. Au programme de ces concerts donnés au profit de l’Unicef, le Deuxième concerto de Rachmaninov où sa technique n’aura pas froid aux yeux.

Mikko Franck poursuivra, lui, l’exploration de l’œuvre symphonique de son compatriote Sibelius (Troisième symphonie) auquel il associe un Debussy de 18 ans, dont la célébration du centenaire de la mort ressuscite la très oubliée Symphonie en si mineur. Marie-Aude Roux

Concerts Debussy, Rachmaninov, Sibelius. Avec Khatia Buniatishvili (piano), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction). Maison de la radio, 116 avenue du Président-Kennedy, Paris 16e. Mo Passy, Ranelagh. Tél. : 01 56 40 15 16. Jeudi 1er et vendredi 2 mars, à 20 heures. De 10 € à 65 €.