Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, dimanche 25 février, à Niamey et dans les grandes villes du Niger pour demander « l’abrogation » de la loi de finances 2018, qu’elles jugent « antisociale », et le départ des « forces étrangères » basées dans le pays. « A bas la loi de finances scélérate ! », « A bas la loi de finances injuste ! », « Forces étrangères à bas ! », « Armées française, américaine et allemande, allez-vous-en ! », ont scandé à Niamey les manifestants, qui répondaient à l’appel d’une coalition d’organisations de la société civile.

Pour la première fois, l’opposition politique et trois centrales syndicales (sur la dizaine que compte le pays) avaient appelé leurs militants à prendre part à la manifestation. « Nous avons le devoir historique de poursuivre la lutte jusqu’à la satisfaction de nos justes et légitimes revendications », a lancé Nouhou Arzika, l’un des principaux meneurs de la contestation. Il a qualifié de « forces d’occupation » les bases militaires, notamment américaines et françaises, présentes au Niger dans le cadre de la lutte contre les djihadistes, demandant leur « départ ».

« Nous irons jusqu’au bout »

Des manifestations similaires ont eu lieu dans plusieurs villes, comme Zinder, Maradi, Tillabéri, Tahoua et Dosso (sud), a indiqué Ali Idrissa, un autre organisateur. « Nous irons jusqu’au bout », a martelé Mariama Bayard, la cheffe du Front de l’opposition indépendante (FOI), dont la justice a libéré mardi sept militants arrêtés le 4 février lors d’un sit-in à Niamey contre la loi de finances 2018. Alhassane Intinicar, le porte-parole du FOI, a toutefois écopé d’un mois de prison avec sursis et 20 000 francs CFA (30 euros) d’amende.

Une autre manifestation contre la loi de finances est programmée le 11 mars. Pour répondre à ces vagues de protestation, la coalition des partis au pouvoir prévoit une contre-manifestation le 4 mars. « Les mesures fiscales n’ont rien d’excessif » et certaines répondent à une directive de 1998 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) déjà en vigueur dans les huit Etats membres, avait affirmé mi-janvier le ministre de l’intérieur, Mohamed Bazoum, un proche du président Mahamadou Issoufou.