Faut-il sortir les vêtements de ski ? Depuis dimanche 25 février, le thermomètre affiche des températures de trois à sept degrés en dessous des normales de saison. Le responsable ? Le Moscou-Paris, qui n’est pas un vol long-courrier mais une vague de froid venue de Sibérie, qui s’attardera en France au moins jusqu’à mercredi 28 février.

Patrick Galois, prévisionniste à Météo France, fait le point sur ce phénomène météorologique, qui est loin d’être le plus intense que la France ait connu ces dernières années.

Qu’est-ce que le Moscou-Paris ? Quelle est son origine ?

Patrick Galois : C’est une façon imagée de désigner le fait que des masses d’air froid viennent de Russie et traversent l’Europe jusqu’à la France, voire l’Espagne. Elle a commencé à toucher la moitié nord de la France dimanche et s’installera sur le reste du pays d’ici à mercredi.

D’habitude, en hiver en France, les masses d’air viennent plutôt de l’Atlantique, où se rencontrent l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande. C’est pour cela qu’il fait généralement plus doux, plus on va vers l’ouest de l’Europe.

Par ailleurs, les Français ont le sentiment d’avoir plus froid que d’habitude, parce que ce Moscou-Paris s’accompagne de vents forts. Le corps fabrique à la surface de la peau une petite couche isolante d’air plus chaud. Quand il y a du vent, cette couche d’air est chassée et l’organisme doit sans cesse essayer de la recréer pour se réchauffer. C’est pour cela que, outre les relevés de température minimale, Météo France calcule un « indice de refroidissement éolien », qui sert à évaluer cette température ressentie.

Comment calcule-t-on la température ressentie ?
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Est-ce que ce type de phénomène météo arrive souvent ? Est-il plus intense que les épisodes de grand froid des années précédentes ?

Presque chaque hiver, la France connaît une ou plusieurs vagues de froid. Celle-ci est très courte (de dimanche à mercredi) et n’a rien de remarquable, dans la mesure où les températures, si elles sont au-dessous des normales saisonnières, sont loin d’atteindre des records, même récents.

Le pays a connu un épisode de froid semblable en intensité, mais beaucoup plus durable, entre Noël 2016 et la fin de janvier 2017. Les minimales étaient alors de − 8 °C à Bordeaux (contre − 6 °C demain [mardi 27 février] dans cette même ville).

Mais le dernier épisode de froid très intense remonte à février 2012. Il faisait alors − 20 °C à Mulhouse (contre − 10 °C demain), − 17 °C à Clermont-Ferrand (contre − 10 °C demain) et − 14 °C à Auch (contre − 7 °C demain).

Cette vague de froid, bien que courte, a pourtant donné lieu à la mise en place du plan « grand froid ». En quoi consiste-il ?

Il s’agit d’une série de mesures actionnées par les autorités en fonction des prévisions de Météo France (mise en place en 2002). La décision peut être prise à différents échelons, par les mairies ou les préfectures, par exemple.

Il est déclenché tous les hivers, lorsqu’un certain niveau de vigilance est atteint. Souvent, il s’agit de la vigilance jaune (actuellement activée dans 56 départements, 3 départements étant eux passés en vigilance orange). Il permet notamment d’ouvrir de nouvelles places d’hébergement aux sans-abri.