Angela Merkel, lundi 26 février, au congrès de la CDU, à Berlin. / STEFANIE LOOS / AFP

« Ce congrès a une mission claire : nous voulons participer à la constitution d’un gouvernement stable et efficace. » C’est ce qu’a lancé, lundi 26 février en fin de matinée, Angela Merkel aux mille délégués du parti conservateur démocrate-chrétien (CDU) réunis à Berlin pour valider le contrat de coalition négocié avec l’allié bavarois (CSU) et, surtout, avec les sociaux-démocrates du SPD.

Cet accord de coalition sera-t-il accepté par la CDU ?

A priori, les délégués de la CDU devraient approuver ce contrat de coalition. Le vrai test sera le référendum interne au SPD, dont les résultats seront annoncés dimanche 4 mars.

Pour finir de convaincre la direction du SPD, qui, après avoir refusé de se lancer dans une nouvelle coalition avec la CDU, a fini par l’accepter, Mme Merkel a choisi de céder aux sociaux-démocrates le très symbolique ministère des finances : il s’agit d’un poste-clé, car il est, en Allemagne, associé à la rigueur budgétaire.

Comment Mme Merkel répond-elle aux critiques sur sa politique et son usure ?

Depuis plusieurs mois, Mme Merkel est la cible de critiques au sein de la CDU. Celles-ci, venant de l’aile droite du parti, ont d’abord porté sur sa politique vis-à-vis des migrants. S’y sont ajoutées des critiques sur son usure que refléterait, selon ses détracteurs, sa victoire étriquée aux élections qui l’a obligée à renégocier, pendant de longs mois, une alliance pour pouvoir continuer à gouverner.

Les compromis passés avec le SPD sont venus s’ajouter au rang des griefs pour certains membres du parti conservateur. « La concession de trop », souligné, à propos de l’« abandon » du portefeuille des finances, une des figures de la CDU, Wolfgang Bosbach, résumant le sentiment de ceux jugeant trop centriste le cap de la chancelière au pouvoir depuis douze ans.

Pour tenter de désamorcer ces critiques, Mme Merkel a annoncé, dimanche, qu’elle allait nommer dans le prochain gouvernement, au poste de ministre de la santé, celui qui est vu comme le chef de file de cette aile droite de la CDU, Jens Spahn.

Face aux demandes de renouvellement, Mme Merkel a, par ailleurs, nommé comme numéro deux du parti Annegret Kramp-Karrenbauer. Proche de la chancelière, cette catholique de 55 ans, qui affiche des positions sociétales plus conservatrices que la chancelière, peut aussi constituer un pont avec l’aile droite.

Quels sont les premiers éléments de réaction au congrès de la CDU ?

Le correspondant du Monde à Berlin, Thomas Wieder, qui suit en direct ce congrès, fait remarquer que, même « affaiblie et usée », Mme Merkel a réussi « malgré tout à arracher une standing ovation de quatre minutes ».

« Signe que Mme Merkel a réussi son coup avec ses nominations : Paul Ziemiak, le chef de la Junge Union [jeunes conservateurs], plutôt frondeur d’ordinaire, [a prononcé], après elle, un discours sans aspérité », poursuit Thomas Wieder, qui ajoute qu’en interrogeant les délégués CDU on perçoit « que Merkel a vraiment réussi à étouffer la colère qui montait ».

« L’idée générale au congrès de Berlin est que Mme Merkel a préparé le terrain pour que la CDU se prépare à sa succession mais qu’elle a conservé les mains libres pour gouverner, la plupart des gens ici étant d’accord pour qu’elle fasse la totalité de son mandat mais pas plus », considère Thomas Wieder.