Du biathlon au record de la Norvège, en passant par l’incroyable performance de Ledecka ou la disette en ski alpin, retrouvez les surprises et les déceptions de ces Jeux.

Ils étaient attendus, et ont répondu présent

La France et son biathlon en or

Avec 15 médailles – cinq en or, quatre en argent, six en bronze – la France est neuvième et égale sa meilleure performance sportive aux JO d’hiver. Elle a même dépassé le record de médailles d’or. Une réussite, sur le plan comptable, qui s’explique par la puissance du biathlon tricolore : la discipline rapporte le tiers des médailles, avec, en or, les deux individuelles de Martin Fourcade et celle du relais mixte, et en bronze celle du relais féminin et d’Anaïs Bescond en poursuite. Depuis les Jeux de Turin en 2006, le biathlon a l’habitude d’être la cheville ouvrière de l’olympisme français. En 2018, il a reçu un coup de main du ski alpin masculin, du ski de fond et de certains sports acrobatiques.

La Norvège : record, sur record, sur record

Avec une délégation de 109 sportifs, la Norvège a battu le record du nombre de médailles gagnées en une seule édition (39), largement en tête du classement selon ce seul critère, et a égalé celui des médailles d’or (14, à égalité avec l’Allemagne). Même en étant attendue, en tant que pays le plus titré de l’histoire des Jeux d’hiver, la Norvège a dépassé les attentes. Seize Norvégiens ont reçu au moins deux médailles, dont Johannes Klæbo (trois en or en ski de fond à 21 ans) et Marit Bjoergen (deux en or, une en argent, deux de bronze en ski de fond à 37 ans). La Norvège, c’est le ski de fond (14 médailles), mais pas seulement : le biathlon, le ski acrobatique et, désormais, le ski alpin – avec une d’or, quatre d’argent, deux de bronze – et la victoire d’Aksel Svindal dans l’épreuve reine, la descente.

Marcel Hirscher, une sortie de piste et deux médailles

L’Autrichien a beau avoir raté une épreuve qui était sa spécialité, ses Jeux ont quand même été « absolument parfaits ». Sa sortie de piste en première manche du slalom l’a empêché de rejoindre l’Autrichien Toni Sailer et le Français Jean-Claude Killy, seuls skieurs alpins triples champions olympiques lors d’une même édition. Deux médailles d’or – au combiné et au géant – comblent déjà aisément la seule case qui manquait au bientôt septuple vainqueur de la Coupe du monde.

Les intouchables patineurs de vitesse néerlandais

Il y a beaucoup de médailles à prendre dans le patinage de vitesse, et comme les Pays-Bas dominent totalement ce sport, ils ont pris beaucoup de médailles. CQFD. Sur 14 épreuves (on ne compte pas le short-track), ils en ont gagné sept et rapporté 16 médailles au total. Quand on parle de domination, on ne veut pas dire celle à la Michael Phelps, qui permettait à la natation américaine d’atteindre les sommets sur le dos d’un seul athlète. Chez les Néerlandais, les sept médailles d’or se répartissent entre six patineurs. S’ils n’ont pas atteint les niveaux hégémoniques de 2014, les Pays-Bas restent intouchables sur la patinoire.

Yuzuru Hanyu, premier patineur artistique à défendre son titre avec succès

Le champion en titre de l’épreuve individuelle était arrivé à Pyeongchang plein de doutes. Etant donné qu’il avait été grièvement blessé à la cheville trois mois avant et qu’il était en manque d’entraînement, la défense de sa médaille d’or s’annonçait compliquée. Il n’en a rien été. Le Japonais de 23 ans est reparti avec la victoire, une première depuis 1952. Il est entré au panthéon du patinage, sous une pluie de peluches de Winnie l’ourson jetées par des Japonais qui avaient fait le déplacement pour être témoins d’un moment historique.

Ils étaient attendus, et n’ont pas répondu présent

Les skieuses alpines françaises

Trois médailles (deux pour Pinturault et une pour Muffat-Jeandet) et deux « tirs groupés » (4-5-6 en slalom, 3-5-6 en géant) pour les hommes, et aucun podium pour les femmes. Le constat mathématique fait dire à Michel Vion, président de la Fédération française de ski (FFS), qu’il s’agit d’une des « déceptions » de ces JO, même s’il ne faut « pas blâmer les athlètes », au « comportement remarquable ». La meilleure chance de médaille française, la double championne du monde Tessa Worley, n’a fini qu’à la septième place au géant. Le ski alpin féminin n’a plus gagné de médailles depuis Salt Lake City, en 2002.

Le ski et le patinage artistique américain

Ce sont deux disciplines où les Etats-Unis sont supposés briller, du moins dans l’inconscient collectif. En réalité, ce n’est plus le cas depuis longtemps. En ski, le pari de cinq médailles et de derniers JO dorés pour Mikaela Shiffrin et Lindsey Vonn s’est soldé par deux médailles pour la première, une pour la seconde. En patinage, ce sera deux médailles de bronze et, pour la première fois depuis 1948, aucune patineuse dans le top 6 de l’épreuve individuelle. Si les Etats-Unis ont passé la barre symbolique des 20 médailles et atteignent leur moyenne de médailles d’or (9 depuis 2002), c’est avant tout grâce aux disciplines acrobatiques qui pèsent cinq médailles d’or et 12 des 23 au total.

Le curling et le hockey canadiens

Le Canada a beau avoir fait des JO plus que corrects – une troisième place avec 11 médailles d’or, 8 en argent, 10 en bronze – deux taches resteront quand on regardera cette édition 2018 : les résultats catastrophiques en hockey et en curling, deux sports qu’ils dominent outrageusement depuis des décennies. L’équipe masculine de hockey, double championne olympique, s’est fait sortir par l’Allemagne en demies, et l’équipe féminine, quadruple championne, a été battue par les Etats-Unis en finale. Depuis la réintroduction du curling, en 1998, le Canada avait toujours gagné au moins une médaille. Cette fois, ni les hommes ni les femmes ne l’ont fait. Heureusement pour eux, le CIO a introduit une nouvelle épreuve – le double mixte – qu’ils ont remportée.

Soohorang, la mascotte omniprésente

On ne veut pas être méchant avec ce sympathique, a priori, tigre blanc mais disons les choses : même pour une mascotte olympique, on a beaucoup trop vu Soohorang ces deux dernières semaines. Ce n’est pas tant l’omniprésence de l’animal dans le décor qui était irritante, mais sa présence, inéluctable, sur les podiums. Pour une sombre raison protocolaire, on retrouvait sur les podiums après la fin d’une course les trois athlètes vainqueurs, mais pas de médailles ni d’hymne. A la place, trois Soohorangs et une séance de photos souvent gênantes. La cérémonie de clôture passée, Soohorang ira rejoindre le paradis des anciennes mascottes des JO (qui se souvient de Hodori ?) qui se trouve visiblement dans le sous-sol d’un bâtiment moderne.

La patineuse de vitesse Elise Christie

La Britannique Elise Christie est triple championne du monde en titre et recordwoman du 500 m en patinage de vitesse sur piste courte. En 2018, comme en 2014, elle repart des JO sans rien. Sur trois épreuves – le 500 m, le 1 000 m et le 1 500 m – elle a été disqualifiée une fois et a chuté deux fois, ce qui fait deux chutes, quatre disqualifications et zéro médaille. Les yeux mouillés après une épreuve – « je ne pleure pas, je tousse » –, elle a prévu de réessayer en 2022. A la maison, les tendres tabloïds ont ressorti le surnom d’il y a quatre ans : « Elise la Maudite ».

Ils n’étaient pas attendus

Ester Ledecka, mi-snowboardeuse, mi-skieuse, dans l’histoire olympique

Personne ne s’était jamais aligné en ski et en snowboard alpin aux JO avant Ester Ledecka. Aucune snowboardeuse n’avait jamais gagné de médaille d’or en ski alpin avant Ester Ledecka. Et aucune athlète n’avait jamais gagné deux médailles d’or dans deux sports différents aux JO d’hiver, jusqu’à ce qu’Ester Ledecka le fasse. La Tchèque de 22 ans a remporté le slalom géant parallèle en snowboard, devenant la première à gagner l’or dans deux sports différents aux JO d’hiver, après le super-G du ski alpin.

Autant de médailles pour la Corée du Sud

Le pays organisateur a battu son record de médailles avec 17 breloques, toutes couleurs confondues, avec une stratégie classique : tout miser sur les disciplines sûres comme le patinage de vitesse (13 des 17 médailles, dont 4 des 5 en or) et le skeleton (médaille d’or pour le champion du monde en titre, Yun Sung-bin) et espérer une poignée de miracles, comme l’argent du slalomeur Lee Sang-ho et l’argent de la désormais mondialement connue équipe de curling féminine, la « Team Kim ».

Aljona Savchenko et Bruno Massot, le couple allemand sur le papier

A l’épreuve de patinage en couple, on attendait les Chinois ou les Canadiens, peut-être les Américains. On attendait moins un couple allemand composé d’une quintuple championne du monde d’origine ukrainienne et d’un patineur de 29 ans né à Caen. Le chemin d’Aljona Savchenko et Bruno Massot, fait de longues tractations entre fédérations et de naturalisation express, les a menés vers le titre olympique.

Les skieurs alpins suisses

Comment mieux terminer des JO réussis que de marquer son nom en or sur la première page olympique d’une épreuve ? L’équipe suisse est devenue la première à gagner l’or dans l’épreuve par équipes de l’alpin, une médaille qui s’additionne aux six autres que les skieuses et skieurs helvétiques avaient rapportées, dont l’or de Michelle Gisin au combiné, et l’argent de Wendy Holdener au slalom, de Beat Feuz au super-G et de Ramon Zenhaeusern au slalom. Assez pour finir juste devant la France.

Les jeunes fondeurs russes

A part celles en or de la patineuse Alina Zagitova et de l’équipe masculine de hockey, le compteur à médailles russes est surtout composé de récompenses rapportées par le ski de fond. Huit médailles, trois en argent et trois en bronze, pour une délégation masculine qui avait été décimée par la non-sélection de plusieurs piliers convaincus de dopage avant les Jeux. Ce sont deux jeunes presque inconnus jusqu’ici, Denis Spitsov et Alexandre Bolchounov, qui ont surnagé. Assez pour que de légers doutent apparaissent. « Nous verrons dans quatre ans s’il y a des histoires », a dit, à propos de ces performances, le fondeur français Maurice Manificat.