Lassée des attaques, la militante féministe Caroline De Haas, déconnecte. Dans un texte intitulé « J’arrête », publié lundi 26 février, sur Mediapart, la militante annonce qu’elle quitte les réseaux sociaux.

« Je suis fatiguée de ces violences. Je suis fatiguée de savoir que mes ami.e.s, ma famille et mes collègues voient des messages haineux à mon encontre. Je suis fatiguée de ces espaces sur lesquels des agresseurs, par milliers, me harcèlement et m’insultent en toute impunité. J’arrête. Je quitte les réseaux sociaux pour un temps indéterminé. »

L’interview dans « L’Obs »

Elle revient sur la genèse de sa décision, situant le point de départ à un entretien accordé à L’Obs. « L’Obs publiait plusieurs interviews suite à la mobilisation #metoo sur les violences sexuelles », explique-t-elle. Publié le 14 février, et titré « Un homme sur deux ou trois est agresseur », le texte a été accueilli par « une vague de haine et de harcèlement sur les réseaux sociaux », relève Caroline De Haas, qui s’interroge sur l’intention du quotidien. « Pour faire le buzz. Sans se soucier qu’au passage, on casse, on brise. »

Comme elle l’avait fait le 15 février sur Facebook, la militante affirme avoir tenu des propos différents de ceux qui ont été publiés et retenus pour le titre : « Si une femme sur deux est victime, combien d’agresseurs nous entourent ? Est-ce un homme sur deux ? Un homme sur trois ? Je n’en sais rien. Je sais juste que c’est beaucoup. »

L’enquête de « Libération »

Elle se dit aussi victime collatérale de l’enquête de Libération relatant les abus sexuels contre des militantes syndicales de l’UNEF, l’Union nationale des étudiants de France entre 2007 et 2015, période pendant laquelle en était la secrétaire générale.

Après cet article, elle a été prise à partie sur Twitter par le chroniqueur Eric Naulleau, qui l’a accusée de complicité passive. « Parce qu’à l’époque je n’avais pas vu ces violences, c’est que j’étais complice. (…) Non, il a décidé de se payer une militante féministe », accuse-t-elle, renvoyant à l’enquête du Monde, en novembre 2017, dans laquelle elle donnait son point de vue. Elle poursuit : « J’étais une femme, une victime de violences, qui n’était pas formée pour détecter les violences dans mon entourage. En fait, j’étais comme l’immense majorité de la population. »

En guise d’au revoir, elle adresse un avertissement à ses détracteurs, qui sont loin d’être débarrassés d’elle : « On peut changer le monde sans être sur les réseaux sociaux. Je me dis même qu’on le change sans doute mieux sans eux. »