« Je vous demande solennellement (…) d’user de votre droit de grâce au bénéfice de M. Michel Cardon, détenu au centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) sous le numéro d’écrou 7147 depuis quarante ans, trois mois et quatorze jours. » C’est par ces mots que Maître Eric Morain a demandé la grâce de son client à Emmanuel Macron, dans un courrier daté du lundi 12 février et révélé par Le JDD, dimanche 25 février. Il a également déposé une demande de libération conditionnelle qui sera examinée, le 15 mars, par le tribunal d’application des peines d’Arras.

« On dirait qu’il a été “oublié” en détention »

Selon son avocat, Michel Cardon est l’un des plus anciens prisonniers de France et aurait pu réclamer depuis vingt ans le bénéfice d’une liberté conditionnelle, mais il a purgé sa peine, isolé, sans contact avec l’extérieur. Son premier parloir en trente-huit ans d’incarcération sera celui de son codétenu tout juste libéré à l’été 2016.

La commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Lille (CPMS) qui a examiné son cas en janvier a, elle-même, constaté « qu’aucun projet d’exécution de peine n’a été imaginé à son sujet » et de s’étonner : « On dirait qu’il a été oublié en détention. »

Coupable d’un meurtre lors d’un cambriolage

En 1977, Cardon et un comparse avaient été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d’un voisin qu’ils avaient cambriolé. La peine de mort avait été requise. Les deux hommes étaient repartis avec un butin de 200 francs et une charrette d’objets dérisoires.

Dans son courrier à Emmanuel Macron, Me Morain souligne l’absence de « dangerosité » de Cardon « éteint par cette trop longue détention ».

Pourquoi les prisons françaises sont-elles à ce point surpeuplées ?
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