6 302 Polynésiens ont gratté en  chœur leur ukulélé à Papeete, le 25 février 2018. | MIKE LEYRAL

Te ra mai te tiare, chantent en chœur 6 302 Polynésiens en grattant leur ukulélé. Depuis quatre heures, ils se préparent à reconquérir leur record du monde du nombre de musiciens jouant simultanément, établi en 2015 mais battu en 2017 par Hongkong. En vain.

En 2005, la ville californienne de San Diego signait un premier record avec un modeste rassemblement de 126 instrumentistes. Il fut battu par des Anglais, puis des Suédois, des Japonais et de nouveau des Anglais avec 2 370 individus en 2012. Trois ans plus tard, Papeete plaçait la barre haut avec 4 792 musiciens, en laissant plus de 2 000 personnes à la porte de la place To’ata, trop petite pour accueillir tant de monde. Hongkong l’a franchi avec 8 065 joueurs. Le président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a souligné que les cinq archipels n’étaient peuplés que de 270 000 habitants, et qu’il était donc difficile de rivaliser avec « plus de 6 millions d’habitants à Hongkong ».

Malgré la déception, les Polynésiens, habillés de vêtements colorés et couronnés de fleurs, sont presque tous prêts à recommencer. / MIKE LEYRAL

« C’est beau ce qu’on a fait aujourd’hui »

« Il faut le refaire parce qu’on peut gagner, c’est beau ce qu’on a fait aujourd’hui », se félicitait Gabilou, une star de la musique locale. Malgré la déception, les Polynésiens, habillés de vêtements colorés et couronnés de fleurs, sont presque tous prêts à recommencer. « On vient pour le record, mais d’abord pour le plaisir : Tahiti, c’est la couleur, la culture et les fleurs », s’enthousiasme Emereta Pang. A ses côtés, une autre quinquagénaire, Cathy Chansay, veut voir le record de ukulélé revenir à Tahiti : « C’est notre instrument, on l’apprend dès la maternelle. » « J’aime jouer du ukulélé, ça change de jouer à la tablette », indique Tunui Tinorua, un élève de CM1 venu avec son école.

Dans la foule bigarrée, les enfants se mêlent aux anciens, les cadres de Papeete aux agriculteurs du district, le sud rural de Tahiti. Il y a aussi des patients du centre de rééducation venus en fauteuil roulant, et même des détenus de la prison, entourés de leurs gardiens. Qui jouent aussi du ukulélé.