Unis, meurtris, mais bien décidés à ne pas se taire et à tenter de faire bouger les lignes sur un sujet ô combien sensible. Emma González, David Hogg, Cameron Kasky, Chris Grady, ces quatre jeunes américains, qui ont survécu à la tuerie dans le lycée Marjory Stoneman Douglas, à Parkland, en Floride, le 14 février, sont devenus, depuis quelques jours, les visages du combat contre les armes aux Etats-Unis.

A la tête du mouvement #NeverAgain (#Plusjamaisça), ils espèrent forcer un changement de loi sur la détention des armes. Ils sont déjà parvenus à maintenir la fusillade – au cours de laquelle quatorze lycéens et trois enseignants du lycée sont morts – à la « une » des médias plus longtemps que pour les autres récents massacres aux Etats-Unis.

  • Emma González

Cheveux rasés et émotivité communicative, Emma González a touché de nombreux Américains en scandant « Honte à vous » lors d’un rassemblement, samedi 17 février, contre les armes à feu en Floride. Elève de terminale, elle était cachée dans l’amphithéâtre quand Nikolas Cruz, 19 ans, a ouvert le feu dans les couloirs de l’établissement.

Emma Gonzalez, 18 ans, dont la famille est d’origine cubaine, a initié avec ses camarades le projet d’un grand rassemblement à Washington le 24 mars, intitulé « Marche pour nos vies ». / POOL / REUTERS

Elle a écrit son discours, dénonçant l’inaction de Donald Trump et d’autres responsables politiques et les liens entre responsables politiques et le puissant lobby des armes NRA :

« Si le président me dit en face que c’était une terrible tragédie (…) et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Rifle Association. Je le sais : 30 millions de dollars, a-t-elle lancé. C’est ce que valent ces gens pour vous, M. Trump ? ».

La jeune femme de 18 ans, dont la famille est d’origine cubaine, a mis sur pied, avec ses camarades, le projet d’un grand rassemblement à Washington le 24 mars, intitulé « Marche pour nos vies ».

Florida student to NRA and Trump: 'We call BS'
Durée : 11:41

« A ce stade, soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous », a-t-elle lancé, alors que la « Marche pour nos vies » a déjà reçu au moins 2 millions de dollars de dons, venant notamment de stars, comme les époux George et Amal Clooney, la présentatrice Oprah Winfrey ou encore le réalisateur Steven Spielberg et sa femme, Kate Capshaw.

  • Cameron Kasky

Cameron Kasky,  lycéen de 17 ans, a lancé le slogan #NeverAgain, deux jours après la tuerie du lycée Marjory Stoneman Douglas. / JOE SKIPPER / REUTERS

C’est ce lycéen de 17 ans, se décrivant lui-même comme « le pitre de la classe », qui a lancé le slogan #NeverAgain, deux jours après la tuerie du lycée Marjory Stoneman Douglas.

« Je suis en sécurité (…). Merci à tous les défenseurs du deuxième amendement de m’avoir protégé », avait-il écrit sur Facebook après avoir réchappé au massacre, dans une allusion ironique au droit constitutionnel à porter des armes aux Etats-Unis.

Il s’est notamment fait remarquer lors d’un débat mercredi 21 février, au cours duquel il a défié en direct sur la chaîne CNN l’ancien candidat à la primaire républicaine et sénateur de Floride, Marco Rubio.

« Pouvez-vous me dire tout de suite que vous n’accepterez pas un seul don de la NRA à l’avenir ? », a-t-il lancé à ce dernier, en référence au puissant lobby des armes, qui a versé des fonds à de très nombreux responsables politiques américains, dont M. Rubio.

De retour au lycée, lundi, Cameron Kasky a néanmoins tweeté une photo de personnes revenant sur le campus en commentant : « c’est BON D’ÊTRE DE RETOUR ».

  • David Hogg

David Hogg a rapidement fait l’objet de menaces en raison du métier de son père, agent retraité du FBI. / Rich Schultz / AP

Pendant l’attaque de Nikolas Cruz, David Hogg, 17 ans, s’est caché dans un placard avec d’autres étudiants. Là, muni de son smartphone, cet aspirant journaliste a défié sa peur pour recueillir des témoignages d’élèves. Sa vidéo a fait le tour d’Internet.

Cameron Kasky l’a sollicité pour mener le mouvement #NeverAgain, mais David Hogg a rapidement fait l’objet de menaces, notamment en raison du métier de son père, agent retraité du FBI. Des théories complotistes ont même fait de lui un « acteur de crise », qui aurait été payé pour diffuser des idées de gauche.

« Je ne suis pas un acteur de crise, je suis quelqu’un qui a dû assister à tout cela, et qui subit tout cela », a rétorqué le jeune homme.

De retour au lycée, lundi 26 février, il a déclaré à la chaîne ABC : « Imaginez avoir survécu à un accident d’avion et devoir reprendre l’avion tous les jours. »

  • Delaney Tarr

« Nous en avons assez des pensées et des prières », a déclaré Delaney Tarr (troisième en partant de la gauche) en référence aux habituelles condoléances adressées par les responsables politiques américains après les fusillades. / COLIN HACKLEY / REUTERS

A 17 ans, Delaney Tarr fait partie des centaines d’étudiants qui ont interpellé cette semaine les élus locaux de Floride pour demander une législation plus stricte sur les armes à feu. « Nous en avons assez des pensées et des prières », a-t-elle déclaré, en référence aux habituelles condoléances adressées par les responsables politiques américains après les fusillades. « Nous allons venir chercher chacun d’entre vous pour vous demander d’agir », a-t-elle poursuivi.

Pendant la fusillade, elle aussi avait trouvé refuge dans un placard avec d’autres élèves. De retour au lycée, lundi 26 février, elle a expliqué à la chaîne de télévision Fox News : « C’est inquiétant (…) et effrayant parce que je ne sais pas si je serai en sécurité, là-bas, mais je sais qu’il faut le faire ».

  • Chris Grady

Chris Grady, 19 ans, est l’un des animateurs du compte Twitter@NeverAgainMSD (pour les initiales de Marjory Stoneman Douglas). Comme les autres survivants, il a réussi à se cacher pendant l’attaque, et veut demander un contrôle accru sur les armes.

Comme les autres survivants, Chris Grady a réussi à se cacher pendant l’attaque, et veut demander un contrôle accru sur les armes. / Gerald Herbert / AP

Pour lui, les jeunes victimes de la tuerie de l’école primaire Sandy Hook de Newton, dans le Connecticut, en 2012 étaient « trop jeunes pour comprendre ce qui s’était passé ». Il ajoute : « Nous voulons être la voix de ces enfants et des milliers d’autres qui ont été affectés par des tragédies comme celle-ci. »