Le 12 octobre, à l’aube, huit activistes de Greenpeace avaient été interpellés pour avoir pénétré dans la centrale pour alerter sur la vulnérabilité des sites nucléaires. / PATRICK HERTZOG / AFP

Le procès de huit militants de Greenpeace, jugés au côté de deux responsables de la branche française de l’ONG pour s’être introduits dans la centrale nucléaire de Cattenom, dans la Moselle, en octobre, s’est ouvert mardi 27 février après-midi devant le tribunal correctionnel de Thionville.

Poursuivis pour « intrusion en réunion et avec dégradation dans l’enceinte d’une installation civile abritant des matières nucléaires », les militants encourent cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

« On assume cette action, on sait qu’elle était illégale (…), mais il y avait une raison très précise qui était de dénoncer les failles de sécurité », a déclaré avant l’audience le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, qui comparaît au côté des militants en tant que représentant de l’organisation non gouvernementale. « C’est EDF qui devrait être sur le banc des accusés. Finalement, on a fait un audit gratuit », a renchéri un responsable de la campagne antinucléaire de l’ONG, Yannick Rousselet, poursuivi pour complicité.

« On est des lanceurs d’alerte avant tout », a dit Maxime, un militant antinucléaire de 35 ans, parmi cent quarante militants de Greenpeace qui brandissaient des drapeaux de l’organisation écologiste aux abords de l’hôtel de ville de Thionville. « Ce qu’on a fait n’est pas si grave en comparaison avec les risques que prend l’exploitant en laissant les piscines non protégées des actes de malveillance », a-t-il soutenu.

Alerter sur la vulnérabilité des sites nucléaires

Le 12 octobre, à l’aube, huit activistes de Greenpeace avaient été interpellés pour avoir pénétré dans la centrale afin d’alerter sur la vulnérabilité des sites nucléaires. Ils avaient diffusé sur le compte Twitter de l’organisation écologiste la vidéo d’un feu d’artifice, qu’ils disent avoir tiré tout près du bâtiment abritant la piscine à combustible. La préfecture de la Moselle et EDF avaient déclaré que les militants n’avaient pas accédé à la zone nucléaire.

Des militants de Greenpeace tirent un feu d’artifice dans le site d’une centrale nucléaire
Durée : 00:34

Deux jours plus tôt, un rapport d’experts mandatés par Greenpeace établissait que les piscines de stockage de combustible usé étaient particulièrement vulnérables aux attaques extérieures.

Une nouvelle intrusion, sur le site nucléaire de Cruas-Meysse, en Ardèche, de vingt-deux activistes de Greenpeace, le 28 novembre, avait entraîné la création d’une commission d’enquête parlementaire sur « la sûreté et la sécurité des installations nucléaires » à l’initiative des députés LRM.

En 2014, cinquante-cinq militants de l’organisation écologiste furent condamnés à deux mois de prison avec sursis pour s’être introduits dans la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Neuf autres furent condamnés à des peines de six mois de prison avec sursis pour une action similaire en 2011 à Nogent-sur-Seine (Aube).