Les chefs des Églises grecque orthodoxe, arménienne et catholique, qui partagent la garde du site, ont fait fermer dimanche l’église construite sur les lieux présumés de la crucifixion et du tombeau du Christ. / THOMAS COEX / AFP

Le geste suffira-t-il à apaiser la situation ? Le gouvernement israélien a annoncé, mardi 27 février, la suspension des actions fiscales et législatives ayant conduit les Eglises à la décision exceptionnelle de fermer le Saint-Sépulcre, lieu le plus saint du christianisme à Jérusalem.

Malgré cette annonce, les portes du Saint-Sépulcre restaient closes en milieu d’après-midi, sans qu’on connaisse les intentions des Eglises après deux jours de bras de fer avec les autorités israéliennes.

Les chefs des Eglises grecque orthodoxe, arménienne et catholique, qui partagent la garde du site, ont fait fermer dimanche l’église construite sur les lieux présumés de la crucifixion et du tombeau du Christ. Depuis lors, des milliers de visiteurs du monde entier ont trouvé portes closes ce lieu spirituel et touristique majeur, improvisant des prières sur le parvis et exprimant leur dépit.

La mesure n’a que de rarissimes précédents au cours du quart de siècle écoulé et est à la mesure de la crispation qu’entendent exprimer les chefs des Eglises. Ces derniers dénoncent la décision récente de la municipalité israélienne de Jérusalem de leur faire payer des impôts sur une partie de leurs biens immobiliers. Les taxes ne porteraient pas sur les lieux de culte, comme le Saint-Sépulcre, mais sur les biens qui génèrent des revenus, des loyers par exemple, dit la municipalité.

Les arriérés sont chiffrés par la mairie à quelque 150 millions d’euros. Autant d’argent qui ne financerait plus leurs importantes œuvres sociales, disent les Eglises.

Suspension de la collecte des taxes

Elles s’insurgent aussi contre une proposition de loi qui permettrait à l’Etat israélien d’exproprier des terres vendues par l’Eglise orthodoxe à des investisseurs privés, un texte dans lequel les Eglises voient une atteinte à leurs droits de vente et donc de propriété.

Le gouvernement israélien a annoncé mardi dans un communiqué la suspension de la collecte des taxes ainsi que de l’examen de la proposition de loi. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et le maire de Jérusalem, Nir Barkat, se sont entendus sur la création d’un groupe de travail « qui négociera avec les Eglises une solution » à cette question d’impôt, ont dit les services du premier ministre.

A la demande des Eglises, M. Nétanyahou a aussi chargé un de ses ministres de se pencher sur la question des ventes de terrains. Pendant ce temps, « toute activité législative sur ce sujet est suspendue », ont annoncé les services.

La proposition de loi vise, selon ses promoteurs, à rassurer les habitants de Jérusalem qui craignent de voir les investisseurs auxquels l’Eglise aurait vendu des terres les expulser pour des programmes plus rentables.

Aucune réaction n’a été obtenue dans un premier temps de la part des Eglises. Au-delà des impôts et du texte parlementaire, les Eglises s’alarment d’agissements visant, selon elles, à amoindrir la présence chrétienne à Jérusalem.

Dans une ville comme Jérusalem, proclamée par les Israéliens leur capitale indivisible et revendiquée par les Palestiniens pour capitale de l’Etat auquel ils aspirent, le soupçon d’hégémonisme au détriment des minorités n’est jamais loin.

Les quelque 50 000 chrétiens de Cisjordanie et de Jérusalem partagent largement avec les Palestiniens musulmans une vision nationale de Jérusalem. Le Saint-Sépulcre se trouve dans la Vieille ville, dans Jérusalem-Est, annexée par Israël. L’annexion est considérée comme illégale par la communauté internationale.

Pourquoi le « tombeau du Christ » est actuellement fermé au public
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