Redoine Faïd représenté lors de son procès aux assises, le 2 mars 2016. / BENOIT PEYRUCQ / AFP

Un braquage avorté, une fuite sur l’autoroute et la mort de la policière municipale Aurélie Fouquet à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne) en mai 2010 : la cour d’assises de Paris rejuge à partir de mardi 27 février huit hommes, dont « le caïd médiatique » Redoine Faïd.

Le meurtre de cette fonctionnaire de 26 ans et l’extrême violence des malfaiteurs, qui ont aussi blessé par balle un autre policier et des automobilistes dans leur course folle, avaient eu un grand retentissement. Le président d’alors, Nicolas Sarkozy, avait assisté aux obsèques d’Aurélie Fouquet et plusieurs milliers de policiers municipaux avaient défilé pour exprimer leur malaise et réclamer des équipements.

En avril 2016, à l’issue d’un procès-fleuve, la cour d’assises avait condamné huit accusés à des peines allant de un à trente ans de prison dont dix-huit ans pour Redoine Faïd, considéré comme « l’organisateur » et « le recruteur » de cette « opération de guerre ». Ils risquaient la perpétuité. Un neuvième homme été acquitté, conformément aux réquisitions de l’avocate générale.

Mais les sept semaines du procès n’avaient pas permis de faire toute la lumière sur les faits, faute d’éléments matériels. La mère d’Aurélie Fouquet avait dénoncé à l’AFP « la chape de plomb » pesant sur des accusés qui, à deux exceptions près, ont nié toute participation.

Le ministère public, qui avait réclamé des peines allant jusqu’à trente ans de réclusion criminelle, avait fait appel, comme six des accusés.

Une vingtaine de tirs

Le projet d’attaque d’un fourgon blindé avait capoté le 20 mai au matin lorsque des policiers a voulu contrôler une camionnette portant deux impacts suspects. Pris en chasse, le véhicule fonce alors sur l’autoroute A4 et ses occupants ouvrent le feu sur les policiers lancés à leur poursuite et parviennent à les semer.

Arrivés à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), les malfaiteurs, cagoulés, gantés, vêtus de treillis sombres et équipés de gilets pare-balles, abandonnent leur véhicule qu’ils incendient et en volent un autre. Deux policiers municipaux arrivent alors sur place et essuient une vingtaine de tirs : Thierry Moreau est blessé au thorax, Aurélie Fouquet à la tête. Cette mère d’un tout jeune enfant succombera à ses blessures quelques heures plus tard. Les malfaiteurs braquent un troisième véhicule et s’enfuient.

En première instance, deux des accusés, Daouda Baba et Olivier Tracoulat, se sont vu infliger vingt et trente ans de prison pour le meurtre de la policière. Jugé en son absence, M. Tracoulat, qui pourrait avoir été mortellement blessé dans la fusillade, a été mis en cause par un des accusés, qui affirme qu’il lui aurait confié : « Ça a merdé (…) j’ai tiré sur les condés. »

Un troisième homme, identifié par un témoin mais qui avait pris la fuite après les faits en Algérie, a été définitivement condamné en juillet 2016 à vingt ans de prison par la justice algérienne pour le meurtre d’Aurélie Fouquet. Il s’agit d’un des frères de Redoine Faïd, Fisal.

Redoine Faïd affirme être innocent

Lors du procès, Redoine Faïd, multirécidiviste des braquages, a été présenté comme « le dénominateur commun » des accusés, un groupe d’hommes aux casiers souvent surchargés. Mais l’accusé, qui a affirmé s’être rangé dans une autobiographie médiatisée, s’est dit à l’audience innocent « de A à Z ».

Une caméra de surveillance l’a cependant filmé le 19 mai 2010 au volant d’un véhicule qui semblait circuler en convoi avec les deux camionnettes qui seront utilisées le lendemain dans le projet d’attaque de fourgon blindé.

Depuis le procès, M. Faïd, 45 ans, a été deux fois condamné aux assises en 2017 : à dix ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Séquedin en 2013, et à dix-huit ans de prison pour l’attaque d’un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. Il a fait appel des deux condamnations.

En janvier 2011, il était apparu dans un reportage choc sur le grand banditisme, où des « caïds de cités » se flattaient de dépasser les voyous « à l’ancienne ». En visionnant « les rushes », les policiers avaient reconnu deux des suspects du commando de l’A4. Redoine Faïd, lui, fanfaronnait face caméra : braquer un fourgon, « c’est le top du top ».

Le procès devrait durer jusqu’au 13 avril.