le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé lundi 26 février la fin du statut de cheminot pour les futures recrues de l’entreprise ferroviaire publique. / LUDOVIC MARIN / AFP

Présentant la future réforme de la SNCF que le gouvernement veut faire adopter « avant l’été », le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé lundi 26 février la fin du statut de cheminot pour les futures recrues de l’entreprise ferroviaire publique. Les cheminots actuels garderaient toutefois leur statut.

Dénonçant un « passage en force », les syndicats se sont dits prêts à la grève. La CGT-Cheminots, premier syndicat à la SNCF, envisage notamment « un mois de grève » pour « faire plier le gouvernement ».

Acquis historique pour les uns, privilège pour les autres, qu’est-ce que ce statut de cheminot ?

D’où vient ce statut ?

Le tout premier statut de cheminot date de 1920, mais il a été modifié à plusieurs reprises. C’est un ensemble de droits, ­garanties et avantages obtenus au fil des ans en contrepartie d’un travail ­pénible : faire rouler ou entretenir des infrastructures ferroviaires vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept.

Quels métiers sont concernés ?

Ce statut ne concerne pas seulement les conducteurs de train mais aussi les contrôleurs, les cadres, les agents de maîtrise, et les agents de bureau.

Quels sont les avantages de ce statut ? 

« Emploi à vie » :

Le statut de cheminot met les agents SNCF à l’abri d’un licenciement économique puisqu’il prévoit seulement trois cas de départ : démission, retraite ou radiation. Comme pour les fonctionnaires, on parle ainsi d’emploi à vie.

Congés payés :

Les agents de la SNCF ont vingt-huit jours de congés payés par an, soit un jour de plus que prévu par le code du travail.

Ils bénéficient également de jours de RTT (réduction du temps de travail) lorsqu’ils dépassent sept heures de travail par jour — soit trente-cinq heures par semaine, le temps de travail légal en France. « Les conducteurs et contrôleurs travaillent sept heures quarante-huit minutes par jour, donc ont vingt-deux RTT », cite la SNCF, à titre d’exemple.

Salaire :

Selon la SNCF, le salaire brut mensuel moyen (avant impôt) des cheminots est de 3 090 euros en 2014 pour un temps complet. C’est un peu plus que le salaire mensuel moyen en France : 2 912 euros brut en 2013.

Plus de six cheminots sur dix touchent moins de 3 000 euros brut par mois, précise cependant le groupe ferroviaire.

Retraite :

Les cheminots peuvent partir à la retraite plus tôt que la majorité des employés français. Jusqu’en 2016, les cheminots pouvaient partir à la retraite à partir de 55 ans pour les sédentaires (c’est-à-dire les employés qui ne voyagent pas, comme les agents de bureau) et 50 ans pour les conducteurs.

Mais plusieurs réformes ont repoussé l’âge des départs, et d’ici à 2024, celui-ci sera de 57 ans pour les sédentaires et de 52 ans pour les conducteurs. A titre de comparaison, l’âge légal de départ à la retraite des salariés du secteur privé est actuellement de 62 ans (pour les personnes nées après 1955).

La durée de cotisation pour toucher une retraite à taux plein ayant été progressivement relevée pour être alignée sur celle du régime général, de plus en plus de cheminots retardent leur départ ou subissent ce qu’on appelle une décote (une pension de retraite moins élevée).

Billets de train gratuits :

Tous les agents de la SNCF, statut de cheminot ou de contractuel, ainsi que les retraités, ont droit à des « facilités de circulation », c’est-à-dire des billets gratuits ou à prix très réduits. Leur famille est également concernée par ces avantages : leurs conjoint ou enfants peuvent circuler pour 10 % du prix du billet. Leurs parents et beaux-parents bénéficient de quatre billets gratuits par an.

Autre avantage : plusieurs dizaines de milliers de logements de la SNCF sont disponibles à la location pour les cheminots, dont une partie à loyer social.

Pour les syndicats, ces acquis sociaux historiques sont un moyen de compenser des conditions de travail particulières (horaires décalés, jours fériés et week-end travaillés).

Qui peut devenir cheminot ?

Pour être embauché au statut de cheminot et bénéficier de ces avantages, il faut cependant répondre à plusieurs critères :

  • il faut être français ou ressortissant européen ;
  • avoir moins de 30 ans ;
  • avoir un casier judiciaire vierge ;
  • réussir une longue période d’essai (jusqu’à deux ans et demi pour les cadres).

Passé 30 ans, la SNCF recrute en contrat de droit privé (CDI).

Selon un rapport rédigé à la mi-février par l’ancien haut fonctionnaire Jean-Cyril Spinetta, la SNCF compte près de 145 000 salariés en France, dont 130 000 ont le statut de cheminot (soit près de 90 % des effectifs du groupe public).

Parmi les nouveaux recrutés, 75 % le sont sous ce statut, et 25 % en CDI. L’objectif du gouvernement est qu’il n’y ait plus « à l’avenir » de recrutement au statut.

Edouard Philippe dévoile les grands axes de la réforme de la SNCF
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