Neymar blessé lors du match PSG-OM, au Parc des Princes le 25 février . / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Entre coups de bluff et volonté de jouer la montre, Unai Emery est en première ligne pour entretenir le feuilleton Neymar. Après la sortie sur civière de sa star brésilienne, victime d’une torsion de la cheville lors de la victoire (3-0) en Ligue 1 face à l’Olympique de Marseille, le 25 février, l’entraîneur du Paris-Saint-Germain s’était montré « optimiste » quant à sa participation au choc contre le Real Madrid, le 6 mars, au Parc des Princes, en huitièmes de finale retour de Ligue des champions. « Si je dois dire aujourd’hui soit oui, soit non, je dirais plutôt oui », s’était avancé le coach espagnol, battu (3-1) à l’aller par les doubles tenants du titre.

Depuis cette déclaration qui fleurait bon l’intox, les examens médicaux complémentaires ont révélé « une entorse antéro externe de la cheville droite mais également l’existence associée d’une fissure du cinquième métatarsien ». Plus sombre que prévu, le diagnostic a contraint Unai Emery à tempérer son discours. « Pour le Real, pour l’instant, c’est plus non que oui », a-t-il concédé dans sa langue maternelle. Le technicien a toutefois balayé les informations alarmistes du journal espagnol As et de la chaîne brésilienne Globoesporte, selon lesquelles Neymar devrait subir une opération et ainsi différer son retour à mai.

Le père et agent de Neymar a jeté un froid

« On va voir comment ça évolue dans les jours qui viennent », a confié l’entraîneur, qui espère par ailleurs récupérer, avant la venue du Real, son défenseur Marquinhos, victime d’une lésion musculaire. Or, dans une interview à la chaîne ESPN Brésil, le père et agent de Neymar a jeté un froid en annonçant que le PSG savait déjà qu’il ne pourrait « pas compter » sur lui « pour les prochains matchs, durant six à huit semaines. Qu’il y ait chirurgie ou non ». Le médecin de la Fédération brésilienne de football devait examiner le joueur, à Paris, mercredi 28 février.

L’entraineur parisien va devoir modeler sa phalange, dépendante des fulgurances de la star brésilienne

Au PSG, pas question pourtant d’officialiser, pour le moment, le forfait du prodige. Le joueur le plus cher de l’histoire du football, recruté 222 millions d’euros, ne devait pas figurer toutefois pas sur la feuille de match, mercredi 28 février, lors de la réception de l’OM, en quarts de finale de Coupe de France.

Sa blessure a plongé les dirigeants parisiens dans le désarroi. Vitrine commerciale et ambassadeur du club, Neymar n’est-il pas censé lui permettre de percer le plafond de verre qui circonscrit jusqu’à présent ses visées européennes et de renégocier à la hausse ses contrats avec ses sponsors (Nike, Fly Emirates) ?

Un contraste saisissant

Depuis son rachat, en 2011, par Qatar Sports Investments (QSI), la formation de la capitale n’a jamais dépassé le stade des quarts de finale du tournoi. Pis, elle a été humiliée en mondovision et éliminée en huitièmes, en mars 2017, lors de la « remontada » (« remontée ») du FC Barcelone, alors emmené par… Neymar. Et une nouvelle déconvenue face à un autre grand d’Espagne scellerait le sort d’Unai Emery, critiqué pour ses choix tactiques à Madrid et dont le contrat expire en juin.

Dans ce contexte anxiogène, l’entraîneur parisien va devoir remodeler sa phalange, largement dépendante des fulgurances de sa star brésilienne (19 buts et 13 passes décisives en Ligue 1, 6 buts en 7 matchs de Ligue des champions). S’il dispose d’une myriade de solutions (Angel Di Maria, Julian Draxler, Javier Pastore), le Basque aborde cette manche retour dans les pires conditions.

Le contraste est saisissant entre « l’équilibriste » Unai Emery et son homologue madrilène, Zinédine Zidane, dont l’infirmerie est en passe de se vider. Rasséréné par son succès au stade Santiago-Bernabeu, lors du match aller, pétri de certitudes, l’ex-numéro 10 des Bleus table d’ores et déjà sur le retour du Brésilien Marcelo et du Croate Luka Modric, touchés musculairement. L’entraîneur français a par ailleurs décidé de faire souffler, jusqu’au 6 mars, son buteur Cristiano Ronaldo, 33 ans, auteur d’un doublé à Madrid contre le PSG.

Répercussions économiques

Au-delà du feuilleton Neymar et des enjeux sportifs, le duel à venir aura des répercussions économiques pour l’équipe parisienne. Sous enquête des experts de l’Instance de contrôle financiers des clubs de l’Union des associations européennes de football, le PSG doit générer 75 millions d’euros au 30 juin, date de la clôture de ses comptes, pour être dans les clous du fair-play financier.

Si elle renversait le Real Madrid, l’équipe parisienne empocherait de juteux revenus supplémentaires (estimés à 13 millions d’euros) au titre des dotations de l’UEFA et à l’aune des retombées liées à la billetterie, aux droits télévisés et au marketing. En cas de qualification pour la finale de la Ligue des champions, le pactole s’élèverait à 100 millions d’euros. Le PSG en est encore loin.