« Maintenant c’est au tour des militants et de leurs soutiens d’agir. Les militants retranchés là-bas continuent à bombarder Damas, bloquant les livraisons d’aide et l’évacuation de ceux qui souhaitent partir », a déclaré Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe, le 28 février à Genève. / FABRICE COFFRINI / AFP

Moscou a demandé, mercredi 28 février, aux rebelles syriens et à leurs soutiens d’agir pour que la trêve en Syrie fonctionne. Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a lancé :

« Nous appelons les membres de la soi-disant coalition américaine à assurer le même accès humanitaire aux zones sous leur contrôle. Maintenant c’est au tour des militants et de leurs soutiens d’agir. Les militants retranchés là-bas continuent à bombarder Damas, bloquant les livraisons d’aide et l’évacuation de ceux qui souhaitent partir. »

Une trêve quotidienne de cinq heures – de 9 heures à 14 heures – pour permettre l’entrée de l’aide ou la sortie d’habitants ou de blessés de l’enclave a été décrétée lundi par la Russie, mais depuis, les différentes parties au conflit se sont accusées mutuellement de l’avoir violée.

Poursuite des combats

Des combats se poursuivaient, dans la matinée de mercredi, entre groupes rebelles et forces loyalistes en périphérie de la Ghouta orientale, région assiégée proche de Damas, en dépit de la deuxième journée de trêve humanitaire prévue en Syrie, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Depuis le 18 février, 590 civils ont été tués dont près du quart seraient des enfants, selon le dernier bilan de l’OSDH. / HAMZA AL-AJWEH / AFP

Les bombardements aériens du régime, qui avaient repris en matinée, se sont en revanche peu à peu estompés à partir de 9 heures (8 heures à Paris), horaire qui marque le début de la « pause » quotidienne décrétée par Moscou.

Contrairement aux raids aériens qui ont été progressivement interrompus, des affrontements au sol entre combattants de Jaych Al-Islam, une faction rebelle islamiste, et forces du régime de Bachar Al-Assad se poursuivent malgré le début de la trêve, ajoute l’OSDH. Certaines localités de la Ghouta éloignées de la ligne de front ont connu une nuit calme.

Depuis le 18 février, 590 civils ont été tués dont près du quart seraient des enfants, selon le dernier bilan de l’OSDH.

La Ghouta orientale, au cœur du conflit syrien

Ancien « poumon vert » de Damas, situé à l’est de la capitale de la Syrie, la Ghouta orientale est un fief rebelle qui fait, depuis 2013, l’objet de bombardements quasi quotidiens.

Cette année-là, le conflit prend un nouveau tournant dans la zone avec des attaques chimiques dans les alentours de Damas ; en mai, les journalistes du Monde sur place sont les premiers à être témoins d’attaques chimiques lancées à l’entrée de la capitale durant plusieurs jours. Mais c’est surtout lors d’un massacre durant la nuit du 21 août de la même année que ces armes sont utilisées massivement.

A partir de 2015, des dizaines de civils sont affectées par les pénuries de nourriture et de médicaments.

Depuis l’été 2017, la région est censée être une des « zones de désescalade » créées en vertu d’un accord entre la Russie, l’Iran — principaux soutiens du régime — et la Turquie, qui appuie l’opposition. Mais les bombardements n’ont jamais cessé. Le 5 février, le régime lance une offensive aérienne d’une intensité inédite.