Anaïs Romand, lors de la cérémonie des Césars en 2017. | BERTRAND GUAY/AFP

Bertrand Bonello, Olivier Assayas, Leos Carax… La costumière Anaïs Romand a habillé les films des réalisateurs les plus exigeants. Elle est nommée pour la quatrième fois consécutive aux Césars, qui se déroulent le 2 mars.

Femme de théâtre

Après des débuts dans la peinture décorative, Anaïs Romand fait la rencontre du couple de costumiers italiens de théâtre Ezio Frigerio et Franca Squarciapino, qui collaborent notamment avec les metteurs en scène Giorgio Strehler et Peter Brook. Ils lui apprennent le métier. Depuis 1999, elle travaille surtout pour le cinéma (Olivier Assayas, Bertrand Bonello, Benoît Jacquot, Leos Carax…). Elle est la costumière du très attendu Un peuple et son roi, de Pierre Schoeller, dont la sortie est prévue en septembre.

Tisseuse de liens

Elle garde un souvenir réjouissant du tournage des Gardiennes, de Xavier Beauvois, qui lui vaut une nomination aux Césars cette année. Notamment avec les figurants – des paysans qui ont trouvé « agréables » ces « costumes de travail ! » – et avec la jeune Iris Bry, révélation du film : « C’était merveilleux de lui faire découvrir mon travail, l’élaboration de costumes et de l’aider ainsi à entrer dans le personnage. » Elle ajoute : « Je ne suis pas une folle du vêtement : ce qui me passionne, c’est de rendre un univers vivant et crédible. »

LES GARDIENNES Bande Annonce (2017)
Durée : 02:01

Historienne

Anaïs Romand est réputée pour la rigueur et la créativité qu’elle déploie dans les films d’époque. « Pour une histoire qui se déroule au xvie siècle, on doit tout recréer puisqu’on ne trouve plus de tissus, d’accessoires, etc. Mais un film contemporain, c’est aussi du costume, de la dramaturgie, du mouvement. » Guillaume Nicloux (La Clef, La Religieuse, Valley of Love) est l’un des rares réalisateurs qui lui demande du contemporain. « Travailler avec lui est très ludique : il sait exprimer avec précision l’univers qu’il raconte. »

Césarisée

L’Apollonide (2012), Saint Laurent (2015) et La Danseuse (2017) lui ont déjà valu trois trophées. Pour le biopic de Bertrand Bonello, elle n’avait pas pu disposer des trésors conservés par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent. « J’ai collaboré avec le collectionneur Olivier Châtenet et j’ai eu accès à une documentation exceptionnelle. C’était difficile, mais j’ai finalement eu beaucoup plus de liberté que si on avait eu des pièces de musée, dans lesquelles les acteurs ne peuvent pas se mouvoir. »