Documentaire sur France 3 à 23 h 20

Image extraite de « Tarnac, quand tout déraille ». / FRANCE 3

Après avoir été reporté à deux reprises, le procès du groupe de Tarnac (Corrèze) s’ouvrira le 13 mars, à Paris. Huit prévenus comparaîtront, dont Julien Coupat. Il n’est plus question de juger « une entreprise terroriste », l’accusation ayant été abandonnée en 2015, mais une « association de malfaiteurs ». A cette occasion France 3 sort de ses tiroirs le documentaire d’Ivan Butel. Le documentariste, revenant avec minutie sur les faits d’une histoire ayant abouti à un fiasco politico-judiciaire, permet de mieux comprendre comment des responsables politiques ont pu, pour des raisons idéologiques, entraîner les services de renseignement sur de mauvaises pistes.

Sabotage

Récupération politique, dérives des agents de l’antiterrorisme, emballement médiatique puis enlisement, Tarnac provoque d’étranges réactions. Logique, car accuser des militants anticapitalistes de « terrorisme » n’est anodin ni sur le plan pénal ni en termes de symbole.

Rappel des faits : dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 à Dhuisy (Seine-et-Marne), un crochet métallique est suspendu aux caténaires de la ligne TGV. Sabotage. Le 11 novembre à l’aube, le petit village de Tarnac est envahi par 150 policiers cagoulés et armés. Les membres de l’antiterrorisme et de la direction centrale du renseignement intérieur perquisitionnent l’épicerie et la ferme du Goutailloux. Une dizaine d’activistes issus de la mouvance « anarcho-autonome » sont arrêtés. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, se félicite du succès de cette opération. Evoquant les militants arrêtés, Jean-Claude Marin, procureur de la République, décrit un « noyau dur dont l’objet est la lutte armée ».

Ces militants anticapitalistes, dont l’emblématique Julien Coupat, qui sera incarcéré durant six mois, sont en fait fichés et suivis depuis plus de dix ans. Le documentaire décortique les faits, s’attarde sur le rôle trouble joué par Mark Kennedy, policier anglais infiltré dans les milieux anarchistes et gauchistes européens depuis des années.

Au fil du temps, on s’aperçoit que les dossiers d’accusation ne tiennent pas la route. En août 2015, la nouvelle juge chargée de l’instruction demande l’abandon de la qualification « terrorisme ». Le parquet fait appel. Place désormais au procès.

Tarnac, quand tout déraille, d’Ivan Butel (Fr., 2015, 60 min).