A l’usine Renault de Maubeuge (Nord), en 2012. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les nuages qui s’accumulent sur l’usine Ford de Blanquefort (Gironde) et ses 900 salariés ne doivent pas cacher l’amélioration de la conjoncture dans l’Hexagone, y compris sur le front de l’emploi. C’est ce qui ressort de l’étude annuelle du cabinet d’analyses Trendeo, publiée vendredi 2 mars. En 2017, la France a totalisé 93 038 créations nettes d’emplois (c’est-à-dire minorées des suppressions de postes). Un record depuis que le cabinet a commencé à collecter ces données, en 2009. Il s’agit d’un quasi-doublement par rapport à l’année précédente.

Ces chiffres sont à manier avec précaution, car ils reposent sur de la veille d’information et ne recoupent pas exactement, de ce fait, les données de l’Insee. Il n’empêche, la tendance est nette. Selon Trendeo, les suppressions d’emplois ont diminué de 35 %, tandis que les créations de postes augmentaient de 8 %. « C’est le signe que la reprise devient vraiment solide, analyse David Cousquer, le fondateur de Trendeo. Depuis 2013, toute l’amélioration qu’on observait se faisait par la baisse des suppressions d’emplois, mais, cette fois, on voit aussi les créations repartir à la hausse. »

CICE, pacte de responsabilité, prime à l’embauche

A l’unisson, l’Insee indiquait, mi-février, que le taux de chômage était enfin passé, fin 2017, sous la barre des 9 %, à son niveau le plus bas depuis 2009. La croissance, qui s’est établie à 2 % l’an dernier, a été riche en emplois. Le marché du travail a profité de dispositifs tels que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), le pacte de responsabilité ou la prime à l’embauche pour les PME. Il peut désormais s’appuyer sur une réelle embellie conjoncturelle.

Il y a des signes qui ne trompent pas. « L’industrie recommence à créer des emplois de façon significative, le cas le plus emblématique étant toutes les réembauches qu’on observe sur les sites de constructeurs automobiles », souligne M. Cousquer. Ainsi de PSA qui a indiqué, en janvier, vouloir recruter 600 intérimaires, d’ici au mois de mai, pour son usine Sevelnord, à Hordain (Nord). Ou, plus récemment encore, l’usine Renault de Maubeuge (Nord), qui a annoncé, lundi 26 février, l’embauche de 127 collaborateurs en CDI en 2018.

Résultat, la production industrielle se place au deuxième rang des fonctions créatrices nettes d’emplois, juste après les services. « La reprise commence à bénéficier à des régions qui ont souffert, ces dernières années, de la crise de l’industrie, comme le Nord et l’Est », fait remarquer M. Cousquer. Ainsi, les Hauts-de-France se placent en tête des régions françaises en termes de créations nettes d’emplois.

Emplois détruits dans les services bancaires et financiers

Cette dynamique peut-être reliée à un phénomène nouveau et rassurant : après avoir détruit tant d’usines, la France en recrée enfin. En 2017, 125 ouvertures de sites industriels ont été recensées par Trendeo, pour 100 fermetures. Soit un solde positif de 25 usines.

Parmi les autres signaux positifs, le cabinet relève que les grandes entreprises se sont enfin jointes au mouvement de créations d’emplois. Jusqu’ici, le rôle moteur était largement dévolu aux entreprises de taille intermédiaire et aux PME. Enfin, Trendeo souligne la bonne tenue des start-up françaises, qui constituent « une source de créations d’emplois non négligeable » (11 149 emplois nets créés en 2017).

Preuve que les stigmates de la crise ne sont tout de même pas complètement effacés, les services bancaires et financiers ont été en tête des secteurs les plus destructeurs d’emplois en 2017. Quelque 32 000 postes ont été perdus depuis 2009, « pas loin du total des pertes du secteur automobile (50 000 emplois) », fait remarquer Trendeo.