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Jeux vidéo historiques : so cliché ? - History’s Creed x Nota Bene – ARTE
Durée : 06:57

A l’heure où des équipes de centaines de développeurs, maniant les outils les plus perfectionnés, sont capables de redonner vie à des cités, voire à des pays entiers, la question se pose : que raconte un jeu vidéo de l’Histoire ? Peut-il être totalement réaliste ? Ce faisant, quelles idées et quelles valeurs véhicule-t-il ? Le vidéaste Benjamin « Nota Bene » Brillaud, joueur et féru d’histoire, dont la chaîne YouTube est suivie par plus de 600 000 abonnés, a conçu une ambitieuse websérie de dix épisodes.

Des épisodes au cours desquels il est rapidement établi que le jeu vidéo, à l’image de la littérature ou du cinéma, n’a pas vocation à être une copie carbone de ­l’Histoire. Un développeur d’Assassin’s Creed le reconnaît, les ­contextes historiques sont davantage prétexte à des décors magnifiques qu’à des discours ronflants : entre le respect de la vérité historique et les contraintes techniques et ludiques, ce sont toujours ces dernières qui l’emportent. Mais, pour Laurent Turcot, historien et ­consultant sur Assassin’s Creed Unity, il faut s’en réjouir : c’est déjà une porte d’entrée formidable.

Une Bohême médiévale blanche

S’il est longuement question de la série d’Ubisoft, Kingdom Come : Deliverance, jeu tchèque qui fait de son réalisme historique son principal argument de vente, est aussi commenté. On s’étonnera que Benjamin Brillaud, qui a par ailleurs réalisé sur YouTube des vidéos sponsorisées par les équipes de Kingdom Come, n’aborde pas ici le choix polémique des développeurs de représenter une Bohême médiévale exclusivement blanche.

Même réduite au statut de simple décor, l’Histoire, dans un jeu vidéo, dit quelque chose de ses développeurs. Les jeux comme SimCity ne décrivent-ils pas un monde dans lequel les rapports de domination sont encouragés ? Les croisades dépeintes dans ­Assassin’s Creed n’en disent-elles pas long sur notre rapport au religieux ? Les jeux de guerre post-11-Septembre ne sont-ils pas un instrument de soft power ?

Un peu entendue quand elle s’efforce d’établir une légitimité artistique que plus grand monde ne conteste au jeu vidéo, la série de Benjamin Brillaud s’avère particulièrement stimulante lorsqu’elle aborde ces questions épineuses.

History’s Creed, de Benjamin Brillaud (Fr., 2017, 10 × 7 min)