Romain Bardet lors de l’édition 2017 de Paris-Nice. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

Les « Strade Bianche » de Toscane, célèbres pour leurs nuages de poussières, se sont transformées, samedi 3 mars, en chemins boueux, créant sur les visages des coureurs des masques de glaise. De la boue, Romain Bardet a émergé et surpris pour sa première participation à cette course d’un jour très prisée, terminant deuxième de l’édition la plus dantesque dans la jeune histoire des « Strade Bianche ». Intercalé entre deux Belges bien plus habitués aux sentes irrégulières, Tiesj Benoot (vainqueur de sa première grande course à 24 ans) et Wout Van Aert, l’épatant triple champion du monde de cyclo-cross.

En début de saison, le leader d’AG2R affirmait que ces 180 kilomètres dans la campagne italienne, avec une dizaine de secteurs non goudronnés qui rappellent le cyclisme d’antan, l’attiraient particulièrement. « C’est une course qui me fait rêver. L’équipe sait que je suis impatient de faire mes classiques, ils ont un peu lâché là-dessus en me permettant d’assouvir mon instinct primaire », disait-il au Monde.

Une préparation pour le Tour de France

Il était venu pour apprendre, pour se frotter à une course de mouvements en prévision du Tour de France, qui passera par les pavés de Paris-Roubaix lors de la neuvième étape. « Les Strade Bianche, ça se rapproche d’une course sur pavés, expliquait son entraîneur Jean-Baptiste Quiclet. On y voit des mouvements de peloton qu’on ne retrouve que là et à Paris-Roubaix. » Bardet a également pour projet de s’aligner sur « A travers les Flandres », course pavée belge qui aura lieu le 28 mars prochain.

Impressionnant de sérénité sur un profil de course dont il n’a pas l’habitude, Romain Bardet a failli transformer le coup d’essai en coup de maître.

Très rapidement, le peloton a explosé, semant des coureurs un peu partout sur les collines toscanes détrempées. A 48 kilomètres de l’arrivée, Bardet a d’abord fait l’effort seul pour rejoindre un groupe de tête composé en majorité de spécialistes des classiques, ces courses d’un jour si particulières. À peine revenu aux côtés des Kwiatkowski, Valverde et autres Sagan, il a immédiatement contre-attaqué, uniquement suivi par Wout Van Aert, qui découvrait lui aussi cette épreuve et, plus largement, les grandes courses sur route.

À 15 kilomètres de l’arrivée, Bardet et son acolyte Van Aert ont été rejoints par Tiesj Benoot, huitième de l’épreuve l’an passé. Dans l’ultime secteur non goudronné, le Belge a placé une attaque fatale, suffisante pour distancer le duo et remporter en solitaire cette 12è édition des Strade Bianche.

Trente-neuf secondes plus tard, Romain Bardet devenait le premier Français à monter sur le podium de cette course. Surtout, le grimpeur d’AG2R a montré une polyvalence qu’on ne lui connaissait pas forcément et confirmé sa forme étincelante pour ce début de saison 2018, une semaine après sa victoire dans la « Classic Drôme-Ardèche ».

Benoot devant Bardet - Cyclisme - Strade Bianche
Durée : 04:13

« Du pur cyclisme »

« C’était vraiment un truc de fou aujourd’hui, une vraie course comme je les aime avec beaucoup d’intensité », s’est réjoui un Romain Bardet lessivé. L’Auvergnat, qui aime pratiquer le cyclo-cross pour l’entraîner l’hiver, a mis l’accent sur le plaisir pris dans cette course très ouverte, qu’aucune équipe n’a pu cadenasser.

« Je voulais absolument courir des classiques, je m’éclate plus ici que sur des courses par étapes. C’était du pur cyclisme, une vraie journée de guerrier et j’adore ça. »

Après un court temps de récupération, la course par étapes Tirreno-Adriatico, la semaine prochaine, sera son prochain objectif et l’occasion de se mesurer à Chris Froome. En janvier, Romain Bardet avait été l’un des premiers coureurs à réclamer que le Britannique se mette en retrait de la compétition tant que son contrôle antidopage anormal ne serait pas tranché.

Chris Froome et l’équipe Sky ont décliné sa recommandation, et le quadruple vainqueur du Tour de France au taux de salbutamol trop élevé sera l’un des principaux rivaux de Bardet pour la victoire dans Tirreno-Adriatico.

« Je vais être motivé pour Tirreno, si je peux découvrir de la même façon ce sera bien », s’est amusé le troisième du dernier Tour de France.