LES CHOIX DE LA MATINALE

Une série documentaire sur l’école de demain, un portrait de Marianne Faithfull par Sandrine Bonnaire et une websérie sur ce que les jeux vidéo racontent de l’Histoire. Voici notre sélection hebdomadaire de replays.

Tour du monde des méthodes éducatives de demain

Nous demain - Bande-annonce
Durée : 00:43

Dans quel monde nos enfants vivront-ils ? C’est à cette question que tente de répondre la série documentaire de Planète+ « Nous demain ». Dans ce premier épisode, Juliette Brasseur et Marie-France Barrier imaginent l’école à l’horizon 2030.

De Paris à New York, en passant par le Danemark, les réalisatrices sont parties à la rencontre d’hommes et de femmes qui révolutionnent la manière d’enseigner, grâce aux nouvelles technologies, aux neurosciences ou encore aux jeux vidéo. Elles présentent différentes initiatives pilotes qui pourraient, à terme, constituer l’école du futur. Jusqu’au cas extrême, que l’on trouve aux Etats-Unis, d’une école virtuelle.

Selon les intervenants, ces méthodes alternatives permettent de favoriser l’esprit d’équipe des élèves, de les rendre plus attentifs et autonomes, en leur redonnant le goût d’apprendre, notamment par le jeu. Si certaines expériences semblent prometteuses, d’autres appellent à une certaine méfiance et laissent dubitatif. Enthousiaste et optimiste, le documentaire ne remet jamais en question ces nouvelles techniques pédagogiques, manquant ainsi de nuance et de distance. Dommage. Les prochains épisodes seront consacrés à la mobilité, au travail et à la santé de demain. Camille Langlade

« Demain, nos enfants iront-ils encore à l’école ? », de Juliette Brasseur et Marie-France Barrier (Fr. 2018, 52 min). Sur myCanal.

Marianne Faithfull par Sandrine Bonnaire

Marianne Faithfull - As Tears Go By (1987)
Durée : 03:57

Plus qu’une poupée de cire ou de son, Marianne Faithfull avait l’air, en sa jeunesse et à ses débuts de chanteuse dans les années 1960, d’une poupée de porcelaine au teint pâle et aux yeux ronds. Et comme beaucoup d’égéries de cette époque, elle chantait passablement faux. D’ailleurs, quand la jeune Britannique, qui n’avait pas encore 18 ans, fut découverte par Andrew Loog Oldham, le manageur des Rolling Stones, c’est avant tout parce qu’elle avait ce physique intéressant et particulier.

La voix, alors claire et haute, a changé de tessiture au fil des ans, tirée vers les graves et les brumes en raison d’un goût immodéré pour la cigarette – pour ne citer qu’une des addictions de Faithfull. Elle fume toujours, d’ail­leurs, en répondant à Sandrine Bonnaire, qui signe cet attachant portrait, ou même alors qu’elle répète avec ses musiciens.

La comédienne insiste beaucoup pour que Marianne Faithfull aille plus loin dans la zone sombre de ses souvenirs. Ce à quoi elle oppose une résistance polie, mais ferme. Depuis qu’elle a « choisi de vivre plutôt que de continuer la drogue, donc de ­mourir », la chanteuse, qui ne ­renie pourtant rien, préfère passer à autre chose.

Les entretiens sont entrecoupés d’images d’archives de la télévision britannique, d’extraits de ses films et d’une captation de concert récente, où Marianne Faithfull, qui s’aide d’une canne et chante avec cette raucité particulière, garde cette extraordinaire incandescence qui fit et fait sa réputation. Renaud Machart

« Marianne Faithfull, fleur d’âme », de Sandrine Bonnaire (France, 2016, 62 min).

Quelle Histoire racontent les jeux vidéo ?

A l’heure où des équipes de centaines de développeurs, maniant les outils les plus perfectionnés, sont capables de redonner vie à des cités, voire à des pays entiers, la question se pose : que raconte un jeu vidéo de l’Histoire ? Peut-il être totalement réaliste ? Ce faisant, quelles idées et quelles valeurs véhicule-t-il ? Le vidéaste Benjamin Brillaud, joueur et féru d’histoire, a conçu une ambitieuse websérie de dix épisodes.

Des épisodes au cours desquels il est rapidement établi que le jeu vidéo, à l’image de la littérature ou du cinéma, n’a pas vocation à être une copie carbone de ­l’Histoire. Un développeur d’Assassin’s Creed le reconnaît, les ­contextes historiques sont davantage prétexte à des décors magnifiques qu’à des discours ronflants : entre le respect de la vérité historique et les contraintes techniques et ludiques, ce sont toujours ces dernières qui l’emportent. Mais, pour Laurent Turcot, historien et ­consultant sur Assassin’s Creed Unity, il faut s’en réjouir : c’est déjà une porte d’entrée formidable.

Même réduite au statut de simple décor, l’Histoire, dans un jeu vidéo, dit quelque chose de ses développeurs. Les jeux comme SimCity ne décrivent-ils pas un monde dans lequel les rapports de domination sont encouragés ? Les croisades dépeintes dans ­Assassin’s Creed n’en disent-elles pas long sur notre rapport au religieux ? Les jeux de guerre post-11-Septembre ne sont-ils pas un instrument de « soft power » ?

Un peu entendue quand elle s’efforce d’établir une légitimité artistique que plus grand monde ne conteste au jeu vidéo, la série de Benjamin Brillaud s’avère particulièrement stimulante lorsqu’elle aborde ces questions épineuses. Corentin Lamy

« History’s Creed », de Benjamin Brillaud (Fr., 2017, 10 × 7 min). Sur Arte.tv