Aucun pays dans le monde ne devrait être exempté des futures taxes douanières prévues par l’administration américaine sur les importations d’acier et d’aluminium, ont affirmé dimanche 4 mars deux responsables américains.

Ceci alors que cette hausse des tarifs douaniers annoncée récemment par Donald Trump fait poindre le risque d’une nouvelle guerre commerciale, et continue de provoquer des réactions indignées de nombreux partenaires commerciaux des Etats-Unis, de l’Union européenne au Canada, en passant par la Chine. Dimanche, Theresa May, la première ministre britannique, en a parlé directement à Donald Trump par téléphone, afin de lui faire part de sa « profonde préoccupation à l’annonce imminente du président américain ».

« Pas d’exemption par pays »

Un responsable américain avait déjà indiqué vendredi, sous couvert d’anonymat, que le souhait de Donald Trump d’annoncer dans les jours à venir des taxes de 25 % sur les importations d’acier aux Etats-Unis et de 10 % sur celles d’aluminium est « une décision générale qui ne souffrira pas d’exemption ».

A ce sujet, le secrétaire américain au commerce, Wilbur Ross, a ajouté dimanche sur la chaîne américaine ABC : « Je ne l’ai pas encore entendu décrire des exemptions particulières », a-t-il dit, en parlant de Donald Trump.

Sur CNN, Peter Navarro, conseiller du président pour le commerce, a de son côté détaillé : « Il y aura une procédure d’exemption pour des cas particuliers où nous avons besoin d’exemptions pour que le commerce puisse aller de l’avant, mais pour l’instant, pas d’exemption de pays. » Donald Trump « a entendu toutes les parties et a pris sa décision. Une décision forte, courageuse et je pense que c’est la bonne décision », a aussi estimé Peter Navarro.

Interrogé sur la question du Canada, premier fournisseur d’acier aux Etats-Unis, Peter Navarro n’en a pas démordu : « Si vous exemptez le Canada, alors vous devez imposer de gros, gros tarifs sur tous les autres » pays. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, avait dénoncé plus tôt une mesure « inacceptable » qui aurait des ramifications économiques « importantes et graves » aux Etats-Unis et au Canada.

« Pas d’effets en aval » aux Etats-Unis

Sur CNN, le conseiller Peter Navarro a également rejeté l’idée que ces taxes douanières pourraient affecter l’économie américaine en général : « Il n’y a pas d’effets en aval ici », a-t-il répondu, interrogé sur les risques que cette décision pourrait avoir sur des millions d’emplois.

Même son de cloche du côté du secrétaire américain au commerce, Wilbur Ross, pour qui « le montant total des tarifs que nous allons imposer est d’environ 9 milliards par an, c’est une fraction de 1 de l’économie. Donc l’idée que ça détruirait beaucoup d’emplois, augmenterait les prix, bousculerait les choses, est fausse ».

Une forme de réponse aux voix qui s’élèvent pour expliquer que ces décisions pouvaient être une « mauvaise nouvelle pour l’emploi américain », à l’instar de celle de l’économiste Emmanuel Combe dans une tribune au Monde, ou de celle de Paul Krugmann dans le New York Times.