Le rejet de l’initiative est « un signe fort pour le service public et les radios et télévisions régionales privées », a déclaré le directeur de la SSR, Gilles Marchand, après la publication des résultats définitifs, le 4 mars 2018. / Peter Schneider / AP

L’audiovisuel public suisse peut être soulagé. Les Suisses ont majoritairement voté « non », dimanche 4 mars, à la suppression de la redevance audiovisuelle. L’ensemble des 26 cantons et demi-cantons suisses ont balayé cette initiative populaire, un droit donné aux citoyens de faire une proposition de modification de loi.

Les Suisses ont voté « non » à 71,6 % à la suppression de la redevance, selon les résultats définitifs, publiés par l’agence de presse suisse ATS. « Le rejet le plus important de ce texte revient à Neuchâtel avec 78,25 % devant le Jura 78,09 % », peut-on lire sur le site de la Radio Télévision Suisse.

« Côté romand, Fribourg dit non à 77,62 %, Vaud à 76,47 %, Berne à 75,10 %, Genève à 74,80 % et le Valais à 71,16 % ».

Après une campagne longue et intense sur le devenir de la redevance, la participation s’est élevée à plus de 54 %, un taux nettement supérieur à la participation moyenne de ces dernières années (environ 45 %). Ce référendum était organisé à la demande du mouvement de jeunesse du parti Libéral radical. Si le « oui » au « No-Billag » avait gagné, la SSR -l’audiovisuel public en Suisse- se serait retrouvée en danger de mort, par manque de financement.

Au bord des larmes sur le plateau de la RTS, le journaliste Alain Rebetez s’est dit « ému » par le résultat annoncé dimanche.

« C’est un soulagement, vous l’entendez à ma voix. Je crois que c’est surtout une véritable émotion. Après des mois de débat, le travail des employés de la SSR est reconnu, il est salué. (…) On a le cœur serré et on verse une petite larme de reconnaissance au peuple suisse. »

Les inquiétudes au sein de l’audiovisuel public suisse pourraient vite refaire surface

Le rejet de l’initiative est « un signe fort pour le service public et les radios et télévisions régionales privées », a également déclaré le directeur de la SSR, Gilles Marchand, après la publication des résultats définitifs. Il indique par ailleurs avoir pris note des critiques émises pendant la campagne et a annoncé un plan « d’efficience et de réinvestissement » de 100 millions de francs qui sera mis en œuvre dès 2019 et sur cinq ans. Il est constitué d’économies nettes pour 80 millions environ et de réinvestissements pour 20 millions, détaille la SSR.

Mais les inquiétudes au sein de l’audiovisuel public suisse pourraient vite refaire surface. Le gouvernent suisse a présenté un nouveau projet de redevance qui inclut une forte réduction de son montant et une refonte de son assiette. Actuellement de 451 francs suisses par an (390 euros), elle passerait à 365 francs (316 euros) en 2019.

La plus grande partie du produit de la redevance est reversée à la seule radio-TV nationale, la SSR, qui diffuse dans les quatre langues officielles (allemand, français, italien et romanche). Vingt-et-une radios et 13 télévisions régionales, remplissant un mandat de service public, en bénéficient aussi.

La SSR, qui emploie environ 6 000 personnes et est financée à 75 % par la redevance, craignait de devoir « rapidement cesser son activité » en cas de suppression de la redevance. Au total, 13 500 emplois directs et indirects étaient menacés en cas de « oui » à la suppression de la redevance, avaient indiqué les autorités fédérales.