Une campagne d’information et un numéro d’alerte unique (le 31 17) pour tous les transports en commun d’Ile-de-France ont été lancés lundi 5 mars à Paris. Le but annoncé est de « libérer la parole des femmes » confrontées au harcèlement sexuel, de sensibiliser les témoins généralement passifs et de punir les « prédateurs ».

Si la prise de conscience du harcèlement dans les transports a été saluée, le choix des affiches présentées fait débat. La campagne, qui proclame « Ne minimisons jamais le harcèlement sexuel. Victimes ou témoins, donnez l’alerte ! », met en scène plusieurs femmes seules qui tiennent une barre de métro, menacées par un requin, un loup ou un ours.

Cette représentation a déclenché la colère et le ras-le-bol d’internautes qui considèrent que ce choix ne montre pas le caractère « banal » d’un harceleur. « Pour sensibiliser et éduquer il faut montrer (ou suggérer) la réalité. Le harcèlement est le fait de Monsieur tout le monde ! », note ainsi une internaute.

« Si un agresseur = un loup hurlant ou un ours, cela ne va pas pousser beaucoup d’hommes à se remettre en cause », ajoute un autre.

La blogueuse féministe Crêpe Georgette a elle aussi dénoncé ce choix et plus généralement une campagne tournée vers les victimes plutôt que vers les autres acteurs qui interviennent après une agression.

« Ce ne sont pas les hommes qu’on stigmatise, ce sont les prédateurs »

Le choix de la représentation des harceleurs par des animaux a été justifié par Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France et d’IDF Mobilités, lors du lancement officiel de la campagne.

« L’objectif est de libérer la parole, inciter à témoigner et sanctionner les prédateurs », a-t-elle dit, « sur le harcèlement, c’est vraiment l’omerta, les femmes le subissent mais c’est compliqué d’aller le dénoncer. C’est là-dessus que comptent les prédateurs », a insisté l’élue francilienne avant d’ajouter « ce ne sont pas les hommes qu’on stigmatise, ce sont les prédateurs ».

Selon diverses enquêtes (Virage 2015, Fnaut 2016, IAU 2016), 43 % des faits de violences graves contre les femmes ont lieu dans les transports en Ile-de-France, 87 % des usagères en France déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel et six femmes sur dix craignent une agression ou un vol, contre trois hommes sur dix.