Rougier, négociant en bois tropicaux établi à Niort (Deux-Sèvres), mais qui emploie la quasi-totalité de ses salariés en Afrique, a déposé son bilan vendredi 2 mars.

Le groupe, fondé en 1923, s’occupait principalement de planter de manière industrielle des forêts, d’exploiter de forêts naturelles et de commercialiser du bois dans une cinquantaine de pays, dont la France (25 % de son chiffre d’affaires).

L’annonce de son dépôt de bilan par le tribunal de commerce de Poitiers n’a cependant ni été confirmée ni démentie par le groupe pour l’heure, qui doit communiquer plus précisément sur sa situation dans les jours à venir.

Suite logique de ce dépôt de bilan, le dossier de Rougier sera examiné vendredi 9 mars par le tribunal de commerce. Ce dernier devrait décider le 13 mars de la suite à donner : liquidation ou mise en redressement judiciaire, a-t-on appris de cette instance.

Des problèmes de logistique et de liquidités

Interrogé par l’AFP, Rougier a toutefois à nouveau évoqué une « situation difficile » due aux problèmes logistiques rencontrés à Douala, le grand port et capitale économique du Cameroun, et aux « crédits de TVA des Etats africains en attente de remboursement ».

A la fin de 2016, le groupe supportait en effet une créance de 8 millions d’euros de TVA non remboursée par le seul Cameroun, et de 15,6 millions d’euros en incluant les créances du Congo et du Gabon.

La direction de Rougier évoquait toujours, mardi 6 mars, des stocks « significativement grossis du fait de la non-évacuation des expéditions d’un port complètement saturé qui ne fait l’objet d’aucun investissement et qui par ailleurs est considérablement ensablé, ce qui gêne les bateaux pour aller jusqu’aux quais prendre les colis à expédier ».

« Avec l’absence d’implication de l’Etat camerounais pour améliorer cette situation, le groupe n’a pas eu d’autre choix que de mettre au chômage technique l’ensemble de ses effectifs au Cameroun quelque sept cents personnes et donc d’arrêter temporairement ses activités au Cameroun », a expliqué la direction.

La cotation du groupe suspendue jusqu’à nouvel ordre

La société, « en péril, avec une baisse de rentabilité, des tensions de trésorerie », a opéré, sous la houlette de Francis Rougier, 70 ans, petit-fils du fondateur, appelé à la rescousse il y a trois semaines, « un recentrage stratégique » pour tenter de redresser la barre.

Un recentrage qui n’a pas porté ses fruits assez rapidement : le 27 février, la cotation des titres du groupe, qui avait accusé en 2016 (dernier chiffre connu) une perte nette de 6,3 millions d’euros, a été suspendue à sa demande, « jusqu’à nouvel avis », selon Euronext à Paris.