Toni Yoka, le 21 août 2016. / YURI CORTEZ / AFP

C’est le premier accroc dans la courte carrière professionnelle de Tony Yoka : le champion olympique de boxe des super-lourds, en 2016 à Rio, est visé par une procédure pour une infraction à la réglementation antidopage.

Yoka, 25 ans, est coupable de trois « no show » (absence à un contrôle antidopage inopiné ou non-respect de l’obligation de localisation) en moins d’un an, a fait savoir, mardi 6 mars, son avocat, Arnaud Péricard, confirmant une information de L’Equipe.

« Le dernier date de juillet 2017. Il a péché par manque de rigueur après les Jeux olympiques et n’a pas été rigoureux dans ses obligations de localisation », rapporte l’avocat du champion olympique. La commission antidopage de la Fédération française de boxe, réunie le 12 décembre 2017, quatre jours avant le troisième combat professionnel de Yoka, l’a suspendu un an avec sursis.

Tony Yoka n’a pas fait appel, mais l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) ne devrait pas laisser passer cette décision indulgente de la Fédération française de boxe. Le jugement passera mécaniquement devant le collège de l’AFLD.

« S’agissant d’un dossier en cours, je ne peux ni infirmer ni confirmer, dit le secrétaire général de l’AFLD, Mathieu Téoran. Mais il n’y a pas de sursis pour une sanction antidopage sauf dans le cas d’une aide substantielle. »

Tony Yoka n’est pas dans cette situation. « L’aide substantielle » réclame qu’un sportif contrôlé positif fournisse aux autorités de lutte contre le dopage des informations précieuses, permettant d’engager des poursuites à l’encontre d’une personne ayant facilité son dopage.

« On pourrait considérer que la Fédération a mal appliqué la loi »

« Dans l’hypothèse où nous recevrions un dossier dans lequel une peine avec sursis a été imposée par une fédération sans qu’il y ait d’aide substantielle, on pourrait considérer qu’elle a mal appliqué la loi », poursuit Mathieu Théoran. Laissant ainsi présager d’un alourdissement de la peine une fois le dossier Yoka passé devant le collège de l’AFLD.

Pour cette infraction, la sanction prévue par le code du sport est comprise entre un et deux ans de suspension. Le règlement concernant les défauts de localisation ou les « no show » a été assoupli en 2015. Jusqu’alors, trois infractions en l’espace de dix-huit mois suffisaient à déclencher une sanction.

« Ils [l’AFLD] ont insisté auprès de nous, parce que Tony Yoka, à chaque fois qu’il était convoqué [par les contrôleurs antidopage], il ne venait jamais », s’étonne le président de la Fédération française de boxe, André Martin, dans L’Equipe.

Après trois victoires, dont deux avant la limite contre des adversaires de faible envergure, Tony Yoka doit disputer le 7 avril son quatrième combat contre son compatriote Cyril Léonet. Pour que ce combat ait lieu, il faudrait que son dossier ne passe pas devant le collège de l’AFLD d’ici à un mois, ou que l’AFLD ne prononce pas de suspension.

Ces trois défauts de localisation, s’il s’agit bien « d’une négligence » comme on le dit à la fédération française de boxe, ne manquent pas de surprendre s’agissant d’un boxeur très entouré.

« Pendant sa carrière, il n’a eu qu’un ou deux manquements, nous étions très attentifs, dit-on à la Fédération française de boxe. Depuis qu’il est pro, c’est à lui de le gérer seul. Et son équipe doit sans doute davantage gérer le marketing et la préparation que cet aspect-là. »

Depuis novembre 2017, le boxeur n’est plus dans la liste des sportifs soumis à des obligations de localisation, précise son avocat.