Dans le jeu « Chuchel », il y a aussi un travail formidable sur le son. / Amanita Design

Ce n’est pas une histoire très compliquée. Mais après tout, celle de l’Odyssée ne l’était pas tant que ça non plus. Imaginez juste qu’à la place du valeureux Ulysse, le héros soit ici une petite boule de poils. Et plutôt que les rives de son Ithaque natale, c’est une cerise qu’il tente de retrouver, une belle, une appétissante cerise, enlevée par ce qui ressemble, dirons-nous pudiquement, à une sorte de hérisson déplumé.

Ce scénario assez peu ambitieux, c’est celui de Chuchel, le nouveau titre d’Amanita Design qui sort mercredi 7 mars sur PC et Mac. Il devrait être disponible sur iOS et Android dans le courant de l’année.

Jusqu’ici, ce minuscule studio tchèque nous avait permis de suivre les péripéties d’un petit extraterrestre (la trilogie Samorost), d’un robot cabossé (Machinarium) et d’une bande de graines (Botanicula) : autant d’adorables expériences qui nous confrontaient à des séries d’énigmes parfois bien retorses.

CHUCHEL Official Trailer
Durée : 01:43

Rien de tout ça ici : Chuchel est constitué d’une série de trente tableaux, trente sketchs en quelque sorte, qui jamais ne cherchent à bloquer le joueur.

Pour les compliqués, il faut parfois cliquer sur quelques objets, dans le bon ordre, comme cette fois où l’on tente d’atteindre la cerise dans un gobelet à brosse à dents en fabriquant une liane en savon.

Parfois, il faut juste épuiser toutes les options, qui sont comme autant de blagues, comme quand notre boule de poils se fait confisquer la cerise par un extraterrestre imperturbable. A d’autres moments, il y a presque des phases d’action, plus pratiques à jouer au clavier qu’à la souris.

L’une des trois ou quatre énigmes, au sens traditionnel, que réserve « Chuchel ». / Amanita Design

Et puis, régulièrement, il y a juste à regarder. Ce sont presque les meilleures séquences : le studio Amanita Design est devenu en quinze ans maître de son art, c’est-à-dire celui des univers microscopiques, de l’animation rigolote, du décalage mignon et de la poésie absurde. Il y a une telle inventivité dans Chuchel, un tel art du contre-pied, qu’il n’y a parfois même plus besoin de s’encombrer de jeu. Quelques clics, parfois un seul, suffisent alors à déclencher un gag visuellement délicieux et toujours inattendu.

Les énigmes à l’ancienne, façon Monkey Island ou Chevaliers de Baphomet ? A quoi bon ! Chuchel lui, n’a que faire de la tradition : il gonfle, s’élève, s’envole et dérive, un peu crétinement, vers un futur qui brouille les pistes entre le court-métrage d’animation et le jeu vidéo. Vers une espèce de surréalisme hystérique, débarrassé de tout enjeu, pour mieux surprendre le spectateur. Et il s’envole, surtout, notre Chuchel, vers cette satanée cerise qui ne finit pas de lui échapper.

« Chuchel » avant la cerise, avant l’incident, avant que ne débute sa quête effrénée. / Amanita Design

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • L’animation, comme toujours délicieuse chez Amanita Design
  • Les gags qui prennent toujours par surprise
  • Vraiment pas bien dur, et des petits coups de pouce quand on bloque

On n’a pas aimé :

  • On a quand même bloqué une fois pendant un quart d’heure, mais promis c’est parce qu’on était vraiment fatigué
  • Bouclé en deux heures : certains auraient pu en vouloir davantage

C’est pour vous si :

  • Vous aimez les blagues
  • Vous aimez les jeux courts
  • Vous trouvez que les blagues les plus courtes sont les meilleures

Ce n’est pas pour vous si :

  • Vous aimez le texte (il n’y en a pas)
  • Vous aimez les énigmes tordues (il y en a peu)
  • Vous n’aimez pas les cerises

La note de Pixels

71 cerises/85