Lors du salon Livre Paris 2017. / LIONEL BONAVENTURE/AFP

« C’est tout de même une aberration que le salon dispose d’un budget plantes vertes plutôt qu’un budget pour les auteurs » déplorait, mordante, dans le site spécialisé ActuaLitté du mardi 6 mars, une éditrice jeunesse. A quelques jours de l’ouverture du 28e salon Livre Paris, du 16 au 19 mars porte de Versailles, qui attend quelque 3 000 écrivains, la révolte des auteurs grondait. Ils ont obtenu gain de cause mercredi en fin de matinée.

Les co-organisateurs de Livre Paris, le Syndicat national de l’édition (SNE) et Reed Expositions France ont finalement promis de rémunérer tous les auteurs qui interviendraient au salon, sauf pour les séances de dédicaces qui ne sont jamais payées.

Dans un premier temps, Pierre Dutilleul, directeur général du SNE comptait « rémunérer toutes les interventions, toutes les tables rondes, ateliers, rencontres qui font l’objet d’un travail, comme cela se fait habituellement et au tarif en vigueur conseillé par la charte des auteurs ». Seules étaient exclues les interventions « de promotion », comme les entretiens au cours desquels les auteurs sont invités à parler de leurs livres.

Or, c’est bien cette notion de « promotion » qui divisait les protagonistes. Tous les salons qui perçoivent une subvention du Centre national du livre (CNL) sont tenus de payer chaque auteur 150 euros pour un plateau mettant en scène plus de trois personnes. Livre Paris ne recevant aucune subvention du CNL, ses organisateurs considéraient que cette logique ne pouvait s’appliquer. Les auteurs ont eu beau jeu de rappeler que l’entrée du salon Livre Paris est payante, à raison de 8 euros par visiteur, et que ce sont eux qui font venir le public.

Soutien de Françoise Nyssen

Interpellée mercredi 7 mars sur France Inter, la ministre de la culture, Françoise Nyssen – qui a mis en sommeil ses activités chez Actes Sud pendant qu’elle est au gouvernement – a pris la défense des écrivains. « Quand on leur demande de faire des prestations, il me paraît légitime qu’ils soient rémunérés », a-t-elle déclaré. Ce qui semble avoir pesé dans la balance.

Marie Sellier, présidente de la Société des gens de lettres (SGDL) déclare : « Je ne veux plus entendre parler de promotion. C’est une hypocrisie incroyable. Le livre profite à tout le monde – aux éditeurs, aux libraires, aux distributeurs – sauf aux auteurs, dont le temps est considéré comme quantité négligeable. Les à-valoir se sont déjà considérablement réduits, comme les tirages des livres. »

Geoffroy Pelletier, directeur de la SGDL complétait : « Dans un salon, un auteur invité à une conférence et une dédicace vendra 15 livres. Dans dix-huit mois, il touchera 30 euros sur les ventes. C’est, en effet, une situation très enviable… » Une récente étude du ministère de la culture montre en effet que 41 % des auteurs gagneraient moins que le smic.