L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Rinaldi, policier italien, se trouve un jour confronté à un dilemme moral. Envoyé en Libye par son gouvernement, il doit négocier le maintien des migrants sur le sol africain. Sur le terrain, l’homme fera l’expérience d’une réalité infiniment complexe faite de rapports de pouvoir et d’exploitation, de cynisme et d’enjeux tribaux qui ébrécheront peu à peu son obéissance.

Policier peu empathique, Rinaldi va progressivement être dérouté par la découverte des conditions de détention déplorables des réfugiés et par la rencontre de Swada, une jeune Somalienne, qui l’implore de l’aider en transférant des documents à un proche à elle qui se trouve en Italie. Déchiré entre le tumulte libyen et sa tranquille vie de famille, entre sa conscience et sa fonction, il devra faire un choix.

Binarité étouffante

Présenté en séance spéciale à la Mostra de Venise, L’Ordre des choses poursuit le travail critique entamé par le cinéaste italien Andrea Segre, déjà auteur de plusieurs documentaires sur le système mis en place par l’Italie et l’Europe pour gérer la crise migratoire qui déchire le continent. C’est cette fois-ci à travers la fiction et le portrait d’un homme que le cinéaste s’attelle à rendre compte de cette situation en opposant notamment le confort d’une vie aisée au chaos de la situation libyenne.

Mais ce travail de contraste et d’opposition enferme irrémédiablement le film dans une sorte de binarité étouffante que souligne une mise en scène excessivement désaffectée. Si L’Ordre des choses est nourri par de très louables intentions, le film ne parvient pourtant pas à aller au-delà de son désir de sensibilisation pour embrasser une ambition strictement fictionnelle qui aurait donné plus d’ampleur émotionnelle à la cause qui l’habite.

Film italien d’Andrea Segre. Avec Paolo Pierobon, Giuseppe Battiston, Olivier Rabourdin (1 h 55). Sur le Web : www.sddistribution.fr/film/l-ordre-des-choses/135