Echanger pour éviter de s’orienter selon les stéréotypes. / Eduardo AGS IUT Nancy Brabois / CC BY 2.0

« Pas de parents pour les premiers rendez-vous, je tiens à voir le jeune seul. » Pour dénouer les blocages, Armelle Riou, coach en orientation scolaire au sein de Mental’O, veut pouvoir se concentrer sur la personnalité du lycéen : « Les parents ne dépassent pas si facilement leurs préjugés sur les métiers dits masculins ou féminins. » Bien plus, ils s’arrêtent sur le style de vie ou l’environnement du métier. Ainsi avec Marine, raconte-t-elle : « Elle tenait à travailler dans l’hôtellerie mais ses parents l’en ont dissuadée, arguant des horaires décalés. Ils insistaient sur sa future vie de famille, et l’ont orientée vers l’orthophonie. »

Face à la pression parentale, coachs scolaires et sites Internet fleurissent. Hello-Charlie.com a été lancé il y a presque deux ans. La discussion s’engage avec un chatbot via Messenger sur Facebook. Puis le jeune dialogue avec un professionnel. Pour la fondatrice Fatma Chouaieb, les clichés se confirment. « C’est impressionnant de voir à quel point les garçons veulent des infos sur les métiers de trading, finance et ingéniérie. Et les filles sur ceux de la com’, du marketing, de la biologie », s’étonne-t-elle.

Doutes et crispations

La faute aux parents qui poussent les uns vers des métiers lucratifs qui assureront les besoins du foyer, et les autres vers des métiers intellectuels plus abstraits. Parmi les messages reçus, beaucoup de confidences, des doutes, des crispations… « La moitié des jeunes nous demandent quelle réaction adopter quand les parents imposent leur choix, ou leur demandent de suivre la voix de l’aîné », souligne Fatma Chouaieb.

Dans ce contexte complexe, des familles se raccrochent aussi aux tests – plus ou moins sérieux – qui se multiplient sur le Web. Bruno Cuvillier a co-conçu un questionnaire reconnu par les milieux d’insertion et d’orientation. L’IRMR 3D propose de contourner l’approche métiers. « Questionner sur l’envie de créer ou de conceptualiser, ça évite de braquer la famille d’une jeune fille directement avec les métiers du BTP, explique-t-il. Mais hélas, on n’échappera jamais aux représentations ! »

O21 : « Pour trouver sa voie, il faut fermer ses oreilles à la pression familiale »
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Quentin Jubert, 24 ans, heureux infirmier en réanimation au CHU de Martinique en sait quelque chose. Poussé par ses profs à étudier la médecine, il s’est entretenu avec une psychologue d’orientation à l’issue de sa première année : « J’ai finalement décidé de faire le métier qui me plaisait, en passant au-dessus du statut social qu’il confère ou de l’image qu’il renvoie. Au départ, je voyais ça comme un déclassement par rapport aux médecins. Mais il n’y a pas de hiérarchie entre ces deux corps de métiers. Et l’un ne peut pas travailler sans l’autre. » Dans les couloirs, sourit-il, les patients l’appellent parfois spontanément « docteur ». Les stéréotypes de la blouse blanche existent encore…

« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les vœux d’orientation, Le Monde organise les conférences O21/S’orienter au 21e siècle, à Paris (17 et 18 mars), après Nancy, Lille, Nantes et Bordeaux.

A la veille de la clôture des vœux sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup, sera organisé un tchat en direct avec des psychologues du Centre d’information et d’orientation Mediacom, lundi 12 mars à 13 heures. A consulter également : notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB.