Dan Coats, le directeur du renseignement national, le 6 mars à Washington. / WIN MCNAMEE / AFP

Donald Trump a fait bon accueil, mardi 6 mars, à l’ouverture diplomatique entre la Corée du Sud et son voisin du Nord, ainsi qu’à une perspective de dialogue entre Pyongyang et Washington, annoncée en début de journée à Séoul. Interrogé sur le facteur permettant d’expliquer le changement de ton de la Corée du Nord après des mois de rhétorique guerrière, le président des Etats-Unis, qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse commune avec le premier ministre suédois Stefan Löfven, a répondu : « moi », en arborant un large sourire, avant d’assurer que « personne » ne pouvait revendiquer cette paternité.

« Je pense qu’ils sont sincères, a-t-il estimé à propos des dirigeants nord-coréens. Mais je pense qu’ils sont sincères aussi parce qu’il y a les sanctions », ajoutant que les mesures de rétorsion adoptées par les Nations unies à l’invitation de Washington après des essais balistiques et nucléaires de Pyongyang sont « très, très fortes et qu’elles font très mal ». « J’espère qu’ils sont sincères. Nous allons bientôt le découvrir », a poursuivi Donald Trump.

La part d’influence que revendique le président des Etats-Unis est difficilement contestable. Il s’agit d’ailleurs d’un des rares dossiers pour lequel la nouvelle administration américaine a privilégié une approche multilatérale et une coordination étroite avec les principaux acteurs régionaux, à commencer par la Chine.

L’échec de la « patience stratégique »

L’ouverture nord-coréenne présente pourtant un risque pour la Maison Blanche : celui de la contraindre à la posture de la « patience stratégique », adoptée sans succès par les administrations précédentes et avec laquelle elle a décidé de rompre. Ce risque a poussé un haut responsable de l’administration, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat, à mettre en avant des doutes sur la sincérité du régime de Pyongyang.

« Je pense que tout le monde aurait tout intérêt à prendre du recul, à respirer profondément, et à garder à l’esprit que nous avons une longue histoire, vingt-sept ans, de discussions avec les Nord-Coréens », a-t-il estimé, ajoutant qu’au cours de la même période, les mêmes « ont rompu tous les accords qu’ils ont passés avec les Etats-Unis et la communauté internationale ». Dan Coats, le directeur du renseignement national, qui était auditionné le jour même au Congrès, s’est montré encore plus « sceptique ». « C’est peut-être une avancée. J’en doute fortement. Comme je l’ai dit, il y a toujours un espoir », a-t-il commenté.

Signe de la défiance américaine maintenue, le département d’Etat a annoncé jeudi de nouvelles sanctions économiques contre Pyongyang, surtout symboliques, après avoir « déterminé » que le régime nord-coréen avait utilisé une substance neurotoxique classée comme arme de destruction massive pour assassiner, en 2017, en Malaisie, Kim Jong-nam, demi-frère de Kim Jong-un en disgrâce. Le haut responsable de la Maison Blanche a enfin assuré que les prochaines manœuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud, et que dénonce régulièrement Pyongyang, se tiendraient comme prévu.