Prescillia J., 19 ans, et Morgane D., 15 ans, les deux seules filles dans l’atelier de mécanique au lycée professionnel Degrugillier, à Auchel (Pas-de-Calais). Elles évoluent dans l’atelier de mécanique comme n’importe quel autre élève, sans traitement de faveur ou pression supplémentaire, assurent-elles. / DR

Il y a bien des hommes sages-femmes, donc on a le droit de faire mécanique ! », s’exclame Prescillia J., 19 ans, qui s’imagine expert automobile. A sa droite, Morgane D., 15 ans, future ­garagiste. Dans la classe de 2de de cette ­dernière, au ­lycée professionnel Ferdinand-Degrugillier, à Auchel (Pas-de-Calais), elles ne sont que deux filles. Aucune dans l’unique BTS plasturgie. En France, elles sont 2 % en mécanique, 9 % en plasturgie et 1 % dans le bâtiment, au ­niveau bac. Puis moins d’un tiers, dans le supérieur, dans l’ensemble des sciences ­dites fondamentales.

« On attend de ces filles atypiques ­qu’elles aient du caractère », commente la ­chercheuse Clotilde Lemarchant, auteur ­d’Unique en son genre (PUF, 2017). ­Certaines abandonnent, cassées par le sexisme. D’autres se font leur place. Comme ­Cassandra M., seule parmi treize garçons. Elle était déjà l’exception pendant son bac STI2D (sciences et ­technologies de l’industrie et du développement durable). Déterminée, elle a intégré le DUT génie mécanique et ­productique de l’IUT de Valenciennes. Ici aussi, on peine à féminiser.

Cantonnées à l’administration

Depuis trente ans, une formation ­accueille des femmes en rupture ­scolaire et sert de ­passerelle vers l’un des neuf DUT. « Même dans cette ­dernière génération, les stéréotypes persistent », regrette Eric ­Cartignies, le ­directeur de l’IUT. Autre singularité chez ­Cassandra M., la jeune apprentie a intégré le groupe nucléaire Areva comme technicienne. Bien ­souvent, les femmes occupent « des postes administratifs », note ­Véronique Ruotte, directrice emploi et formation à l’Union des industries et ­métiers de la ­métallurgie (UIMM).

Dans un contexte de pénurie globale de candidats, l’organisation multiplie les visites d’usines et les forums, avec une attention particulière portée aux adolescentes. Mi-décembre 2017, l’entreprise Weir France, spécialiste des soupapes de sûreté pour centrales ­nucléaires, en invitait quarante sur son site, près de Lens.

« Pour elles, la métallurgie, c’est quand on a échoué dans les études, ­raconte Mounir Ait Mehdi, le DRH. Avoir des CV féminins est presque impossible. Il faut intervenir à la source : l’orientation ! » Et marteler un message à l’unisson avec les établissements ­scolaires : « Mesdemoiselles, osez ! »

« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les vœux d’orientation, Le Monde organise les conférences O21/S’orienter au 21e siècle, à Paris (17 et 18 mars), après Nancy, Lille, Nantes et Bordeaux.

A la veille de la clôture des vœux sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup, sera organisé un tchat en direct avec des psychologues du Centre d’information et d’orientation Mediacom, lundi 12 mars à 13 heures. A consulter également : notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB.