Un débat pour « rallumer la lumière » à l’heure où le Parti socialiste est moribond. Les quatre candidats à la tête du PS, Stéphane Le Foll, Olivier Faure, Luc Carvounas et Emmanuel Maurel, s’affrontaient mercredi 7 mars au soir, à huit jours du premier tour du scrutin, avec l’espoir de convaincre les militants de venir voter les 15 et 29 mars, et de montrer aux Français que le parti est toujours vivant.

Invités sur RTL et LCI à expliquer les raisons de leur candidature, les quatre hommes ont chacun souligné la gravité de l’enjeu. « En mai, juin, les Français nous ont adressé un message que nous devons entendre. Nous avons fait 6 % des voix à l’élection présidentielle. Nous ne pouvons pas ne pas nous remettre en cause de manière radicale », a souligné le président du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée, Olivier Faure. « C’est un congrès décisif pour le PS, mais pour toute la gauche », a renchéri l’ancien porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

Invités à s’exprimer sur « l’exercice du pouvoir » et le bilan du quinquennat, les quatre hommes ont marqué leurs différences, tout en prenant soin de ne pas reproduire le spectacle de leurs éternels déchirements.

« Nous avons déçu. En 2012, François Hollande n’a pas seulement gagné contre Sarkozy, il a gagné parce qu’il avait suscité un espoir. (…) On a déçu cet espoir. Les gens nous disent “On ne vous en veut pas parce que vous avez échoué, mais parce que vous n’avez pas essayé.” Et c’est vrai, nous n’avons pas suffisamment essayé », a souligné le député européen Emmanuel Maurel, représentant de l’aile gauche du parti.

« Ce dont il faut être capable, c’est de se tourner vers l’avenir », a estimé M. Le Foll de son côté. Il tenait visiblement à ne pas s’appesantir sur le précédent quinquennat, dont il est le plus ardent défenseur dans son texte d’orientation.

Ce débat est une première pour un parti

M. Faure, issu, comme MM. Le Foll et Carvounas, de l’ancienne majorité du PS, a tenu à rappeler qu’il avait parfois « donné l’alerte » lors du précédent quinquennat. « Je l’ai fait par exemple sur la déchéance. J’ai proposé une solution pour qu’on essaie de mettre toute la gauche d’accord, de remplacer la déchéance de nationalité qui était une rupture, une déchirure pour nous tous, par une déchéance nationale calquée sur l’indignité nationale qui était la peine qu’encouraient les collabos après guerre. Ça a été refusé, j’en suis désolé. Sur la loi travail, j’ai cherché là aussi un compromis avec l’ensemble de la majorité et les forces syndicales. »

Quant à M. Carvounas, ancien lieutenant de Manuel Valls, il a souligné que plusieurs des candidats avaient soutenu le gouvernement de Manuel Valls et de François Hollande. « Je ne regrette rien », a-t-il affirmé, en demandant qu’on ne le ramène pas éternellement à son « compagnonnage » avec l’ancien premier ministre.

Le débat, qui devait durer une heure et demie, est une première pour un parti. Invités par LCI à se livrer à un exercice similaire avant l’élection en décembre de leur président Laurent Wauquiez, Les Républicains avaient décliné l’offre.

« L’enjeu du débat est de montrer que le Parti socialiste est bien présent (…), de faire en sorte que les militants viennent voter », a souligné le coordinateur du parti Rachid Temal, qui a affirmé attendre 30 000 votants, sur les quelque 102 000 militants susceptibles de se mettre à jour de cotisation. « Ils rallument la lumière, ce n’est pas la fin du film », a de son côté souligné l’ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

Parmi les spectateurs devaient se trouver François Hollande, mais aussi le délégué général de La République en marche, Christophe Castaner. « Je regarderai le débat », a-t-il assuré, en disant sa « tristesse » devant la campagne de pré-Congrès. « Le Parti socialiste est mourant et, par leurs débats, ils le tirent par le fond », a-t-il déploré.