Un soutien de Donald Trump avec une pancarte « Pepe the Frog », en avril 2017 à l’université de Californie, à Berkeley. / JOSH EDELSON / AFP

L’artiste américain Matt Furie poursuit son combat contre les réutilisations de « Pepe the Frog ». Son personnage de grenouille de bande dessinée, créé au début des années 2000 et devenu malgré lui un symbole de l’extrême droite depuis 2015, s’est récemment retrouvé sur des posters vendus par le site conspirationniste américain Infowars. De quoi agacer son créateur, qui a déposé plainte lundi 5 mars pour violation de droit d’auteur.

Sur le poster en question, vendu 30 dollars [environ 24 euros], on aperçoit Pepe the Frog aux côtés de personnalités présentées comme « des icônes antisystème », comme Donald Trump, le néoconservateur Milo Yiannopoulos, ou encore Alex Jones, le fondateur d’Infowars.

Le poster « MAGA » vendu sur le site d’Infowars. / Infowars

Une plainte pour violation de droits d’auteur

La plainte a été déposée auprès d’une cour californienne. « Furie n’a pas autorisé l’utilisation de l’image ou du personnage de Pepe sur ce poster, et [n’en] approuve pas l’association, avec Alex Jones ou toute autre figure représentée sur ce poster, ou avec le slogan “MAGA” [acronyme de « Make America Great Again », le slogan de Donald Trump pendant la campagne présidentielle américaine] », est-il détaillé.

En guise de réparation, Matt Furie exige dans sa plainte une compensation financière, mais aussi une injonction qui interdise à l’avenir Infowars ou tout tiers agissant « de concert » avec Infowars d’utiliser l’image de Pepe the Frog.

Depuis que la plainte a été déposée, Infowars a ajouté sur la page où le poster est toujours en vente une mention. Elle dit que le site sera bientôt « forcé de retirer [l’objet] à tout jamais » de la vente.

Alex Jones a précisé à l’agence Associated Press que le poster s’était déjà écoulé à environ un millier d’exemplaires, et qu’il s’agissait de l’un des articles les plus prisés de sa boutique. Il a ajouté qu’Infowars n’avait « pas d’autre choix que de répliquer ». Selon lui, « la loi est de [leur] côté ».

La bataille juridique continue

Depuis l’été 2017, Matt Furie a engagé une bataille juridique contre les réutilisations de son batracien. Lui et ses avocats ont envoyé des lettres de mise en demeure, publiées par le site Motherboard, à plusieurs personnalités de l’alt-right. Il a également adressé une injonction à Twitter, Reddit et Amazon, qui stipule que toute image détournant Pepe postée sur ces plates-formes serait considérée comme une potentielle violation de droit d’auteur.

L’artiste a déjà gagné en justice contre les détracteurs de son personnage. En août 2017, il a ainsi réussi à faire retirer de la vente un livre raciste pour enfants qui mettait son personnage en scène. Il a parallèlement lancé une cagnotte sur Kickstarter, « Save Pepe » [sauvez Pepe], qui a lui permis de récolter plus de 34 000 dollars. La somme a servi à lancer en janvier un magazine Pepe Now, qui compte bien redonner à la grenouille son innocence d’antan.