Le leader de Corée du Nord Kim Jong-un et le président des Etats-Unis Donald Trump vont se rencontrer, a annoncé la Corée du Sud le 9 mars. / Lucas Jackson / REUTERS

L’annonce est aussi inattendue que spectaculaire : le président américain Donald Trump a accepté de rencontrer le leader nord-coréen Kim Jong-un d’ici fin mai, a affirmé jeudi 8 mars un responsable sud-coréen. La date et le lieu de cette entrevue restent à déterminer, a précisé la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders.

Le président des Etats-Unis a immédiatement tweeté : « Kim Jong-un a parlé dénucléarisation avec les représentants de la Corée du Sud, pas seulement une suspension. Aussi, pas de test de missile par la Corée du Nord durant cette période. De gros progrès sont faits mais les sanctions seront maintenues jusqu’à ce qu’un accord soit conclu. La réunion est en train d’être planifiée ! »

Ce rebondissement, impensable il y a quelques semaines, fait suite à une rencontre entre une délégation sud-coréenne de haut niveau et le maître de Pyongyang après deux années de très vives tensions liées aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens.

Dans une brève allocution devant la Maison Blanche, à la nuit tombée, Chung Eui-yong, conseiller national sud-coréen à la sécurité, a annoncé que M. Trump avait accepté l’invitation formulée par Kim Jong-un et s’était engagé à le rencontrer « d’ici fin mai ». La Maison Blanche a confirmé que le président américain avait accepté cette invitation.

Le lieu d’une telle rencontre entre le 45e président des Etats-Unis et leader nord-coréen, qu’il a par le passé qualifié de « fou », n’a pas été précisé. M. Chung a par ailleurs précisé que Kim Jong-un s’était engagé à œuvrer à la « dénucléarisation » de la péninsule coréenne et avait promis de s’abstenir « de tout nouveau test nucléaire ou de missile ». « Il comprend que l’exercice militaire conjoint de routine entre la République de Corée et les Etats-Unis doit continuer et il a fait part de son désir de rencontrer le président Trump le plus vite possible », a-t-il poursuivi.

« Nous avons hâte que la Corée du Nord abandonne son programme nucléaire. D’ici-là, toutes les sanctions et une pression maximale doivent prévaloir », a ajouté Sarah Sanders.

Détente amorcée

Cette annonce intervient à l’issue de la remarquable détente qui s’est amorcée sur la péninsule depuis le début de l’année à la faveur des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang.

Après s’être longuement entretenu lundi avec le leader nord-coréen Kim Jong-un, M. Chung avait assuré que ce dernier était désormais prêt à bouger sur le dossier longtemps tabou de l’arsenal nucléaire de Pyongyang, « si les menaces militaires contre le Nord disparaissent et si la sécurité de son régime est garantie ». Après cette mission à Pyongyang, la présidence sud-coréenne avait fait savoir que le nord était prêt à un « dialogue franc » avec les Etats-Unis pour évoquer la dénucléarisation et suspendrait tout essai nucléaire ou de missile pendant la durée des discussions.

Nord et Sud ont également décidé selon Séoul de la tenue fin avril d’un troisième sommet intercoréen, après ceux de 2000 et 2007. Le sommet aura lieu dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud.

« Dictature brutale »

Le président américain Donald Trump avait salué mardi ces signes d’ouverture de la Corée du Nord tout en appelant à la prudence et en réaffirmant que toutes les options étaient sur la table. Il avait déclaré que les déclarations venues du Sud comme du Nord étaient « très positives ». « Ce serait bien pour le monde, bien pour la Corée du Nord, bien pour la péninsule, mais nous verrons ce qui va se passer », avait-il ajouté.

D’autres responsables de son administration avaient néanmoins conseillé la prudence, certains se montrant même sceptiques que ce soudain apaisement diplomatique après des mois de guerre des mots entre Washington et Pyongyang, sur fond de progrès nord-coréens dans les domaines nucléaire et balistique. La Corée du Nord affirme désormais que ses missiles sont en mesure d’atteindre le territoire américain.

Visé par une série de sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies mais aussi américaines, le régime nord-coréen a toujours affirmé que le développement de son programme nucléaire n’était tout simplement pas négociable.

Il y a moins de trois semaines, M. Trump avait annoncé de nouvelles sanctions visant à isoler encore plus la Corée du Nord, quelques heures après l’arrivée de sa fille Ivanka en Corée du Sud pour la fin des Jeux olympiques. « Nous devons rester unis pour empêcher cette dictature brutale de menacer le monde de dévastation nucléaire », avait-il alors lancé.