• Sonates pour flûte et clavecin
    Sonates pour flûte et clavecin BWV 1030, 1032, 1034, 1035, de Jean-Sébastien Bach. Partita pour flûte solo BWV 1013, de Jean-Sébastien Bach.
    Marc Hantaï (flûte) et Pierre Hantaï (clavecin)

Pochette de l’album « Sonates pour flûte et clavecin », de Bach, par Marc et Pierre Hantaï. / MIRARE

Dans la famille Hantaï, on a écouté et pratiqué Bach dès le berceau, et ça s’entend. Marc à la flûte et Pierre au clavecin ont déjà convolé dans les Sonates pour flûte il y a vingt ans chez Erato. La traversière déliée de l’aîné n’a rien perdu de sa souplesse ambulatoire, de sa vivacité rythmique, sans parler de ce souffle quasi inépuisable qui donne à la musique un caractère quasi immatériel. Le clavecin du cadet lui offre une invention intarissable, qui pousse Bach dans ses retranchements les plus aventureux et expressifs. Rien de tel depuis le mythique duo formé par Frans Brüggen et Gustav Leonhardt que cet art suprême, entre ciel et terre, qui mêle à la sombre marche terrestre la vibration de la lumière. Marie-Aude Roux

1 CD Mirare.

  • Juilliard String Quartet
    The Complete Epic Recordings 1956-66

Pochette de l’album « The Complete Epic Recordings 1956-66 », du Juilliard String Quartet. / SONY CLASSICAL

Emanation de la prestigieuse Juilliard School de New York, le Juilliard String Quartet est entré dans l’histoire pour ses lumineuses interprétations du répertoire classique. Pourtant, il s’est d’abord engagé sur le front de la musique contemporaine, ce dont témoigne le premier des onze CD réunis dans ce coffret en tout point édifiant. Emmenés par le légendaire Robert Mann (1er violon depuis la création de l’ensemble, en 1946), les Juilliard mettent leurs archets au service de compositeurs très peu connus, même aux Etats-Unis, dont les œuvres méritent toutefois le détour. Tant le 1er Quatuor de Benjamin Lees, à la force expressive prenante, que le 2nd de William Denny (un ancien élève de Paul Dukas), au lyrisme tendu. Cependant, les enregistrements réalisés pour le label Epic (une des marques de Columbia) sont d’abord à connaître pour la qualité des Mozart, Haydn, Beethoven et Schubert. D’une cohésion et d’une réactivité stupéfiantes, le Juilliard String Quartet transcende l’idéal du quatuor à cordes qui consiste à donner l’illusion d’un seul et unique instrument. A fortiori quand les quatre utilisés à compter de 1962 sont tous signés Stradivarius. Pierre Gervasoni

1 coffret de 11 CD Sony Classical.

  • Soccer Mommy
    Clean

Pochette de l’album «  Clean », de Soccer Mommy. / FAT POSSUM/DIFFER-ANT

Entre sa chambre et son premier vrai studio d’enregistrement, Sophie Allison aurait pu se perdre en route. Mais à 20 ans, la précoce chanteuse et guitariste de Nashville (Tennessee), officiant sous le curieux pseudonyme de Soccer Mommy, a réussi à préserver dans Clean, son premier album, la touchante fragilité des titres produits à la maison, qui la firent connaître sur le site de musique en ligne Bandcamp et deux premiers mini-albums (For Young Hearts (2016), Collection (2017)). Voix et six-cordes ne se contentent pourtant pas de proximité juvénile et d’intimisme. Si Still Clean ouvre le disque dans le dépouillement, Sophie Allison – accompagnée par le réalisateur Gabe Wax (The War on Drugs) – collectionne aussi les chansons dynamisées par un allant mélodique enthousiasmant. Sans renoncer à sa justesse émotionnelle, l’Américaine séduit par son sens harmonique et des guitares entremêlant distorsions à vif et pureté cristalline. Un peu comme si l’icône indie-rock Cat Power avait accompagné les premiers pas de Taylor Swift. Stéphane Davet

1 CD Fat Possum/Differ-Ant.

  • Sam Vance-Law
    Homotopia

Pochette de l’album « Homotopia », de Sam Vance-Law. / CAROLINE INTERNATIONAL/UNIVERSAL MUSIC

Violoniste, chanteur, auteur et compositeur, Sam Vance-Law, 30 ans, est un musicien canadien originaire d’Edmonton, province de l’Alberta, dont le premier album, Homotopia, est une plaisante révélation. Dix chansons sur un thème commun qu’il présente ainsi : « retranscrire ce que c’est d’être gay aujourd’hui ». Sans en faire un manifeste. Dix chansons, dix histoires, la plupart évoquant des moments de tendresse, de séduction ou d’attirance, dans un traitement pop soigné – la chanson Faggot (« pédé ») tranche avec son ton nerveux initial, son propos direct sur l’insulte. On entend dans le travail harmonique, la construction des chansons, les arrangements que sa pratique de la musique classique (Wanted To, Stat. Rap., Bye Bye Baby) et du chant choral (l’accrocheur Prettyboy) a laissé des traces. Un ensemble dont la sophistication est au service d’une prenante évidence mélodique. Sylvain Siclier

1 CD Caroline International/Universal Music.

  • Jimi Hendrix
    Both Sides of The Sky

Pochette de l’album «  Both Sides of The Sky », de Jimi Hendrix. / EXPERIENCE HENDRIX-LEGACY/SONY MUSIC

Depuis 1995, la société Experience Hendrix L.L.C. gère l’héritage artistique du guitariste et chanteur américain Jimi Hendrix, mort à l’âge de 27 ans, le 18 septembre 1970, avec notamment des publications d’enregistrements en studio et en public. Des archives auxquelles s’ajoutent aujourd’hui Both Sides of The Sky, qui rassemble treize morceaux, enregistrés en studio entre janvier 1968 et février 1970 – présenté sans ordre chronologique – dont dix sont annoncés comme inédits, les trois autres ayant été déjà partiellement publiés, notamment Power of Soul ici dans sa version complète et finalisée. Il y a ici plusieurs versions différentes de compositions connues et déjà publiées (Lover Man ou Hear My Train a Comin' par exemple). L’ensemble vaut surtout pour les découvertes de thèmes avec Stephen Stills ($20 Fine et Woodstock), le traitement rock’n’roll de Stepping Stone et les séances de 1968 dont le très étrange Cherokee Mist, duo entre Hendrix, au sitar et à la guitare, et le batteur Mitch Mitchell. S. Si.

1 CD Experience Hendrix-Legacy/Sony Music.

  • Zanmari Baré
    Voun

Pochette de l’album « Voun », de Zanmari Baré. / COBALT-BUDAMUSIQUE/SOCADISC

Le chanteur réunionnais ouvre son deuxième album avec Déor in Paradi (Là-bas un paradis), évoquant un épisode honteux de l’histoire française. Sous l’autorité de Michel Debré, alors député de la Réunion, des enfants réunionnais furent enlevés à leur famille par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, entre 1963 et 1982, pour repeupler les départements de métropole, touchés par l’exode rural. Dans Mayok Flér, son premier album (en 2013), Zanmari Baré avait d’emblée séduit par la douceur de sa voix et les flambées de poésie sentimentale de son maloya tendre et mélancolique. Cette veine-là domine dans l’enchanteur Voun. Après le réveil de mémoire corrosif d’ouverture, avec son bobre (arc musical), entouré de ses musiciens (percussions et voix en arc-en-ciel), il chante amour et tendresse, pour son fils (Monmon bib), une femme sombrant dans la détresse (Mwin Gaby) ou un copain disparu, Dédé Lansor, poète et militant culturel notoire à La Réunion (Lo vyé Bob). Patrick Labesse

1 CD Cobalt-BudaMusique/Socadisc.