Lors d’un point presse improvisé, vendredi 9 mars à Bercy, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a réagi aux agissements du président américain Donald Trump, qui a signé jeudi les documents imposant des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis. Côté français, il a aussi envoyé une fin de non-recevoir face à la grogne parlementaire autour de l’usage à faire de la « cagnotte fiscale ».

« La France regrette la décision annoncée hier par le président des Etats-Unis d’établir des tarifs sur l’aluminium, l’acier, qui vont peser sur le prix de l’acier et par conséquent sur les activités de toutes les aciéries, en France et en Europe. Je réunirai lundi à Bruxelles l’ensemble des industriels de l’acier qui opèrent en France, pour voir avec eux quelles sont les conséquences sur leurs activités, et quelles sont les mesures qu’ils attendent de la part des pouvoirs publics. »

« Je veux dire très clairement qu’une guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde ne fera que des perdants, a martelé M. Le Maire. Nous allons donc aussi examiner la situation avec l’ensemble de nos partenaires européens, les conséquences au-delà de la France et les mesures qui pourraient être prises par l’ensemble des pays européens. Notre réaction ne peut être que collective si nous voulons qu’elle soit efficace. »

« Ne pas refaire les erreurs du passé »

Interrogé pour savoir si ces mesures pourraient être des mesures de rétorsion, le ministre a rappelé que « la Commission européenne a dit que toutes les mesures étaient sur la table » et a indiqué : « Nous allons en discuter avec elle. » Selon lui, « la première chose à faire, c’est d’avoir une évaluation de l’impact des décisions américaines sur l’industrie européenne et ensuite voir les mesures de réponse à prendre. »

Par ailleurs, M. Le Maire a réagi aux propos du rapporteur de la commission des finances, Joël Giraud. Ce dernier a estimé, vendredi, dans Les Echos que, compte tenu des rentrées fiscales meilleures que prévu engendrées par la bonne conjoncture économique tricolore, on peut « redistribuer une part de [la] bonne fortune fiscale de la France » aux Ehpad et aux territoires en proie à la désindustrialisation, voire aux personnes bénéficiant de minima sociaux.

Au contraire, le locataire de Bercy a exhorté à « ne pas refaire les erreurs du passé. Dès que les choses allaient mieux, immédiatement, on se mettait à redistribuer l’argent public, c’est-à-dire l’argent des contribuables. La meilleure façon de répondre aux attentes des Français, c’est de rétablir les comptes de la nation, de réduire le déficit, la dette publique. »

« Il ne s’agit pas d’avoir l’obsession du chiffre »

« Les résultats commencent à venir puisque nous serons sous les 3 % de déficit en 2017 », a estimé M. Le Maire, sans confirmer la fourchette de « proche de 2,7 % ou 2,8 % » donnée par M. Giraud. Jusqu’à présent, le gouvernement tablait sur 2,9 % de déficit au titre de 2017.

« Le cap de la réduction des déficits et de la réduction de la dette publique doit être tenu, et il sera tenu, a martelé le ministre. Réduire le déficit sous la barre des 3 %, c’est ce qui nous permettra d’avoir une économie française qui tourne mieux, plus forte, qui créé des emplois pour tous les Français. Il ne s’agit pas d’avoir l’obsession du chiffre, mais l’obsession de comptes publics bien tenus. Aujourd’hui, la dette publique, c’est de l’appauvrissement pour les Français. » Et ce, a-t-il rappelé, « d’autant plus que nous savons que les taux d’intérêts risquent d’augmenter d’ici la fin de 2018 ou le début 2019 et que par conséquent, la charge d’intérêt de la dette sera toujours plus forte ».

« Nous sommes là pour faire en sorte que les choses aillent mieux pour les Français, que le travail paye davantage », a-t-il encore indiqué. Selon lui, redistribuer une éventuelle « cagnotte fiscale », « ce n’est pas le mandat du président de la République ». « La bonne piste, c’est de continuer avec constance à réduire la dette, à respecter nos engagements européens pour que la parole française conserve toute sa crédibilité en Europe. La voix de la raison, c’est la réduction des déficits et de la dette. »