Le président des Etats-Unis, George W. Buh, s’adresse à des sidérurgistes à Pittsburgh (Pennsylvanie), en août 2001. / PAUL BUCK / AFP

Jusqu’à quel point les mesures protectionnistes actées par Donald Trump, jeudi 8 mars, profiteront-elles ou non à l’économie américaine ? Cela dépendra de la suite des événements, encore hypothétique. D’autant qu’après l’annonce de droits de douane à l’importation de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium, Washington a aussitôt mis de l’eau dans son vin, en exemptant au moins temporairement Mexico et Ottawa.

Ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis s’aventurent sur ce terrain, rappellent les économistes. En effet, en 2002, le président George W. Bush instaura des mesures protectionnistes pour « sauver » la sidérurgie américaine. Des droits de douanes de 8 % à 30 % furent imposés sur une série de produits tels que les tôles d’acier, les aciers laminés à chaud et à froid ou les aciers prélaqués.

Presque aussitôt, des pays asiatiques et européens répliquèrent en augmentant leurs propres droits de douane sur une série de produits américains, comme le jus d’orange de Floride. Les Etats de l’Union européenne déposèrent également plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui leur donna raison au bout de quelques mois.

« L’industrie américaine a fondu »

L’escalade des représailles n’alla pas plus loin. Néanmoins, les droits de douane sur l’acier restèrent en place pendant deux ans. « Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le bilan n’est pas très bon », explique Gregory Daco, chez Oxford Economics, à New York.

Les producteurs américains d’acier augmentèrent leurs prix, ce qui pénalisa directement les industries utilisatrices d’acier (comme l’automobile), où travaillaient à l’époque 12,8 millions de personnes, soit près de 75 fois plus que dans le seul secteur de la production d’acier (170 000 personnes).

Résultat : 200 000 emplois au total furent détruits, selon une étude de référence des économistes américains Joseph Francois et Laura M. Baughman, publiée en 2003. « Depuis, l’industrie américaine a fondu, remarque M. Daco. Aujourd’hui, les droits de douane instaurés par Donald Trump pourraient détruire 70 000 emplois, selon nos estimations ». La sidérurgie créerait 10 000 nouveaux postes, mais les industries utilisant l’acier, pénalisées par la hausse des tarifs, en perdraient de leur côté 80 000…