Joey Starr (à gauche) et Kool Shen des Suprême NTMà l’AccorHotels Arena le 8 mars 2018 à Paris. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

« Combien étaient là en 1983 quand on a commencé ? », demande JoeyStarr pour le deuxième concert parisien complet de sa formation, NTM, avant que son complice Kool Shen lui réponde en faisant une brève histoire de leurs parcours dans le graffiti, le breakdance et le rap. « A l’époque, on a appelé ça le hip-hop, une contre-culture. Ils pensaient que c’était une mode, que ça allait durer 2 mois, 2 ans… Ça fait 35 ans et on est encore là. »

Depuis, des concerts de rap français comme américain se sont, en effet, succédé à l’AccorHotels Arena de Paris, anciennement Palais Omnisports de Bercy, avec plus ou moins de bonheur. Vendredi 9 mars, les Suprême NTM ont certainement donné le meilleur show du genre dans cette salle, rendant hommage à leur culture tout entière, du graffiti aux danses hip-hop, et en faisant monter sur scène les meilleurs plumes de cette expression qui a dépoussiéré la langue française, dépassant les limites de leur seul cercle pour partager la scène le temps de That’s my people avec le poète du collectif Time Bomb, Oxmo Puccino et le Marseillais, Le Rat Luciano.

Après cinq Bercy complets en 2008, plus aucun nouveau morceau du groupe depuis bien plus longtemps, les aficionados du hip-hop français attendaient peu de ces énièmes concerts parisiens. Sauf que « le live, c’est l’ADN de NTM », fanfaronne JoeyStarr après seulement deux morceaux, On est encore là et Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?. En phase avec leur époque, les deux vétérans, « un siècle à eux deux », ont fait appel à l’équipe de Jeremie Lippman, qui avait déjà mis en scène JoeyStarr pour Eloquence à l’Assemblée au théâtre de l’Atelier, afin de retranscrire visuellement leurs classiques. Une réussite, et en toute simplicité.

Famille musicale

Chacun perché sur un chiffre, le 9 pour Pone, le 3 pour R-Ash, les DJ, véritables musiciens de cette soirée sont mis sur un piédestal, à leur juste place. Des écrans vidéo forment les lettres NTM, et diffusent le décor urbain de cette culture. Plus besoin comme en 2008 de faire venir une rame de métro pour Paris sous les Bombes, les écrans entraînent le public dans les souterrains, terrain de jeux des taggeurs. Sans se laisser écraser par une scénographie trop présente, les NTM ont surtout fait jouer le collectif et fait appel à leur famille pour réussir leur retour.

Déjà, en première partie, les fils de JoeyStarr et de Kool Shen accompagnaient sur scène le rappeur, Sofiane. Le frère du premier, DJ Morvilous ouvrait la soirée avec sa fédération française de B.A.G.A.R.R.E, mêlant tambours gwo ka et fusion hip-hop rock. Quant à la famille musicale, elle est là au complet. Encore plus frais que les NTM, les Raggasonic brillent sur Aiguisés comme une lame. Jaeyez du groupe Afro Jazz n’a pas pris une ride sur le très sombre, C’est arrivé près de chez vous. Busta Flex, Lord Kossity, Zoxea des Sages Poètes de la Rue, Nathy Boss de Caribbean Dandee ont égrené ces deux heures de concert, avec assez de temps de respiration pour ménager les deux bêtes de scène. Le Seine-Saint-Denis Style a toujours la formule secrète, comme le rappaient à leurs débuts sur l’antenne de Radio Nova, JoeyStarr et Kool Shen.

Le 10 mars à l’AccorHotels Arena de Paris, en tournée à partir du 8 avril.