Emmanuel Macron et sa femme Brigitte Macron devant le Taj Mahal à Agra, en Inde, le 11 mars. / POOL / REUTERS

Officiellement, l’escapade était d’ordre « purement privé » selon l’Elysée. Le président de la République a profité de sa visite d’Etat en Inde jusqu’à lundi 12 mars, à New Dehli puis à Bénarès, pour s’offrir un détour avec son épouse par Agra, où se dresse le célèbre Taj Mahal, monument de marbre blanc érigé par un empereur moghol du 17e siècle pour sa femme défunte.

Dimanche 11 mars, Emmanuel et Brigitte Macron ont donc visité « le grand temple de l’amour » pendant près d’une heure et demie en fin d’après midi car « c’est à ce moment de la journée que la lumière est la plus belle », a expliqué l’entourage du chef de l’Etat. Accompagné de l’homme de lettres et grand amoureux de l’Inde, Jean-Claude Carrière, et du poète et historien indien Momin Latif, spécialiste de l’ancien empire moghol, le couple présidentiel a été accueilli à Agra par des danseuses traditionnelles. Tout au long des huit kilomètres de routes fermées pour l’occasion jusqu’au Taj Mahal, des enfants avaient été également positionnés pour saluer le cortège élyséen en agitant des drapeaux français et indiens.

Voiturette électrique et coucher de soleil

Une visite « privée » donc. « C’est le souhait du président », avait fait savoir son cabinet diplomatique avant le voyage indien. Sauf qu’Emmanuel Macron, soucieux à l’extrême de la mise en scène de son image présidentielle ainsi que de celle de son couple, avait embarqué avec lui, dans les deux Falcon affrétés pour l’occasion, un petit groupe de journalistes parmi les médias qui couvraient sa visite d’État en Inde. En plus de sa photographe officielle, de trois conseillers de son équipe de presse, de son sherpa et de l’ambassadeur de France à New Dehli, étaient ainsi présents des journalistes de l’Agence France-Presse, de France 2, de TF1, de Paris Match et de l’agence photo Best Images, spécialisée dans les clichés « people » et dirigée par Michèle Marchand, l’amie du couple Macron.

Transportés dans des voiturettes électriques ou posant pour les photographes main dans la main dans les jardins du Taj Mahal vidé de ses touristes, le chef de l’État, en bras de chemise blanche, et son épouse, ont visité le mausolée impérial et contemplé le coucher de soleil depuis une terrasse. « Vous prenez le Taj Mahal dans la figure, c’est le jardin d’Eden, s’est extasiée Brigitte Macron. Ca m’inspire beaucoup, c’est une certaine idée du beau et de la perfection ». Le chef de l’État, lui, a vanté « un lieu d’amour qui dit beaucoup de l’âme humaine ». Mais anticipant l’éventuel risque de polémique devant ce plaisir très personnel, il a également justifié sa venue par des raisons culturelles et quasiment politiques. « C’était important pour moi de venir ici parce que ça fait partie de la culture indienne », a expliqué Emmanuel Macron, vantant « la force de l’Inde [qui] tient par sa capacité à marier les religions » hindouistes, musulmanes et bouddhistes notamment.

« Pas vraiment du niveau d’un président »

Pas sûr pourtant que le message présidentiel ait convaincu, jusqu’aux macronistes. Un proche du chef de l’Etat, voyant dimanche depuis Paris les premières images du voyage au Taj Mahal, ne cachait pas ses réserves. « Il faut faire attention à comment l’opinion peut percevoir ce genre de moment très people, ce n’est pas forcément une bonne idée », s’inquiétait ce soutien. « En plus ça fait un peu touriste, tout le monde va au Taj Mahal, ce n’est pas vraiment du niveau d’un président », ajoutait-il, rappelant la déconvenue récente en Inde du premier ministre canadien Justin Trudeau.

François Hollande, qui s’est rendu en Inde à deux reprises durant son quinquennat, n’était jamais allé au Taj Mahal. En revanche, son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui aimait lui aussi mettre en avant sa vie privée, avait fait deux fois le voyage pour Agra. D’abord en 2008, accompagné par des ministres et des membres de son cabinet. Puis en 2010, avec cette fois sa nouvelle épouse, la chanteuse Carla Bruni. Une visite tenue secrète jusqu’au dernier moment, et pour le coup totalement privée : aucun média n’avait été convié pour l’occasion.