Mécontents de la situation sportive de leur club, certains supporteurs lillois ont « choisi », samedi 10 mars, de manifester leur énervement en s’en prenant – parfois physiquement – à leurs joueurs. A peine Sébastien Moreira, l’abitre de la rencontre Lille-Montpellier, avait-il porté à la bouche son sifflet, mettant un terme à cette rencontre de la 29e journée de Ligue 1 que, quittant les tribunes du stade Pierre-Mauroy, plusieurs dizaines de supporteurs ont envahis la pelouse, prenant de vitesse la sécurité du stade.

Face à ce débordement soudain et violent – les images du diffuseur BeIn Sports montrent certains « supporteurs » frappant les joueurs à coups de pieds ou de poing – les stadiers de l’enceinte lilloise ont rapidement exfiltré les joueurs de l’équipe lilloise, 19e du championnat et une nouvelle fois tenue en échec samedi (1-1, après avoir mené au score).

Criant des slogans menaçants envers la direction lilloise (des « si on descend [en Ligue 2], on vous descend » ont été proférés), les fans des Dogues ont été maintenu près de dix minutes durant sur la pelouse par un cordon de sécurité, les empêchant de rejoindre la tribune officielle où se trouvaient les dirigeants du club. Avant d’évacuer vers les tribunes.

Ambitieux projet qui se fissure

Très ambitieux après avoir été racheté l’an passé par Gerard Lopez, le club lillois est loin de rencontrer sur le terrain le succès auquel il aspirait. Après l’échec de la greffe Marcelo Bielsa – remercié en novembre en raison de résultats insuffisants – les dirigeants nordistes s’en sont remis à Christophe Galtier, l’ancien coach de l’AS Saint-Etienne, pour remettre à flot le navire lillois en péril.

A la tête d’un effectif très jeune et inexpérimenté aux joutes de la Ligue 1 – et modelé selon les desideratas de son prédécesseur argentin – le technicien nordiste peine à obtenir les résultats escomptés. Et l’interdiction de recrutement prononcée par la DNCG contre le club avant le mercato hivernal ne l’a pas aidé à mener à bien sa mission. A neuf journées de la fin du championnat, le club, cinquième budget du championnat (90 millions d’euros) ne parvient pas à quitter la 19e et pénultième place, en dépit de progrès relevés par son entraîneur.

Lors de la conférence de presse d’avant match, vendredi, Christophe Galtier soulignait le nouvel état d’esprit de ses ouailles, dont « certains s’étaient écartés du métier ». Et de se réjouir de « l’évolution importante dans l’intensité » de « la quasi-totalité » de ses joueurs. Qui ont malgré tout une nouvelle fois cédé samedi face à Montpellier, alors qu’ils menaient à la marque.

Les événements ayant suivi la recontre sont une pierre de plus ponctuant la saison noire du club lillois. Qui n’a pas été épargné en dehors du terrain non plus. Fin septembre, une trentaine de ses supporteurs avaient été blessés dans l’effondrement d’une barrière du stade d’Amiens, provoquant l’interruption de la rencontre.

Situation similaire à West Ham dans l’après-midi

Samedi après-midi, de l’autre côté de la Manche, des fans de West Ham se sont également signalés par un envahissement de terrain à la suite de la déroute de leur club face à Burnley. En colère, l’un des joueurs emblématiques du club londonien, Mark Noble, s’est montré virulent face à un fan venu en découdre, le plaquant au sol avant d’être calmé par son gardien Joe Hart.

Dans le même temps, d’autres « supporteurs » tentaient d’entrer en contact avec les dirigeants des Hammers, forçant certains remplaçants de Burnley à offrir leur siège à des enfants présents en tribunes, afin de les mettre en sécurité.

La déplorable scène de l’envahissement du terrain à Lille et la violence déployé par certains fans nordistes a « rassuré » certains observateurs britanniques. « Au moins, les fans de West Hams ne sont plus les fans de foot les plus stupides et en colère d’Europe », a tweeté, sarcastique, un journaliste du Guardian.

Des sanctions contre le club lillois

Avec cet envahissement du terrain et les violence qui ont suivi, le club lillois sera à n’en pas douter sanctionné par la Ligue nationale de football (LNF), et des matchs à huis clos pourraient être prononcés, agrémentés d’amendes. Cependant, la Ligue n’ayant pas de barème de sanction dans son règlement, et le club lillois étant jusque là exempt de reproches, difficile d’anticiper le verdict de la commission de discipline.

Les joueurs, eux, devront se remettre d’applomb après cette mésaventure et tenter de décrocher le maintien en Ligue 1. Alors que leur entraîneur saluait l’état d’esprit des supporteurs lillois, qui avaient appelé à « l’union sacrée » et à « faire bloc d’une seule voix, dans le seul but d’aider au maintien du club ». « La pression, les insultes, la violence, ça n’amènerait à rien », insistait Christophe Galtier vendredi. Des propos que l’on interprète différemment, à peine vingt-quatre heures plus tard.