Stand Parcoursup lors du salon post-bac à Paris, en janvier. / S. Graveleau / Le Monde

Les quelque 800 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation ont jusqu’à mardi 13 mars pour inscrire leurs vœux d’orientation dans le supérieur, et jusqu’au 31 mars pour finaliser leurs dossiers sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac Parcoursup.

Parmi les nouveautés de cette session 2018 figure l’obligation de rédiger une lettre de motivation, et parfois un curriculum vitae, dans toutes les formations, y compris pour les licences de l’université qui étaient jusqu’ici non sélectives. Dans ces licences, ces éléments permettront, entre autres, de départager les candidats s’ils sont plus nombreux que les places disponibles.

Comment rédiger le projet de formation motivé ? Que mettre dans son CV ? Dans quelle mesure est-il possible de postuler hors de son académie ? Pourquoi dois-je indiquer une préférence dans mes vœux ? Comment interpréter le nombre de places et le nombre de vœux l’an dernier, qui découragent parfois de postuler dans une formation ? Si l’on vise une école d’arts appliqués, faut-il candidater en Manaa ou en DNMADE ? Voici les questions auxquelles répond cet article.

Dans quelle mesure puis-je postuler en dehors de mon académie ?

Dans les filières sélectives (CPGE, BTS, DUT, écoles avec concours ou examen d’entrée, etc.), la sélection ne se fait pas, sauf mention contraire, en fonction du critère géographique, seule la qualité du dossier est prise en compte (notes, classement de l’élève dans sa classe, « projet de formation motivé », etc.).

Pour candidater à l’université (licence, Paces), le secteur géographique était, sur l’ancienne plate-forme APB, l’un des deux critères utilisés (avec l’ordre des vœux) pour départager les candidats s’ils étaient plus nombreux que le nombre de places. Avec la nouvelle plate-forme Parcoursup, la priorité reste donnée, dans ces filières, aux candidats de l’académie. Cette dernière est définie par le domicile des parents (ou du responsable légal) du candidat, et on peut connaître son académie de rattachement en cliquant sur l’onglet « Secteurs licences » dans Parcoursup.

Pour augmenter ses chances d’être pris dans une filière très demandée, mieux vaut donc faire au moins un vœu dans son académie, quitte à en faire un autre sur la même licence d’une autre académie.

Il est en effet également possible de postuler dans des licences en dehors de son académie. Dans ce cas, une alerte sur fond jaune prévient que le candidat ne sera pas prioritaire si la formation reçoit plus de demandes que de places disponibles. Ce n’est qu’après la clôture des vœux que le recteur de l’académie fixera un quota de candidats « hors académie ». Moins la filière est en tension, plus celui-ci est susceptible d’être important. Comme le précise l’alerte sur Parcoursup, il est donc vivement conseillé de formuler « également » des vœux dans les licences de son académie.

Alerte sur la plate-forme Parcoursup, quand le candidat postule à une licence hors de son académie - février 2017 / Parcoursup / Le Monde

Comment rédiger ma lettre de motivation, appelée « projet de formation motivé » ?

Le « projet de formation motivé », autrement dit une « lettre de motivation » : c’est l’une des principales nouveautés, obligatoires, de Parcoursup. « L’idée n’est bien sûr pas de faire un copier-coller de celle-ci pour tous ses vœux », prévient Ferroudja Kaci, conseillère au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ). L’objectif est d’adapter et de personnaliser ce texte à chaque établissement, « de raconter quelles sont ses particularités ou options qui vont servir au candidat pour atteindre son objectif professionnel », précise-t-elle. La longueur maximale est de 1 500 signes, sauf si l’établissement de formation demande à ce qu’elle soit plus importante.

Après avoir rédigé une introduction avec une phrase d’accroche personnalisée ; du type « je candidate à telle formation parce que… », il faut décrire rapidement son parcours d’études antérieur, et, éventuellement, ses expériences professionnelles ou stages, « en expliquant en quoi ils ont permis d’acquérir des compétences, des questionnements, qui seront utiles dans la formation que l’on vise », explique la conseillère. « Si l’élève a réalisé un stage de troisième dans un cabinet d’avocats et qu’il souhaite tenter d’entrer dans un parcours d’affaires juridiques, il est important de le souligner, conseille de son côté Cécile Charasse, directrice de l’IUT d’Allier et vice-présidente de l’Association des directeurs d’IUT.

Il est ensuite possible d’aborder son projet professionnel et d’expliquer en quoi la formation va permettre de s’y préparer et d’y accéder. « Si le projet professionnel est encore flou, préciser le ou les domaines d’activité qui intéressent et montrer en quoi la formation souhaitée permettra de se diriger vers ce ou ces domaines, et de définir son projet ultérieurement », conseille la fiche d’information Parcoursup sur le projet de formation motivé. Les jurys vont essayer de voir « si le candidat sait bien où il met les pieds, s’il s’est renseigné sur la formation et sur ses débouchées », explique Mme Kaci.

Pour les filières sélectives, cette lettre de motivation est « déterminante », affirme-t-elle. « C’est l’élément-clé de la sélection en IUT : la motivation et l’engagement sont fondamentaux », confirme Mme Charasse. Pour ceux qui postulent une licence à l’université, le projet de formation motivé pourra être utilisé par les jurys pour départager les candidats dans les cas où ils seraient plus nombreux que les places disponibles. Le candidat ne pouvant savoir si ce sera le cas pour la licence qu’il convoite, autant peaufiner la rédaction de ce court texte, ce qui demeure possible jusqu’au 31 mars (date limite pour la finalisation des dossiers et la confirmation des vœux).

Que dois je mettre dans mon CV ?

« Je n’ai rien à mettre dans mon CV » est une phrase qu’enseignants et conseillers entendent régulièrement de la part des élèves qui doivent faire leurs vœux d’orientation sur la nouvelle plate-forme Parcoursup 2018 d’ici à mardi 13 mars, et finaliser leurs dossiers (CV compris) au plus tard le 31 mars. Dorénavant, ce ne sont plus seulement les formations sélectives (CPGE, BTS, IUT, etc.) qui peuvent demander aux candidats de rédiger un curriculum vitæ, mais aussi les licences universitaires. « Les jurys savent bien que les candidats sont jeunes, qu’ils n’ont donc pas nécessairement fait beaucoup de choses en dehors de l’école », rassure Ferroudja Kaci, conseillère au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ).

Sur Parcoursup, le CV est découpé en cinq rubriques à remplir : « Formation », « Langues », « Compétences », « Expériences professionnelles » et « Centres d’intérêt ». Dans les trois dernières rubriques, il peut être judicieux de valoriser « toutes les activités extrascolaires auxquelles le candidat ne pense pas spontanément », explique la conseillère. Cela peut-être « d’avoir fait du bénévolat, avoir été baby-sitter, même si c’est dans un cadre familial, de faire du sport dans un club, etc. ». Il peut aussi être intéressant d’évoquer les activités ou les projets en groupe réalisés pendant ses études (type travaux pratiques encadrés,TPE). Après chacune de ces activités, le candidat peut détailler succinctement quelles compétences ou savoirs il en retire.

Attention, dans le cadre d’un CV comme dans celui de la lettre de motivation, la forme compte (presque) autant que le fond : un CV fait à la va-vite, simplement parce que c’est une obligation pour valider son vœu, ou bien à l’inverse de manière appliquée, sont des éléments qui montrent aussi la motivation de l’élève. Dans les licences non sélectives de l’université, le CV pourra être utilisé pour départager les candidats dans le cas où ils seraient plus nombreux que les places disponibles…

Comment réussir son CV quand on n’a pas (beaucoup) de diplômes ?
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« Dans les trois dernières rubriques il peut être judicieux de valoriser toutes les activités extrascolaires » - Février 2017 / Parcoursup / Le Monde

Pourquoi dois-je indiquer une préférence dans mes vœux ?

Contrairement à l’ancienne plate-forme Admission post-bac, Parcoursup ne permet pas aux candidats de classer leurs vœux. Mais il leur demande de saisir leur « préférence » en termes de vœu de formation. Cette information confidentielle et non transmise aux établissements a pour objectif « d’éclairer la commission d’accès à l’enseignement supérieur », indique Parcoursup aux candidats. Cette commission, créée à l’occasion de récente réforme d’accès aux études supérieures, sera chargée de « faire des propositions si le candidat n’a reçu aucune proposition sur l’un de ses vœux confirmés ou s’il n’a reçu que des réponses négatives ».

Le champ de 1 500 caractères à remplir est donc censé guider cette commission pour qu’elle lui propose une formation proche de ses aspirations. « Cette rubrique demande un peu au jeune de réfléchir à son plan B s’il n’obtient aucun de ses vœux » précise Ferroudja Kaci. Celui-ci doit donc y indiquer le type de formation, la spécialité ou le secteur qu’il visait prioritairement, avant de préciser quel pourrait être ce plan B. De cette précision peut dépendre la proposition du recteur, plus ou moins proche des vœux initiaux…

Sur Parcoursup, le nombre de candidatures reçues et de places proposées l’année précédente est indiqué pour chaque formation, et donne parfois le sentiment qu’on a aucune chance d’être pris...

Ces informations, disponibles dans la rubrique « Contexte et chiffres », « peuvent impressionner lorsque le nombre de places est faible par rapport au nombre de candidatures », commente Ferroudja Kaci, du CIDJ. Mais c’est une information « qui ne doit pas décourager le candidat », et qui ne permet pas de se faire une idée précise de la pression à l’entrée de la formation : sont comptabilisés tous les vœux, quel que soit leur rang de classement – Admission post-bac demandait en effet aux candidats de classer leurs vœux (jusqu’à 24) par ordre de préférence, mais recevaient au maximum une réponse positive.

« Un élève qui postule en CPGE peut faire des vœux dans vingt établissements différents (s’il choisit deux filières), ce qui veut dire que cent élèves peuvent postuler dans deux mille établissements. Cela représentera donc deux mille candidatures alors que ces élèves n’occuperont finalement que cent places », calcule le président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques, Mickaël Prost, pour qui les chances d’obtenir au moins une réponse positive sont « très élevées » à condition d’élargir au maximum sa liste de candidatures.

Pour se rassurer « il peut être intéressant d’aller aux journées portes ouvertes de ces formations, de contacter les établissements ou de chercher sur leur site Internet quel est le profil d’élèves attendu », conseille Mme Kaci.

Si l’on vise les écoles d’arts appliqués, faut-il candidater en Manaa ou en DNMADE ?

Sur Parcoursup, les élèves qui n’ont pas obtenu de baccalauréat sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A) et qui se destinent à une école d’arts appliqués n’auront pas tous à postuler à une année de mise à niveau en arts appliqués (Manaa), à la différence de ces dernières années. En effet, treize académies sur trente ont décidé d’appliquer, dès la rentrée 2018, la réforme du premier cycle des études d’art, qui prévoit la création d’un diplôme national des métiers d’art et du design (DNMADE, en trois ans, de grade licence), pour remplacer à la fois l’actuelle Manaa (mise à niveau en arts appliqués), les BTS en arts appliqués et le DMA (diplôme des métiers d’arts).

Les treize académies concernées dès cette année par la réforme sont celles de Besançon, Clermont-Ferrand, Créteil, Dijon, Limoges, Lyon, Montpellier, Orléans-Tours, Rennes, Strasbourg, Versailles, Paris et Toulouse. Sur Parcoursup, les candidats concernés doivent sélectionner « DN made » dans l’onglet « Par type de formation ».

Pour les dix-sept autres académies, la Manaa ne disparaîtra qu’à la rentrée 2019. Pour postuler dans ce cursus sur Parcoursup, les candidats doivent sélectionner « Formations préparatoires à l’enseignement supérieur » dans l’onglet « Par type de formation », puis « Mise à niveau » dans l’onglet « Par Formation », puis « Arts appliqués » dans l’onglet « Par spécialité ».

« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les vœux d’orientation, Le Monde organise les conférences O21/S’orienter au 21e siècle, à Paris (17 et 18 mars), après Nancy, Lille, Nantes et Bordeaux.

A la veille de la clôture des vœux sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup, sera organisé un tchat en direct avec des psychologues du Centre d’information et d’orientation Mediacom, lundi 12 mars à 13 heures. A consulter également : notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB.