La Société protectrice des animaux (SPA), est l’une des associations préférées des Français. / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

La crise s’accentue à la Société protectrice des animaux (SPA), l’une des associations préférées des Français. Après avoir annoncé le 7 mars le licenciement de son directeur général, accusé de « faute grave », l’organisation a décidé de se séparer de deux autres de ses principaux dirigeants : le directeur administratif et financier et la directrice juridique. L’un et l’autre ont reçu, lundi 12 mars, une lettre de convocation à un entretien préalable à leur licenciement, selon les informations recueillies par Le Monde de sources concordantes. Ils ont été mis à pied à titre conservatoire. Un licenciement pour « faute grave » est évoqué dans les deux cas, mais aucun motif précis n’a été encore mentionné.

« Natacha Harry, la présidente de la SPA, est en train de décapiter la maison », s’alarme l’avocat Eric Gaftarnik, qui a démissionné il y a peu du conseil d’administration et de sa fonction bénévole de secrétaire général, c’est-à-dire de numéro deux de l’association. « Elle prend des décisions inconsidérées, prive la SPA de ses éléments essentiels, et la déstabilise, ajoute-t-il. L’association, qui se remettait à peine d’années de pertes et d’administration judiciaire, est de nouveau en danger. »

« Incompétence » et « propos sexistes »

Le 7 mars, deux arguments avaient été mis en avant pour justifier la mise à l’écart du directeur général Joël Pain. Celui-ci est à la fois accusé d’« incompétence » et d’avoir « tenu des propos sexistes à l’encontre de la présidente et de salariées », selon l’avocat de la SPA, Olivier Baratelli. Son départ « relève de la gestion normale de toute structure amenée à détecter un fonctionnement anormal à sa tête », avait alors expliqué l’avocat, démentant toute crise à la tête de l’association.

Cette fois-ci, « on va sans doute ressortir de vieux [e-mails] dans lesquels nous avons échangé des blagues de potaches, avance Anne Tholy, la directrice juridique, arrivée en janvier 2016. Mais la réalité est ailleurs. Nous sommes écartés parce que nous n’avons pas voulu prêter allégeance à la présidente. »

La SPA est depuis plusieurs mois le théâtre d’une lutte interne très vive. D’un côté, la présidente, Natacha Harry, une journaliste de télévision élue en 2013 pour sortir la SPA de l’ornière ; de l’autre, plusieurs dirigeants salariés de l’association, des techniciens recrutés sous son mandat mais qui ont contesté ses méthodes, notamment le poids de la communication et les contrats passés avec l’agence Image 7. Ce dossier a été le point central du bras de fer entre Mme Harry et son directeur général, Joël Pain, mis à pied en décembre 2017.

Un « climat de terreur »

Considérés comme des proches de ce dernier, le directeur financier Vincent Bourcier, arrivé il y a un an à peine, et la directrice juridique sont eux aussi à présent évincés. Depuis plusieurs semaines déjà, ils ne participaient plus aux réunions du comité exécutif. « Compte tenu de l’ambiance exécrable, notre licenciement constitue presque un soulagement », commente M. Bourcier.

Pour l’ancien secrétaire général Eric Gaftarnik, « Natacha Harry cherche à prendre tous les pouvoirs, et à ne garder autour d’elle que des courtisans, dans une dérive césariste ». Il craint que d’autres cadres ne quittent la SPA, que ce soit de façon forcée ou pour échapper au « climat de terreur » qui règne, selon lui, dans l’association. Une analyse totalement démentie par Natacha Harry, qui, mercredi, a obtenu le soutien unanime de son conseil d’administration pour licencier le directeur général.

Créée en 1845, la SPA est la plus ancienne association de protection animale en France. Elle compte actuellement plus de 650 salariés et s’appuie sur un réseau comptant d’environ quatre mille bénévoles. La majorité de ses ressources provient de legs et de dons.