La France insoumise (LFI) voulait profiter des législatives partielles de mars pour s’imposer comme la principale force d’opposition à Emmanuel Macron. « Plus personne ne pourra dormir tranquille », avait promis, pendant la campagne, Jean-Luc Mélenchon. Sa formation n’est pas parvenue à transformer l’essai, dimanche 11 mars, lors des deux scrutins sur lesquels elle comptait le plus, en Guyane et en Haute-Garonne.

Dans une Guyane où M. Mélenchon était arrivé en tête lors du premier tour de la présidentielle, La France insoumise échoue au profit de la majorité, malgré la visite, de près d’une semaine, de son chef de file sur place pendant la campagne. Le député sortant, Lénaïck Adam (50,65 %), pour La République en marche (LRM), s’est imposé au second tour, face à Davy Rimane (49,35 %), soutenu par LFI. Ce dernier avait pourtant largement amélioré son score lors du premier tour, gagnant 15 points par rapport à son score de juin 2017. A l’époque, il n’était pas le candidat investi par les « insoumis ». Dimanche, l’écart entre les deux finalistes était faible, 213 voix, selon les premiers résultats communiqués par la préfecture, qui doivent être officialisés dans la journée de lundi 12 mars. « Il n’y a plus de doute sur la légitimité de notre victoire et de la volonté du peuple », a déclaré au Monde Lénaïck Adam, qui se réjouit d’avoir « creusé l’écart » avec son adversaire : en juin 2017, il n’avait que 56 voix d’avance, ce qui avait contribué à l’annulation de son élection par le Conseil constitutionnel.

Christophe Castaner, délégué général de LRM, a salué la victoire de M. Adam, dimanche soir. « Ce résultat conforte la volonté du gouvernement de mettre en œuvre l’accord de Guyane, une mise en œuvre réelle et non plus des promesses, car les Guyanais en ont soupé, des promesses », a-t-il confié au Monde. Signé le 21 avril 2017 par le gouvernement précédent, après cinq semaines de mouvement social, cet accord – un plan d’urgence d’un peu plus de 1 milliard d’euros – a été l’un des thèmes de la campagne, Davy Rimane pointant la lenteur de sa mise en place.

Ballottage très défavorable

Pour le parti d’Emmanuel Macron, cette victoire est un soulagement, après qu’il avait perdu l’une de ses députées dans le Val-d’Oise, début février, et que ses espoirs de remporter de nouvelles circonscriptions sont minces, au vu des cinq élections partielles à venir d’ici à la fin avril. En Haute-Garonne, LRM se trouvait ainsi dimanche soir en ballottage très défavorable. Le député PS sortant, Joël Aviragnet, est arrivé nettement en tête du premier tour (38,74 %), face au macroniste Michel Montsarrat (20,31 %). A quelques jours du vote des militants socialistes pour leur nouveau premier secrétaire, jeudi 15 mars, ce résultat est un coup de projecteur inattendu pour le parti de la rose, dont cette circonscription était la seule du département à ne pas avoir été conquise par LRM en juin.

Sur les terres de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, les socialistes confirment que, pour ces élections à la participation traditionnellement très faible, la mobilisation des réseaux militants historiques fait la différence. A quelques jours du scrutin, LRM n’était d’ailleurs guère optimiste quant à sa capacité à l’emporter au second tour face au PS. Une perspective qui s’éloigne d’autant plus que le score de son candidat s’est effondré depuis le mois de juin.

« Colère froide qui se traduit par une grève civique et par une forte sanction du candidat du gouvernement qui divise son score par deux par rapport à juin », a commenté Manuel Bompard, dirigeant de La France insoumise, dimanche soir, sur Twitter. Après les partielles de février, défavorables à la majorité, et les mauvais scores du PS, les « insoumis » se prenaient à rêver à un exploit, dans cette circonscription de gauche, en doublant les socialistes. Les figures du mouvement à l’Assemblée – Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin – avaient multiplié les déplacements pour soutenir le candidat LFI, Philippe Gimenez. Las ! Ce dernier passe certes devant le FN, mais avec un score légèrement plus faible qu’en juin 2017.