Réunis pendant plus de trois heures en début d’après-midi, mardi 13 mars, les représentants du collectif de citoyens, de l’intersyndicale et des élus de Mayotte ont finalement refusé, après de longues discussions et alors qu’apparaissent des divisions dans le mouvement, l’offre de dialogue lancée par la ministre des outre-mer, Annick Girardin. Cette dernière, retranchée dans la résidence du préfet, aura tenté en vain d’établir des contacts et de solliciter des interventions de médiation.

Rien n’y a fait. Aux alentours de 16 h 30, alors que la rencontre était prévue à 14 heures, la délégation accostait au ponton de Petite-Terre. Munie en quelque sorte d’un mandat : dire à la ministre qu’elle retourne en métropole, que les représentants du mouvement ne discuteraient pas avec elle, ni avec les trois hauts fonctionnaires missionnés qui l’accompagnent.

Des annonces insuffisantes

Fatihou Ibrahim, un des porte-parole du mouvement, résume la position commune arrêtée par le collectif, les élus et l’intersyndicale. « Nous allons voir la ministre et lui expliquer que la tonalité qu’elle a donnée à sa visite n’a pas du tout plu aux Mahorais. Ceux-ci ont compris que c’était une mascarade », explique-t-il.

« La ministre n’est pas le bon interlocuteur, poursuit M. Ibrahim. Elle nous a manqué de respect. Nos camarades ne comprendraient pas que nous discutions avec elle. Puisqu’elle n’est qu’une boîte aux lettres, nous lui remettons un courrier commun des élus et des syndicats pour qu’elle le remette aux personnes compétentes. Que le gouvernement nous envoie un véritable interlocuteur, capable de prendre des engagements sur trois points : un plan de rattrapage pour Mayotte, un plan de développement et des moyens contre l’insécurité. »

Pour le jeune leadeur, les mesures annoncées la veille par la ministre sur ce dernier point « ne sont pas des mesures ». Et il ne voit pas l’intérêt d’engager des discussions avec les trois missionnaires puisqu’« ils ne sont pas mandatés ». Lundi, Mme Girardin avait annoncé que soixante gendarmes supplémentaires allaient être maintenus sur le territoire jusqu’à la fin de l’année scolaire, qu’une brigade de gendarmerie allait être créée à Koungou et que de nouveaux renforts de policiers et de gendarmes devraient arriver d’ici au 1er août pour être affectés à la brigade de prévention de la délinquance juvénile.

A vingt-quatre heures d’une catastrophe sanitaire

Avant de pénétrer dans la résidence du préfet, le porte-parole prévient. « Nous allons la voir par politesse mais uniquement pour lui dire que nous avons compris son jeu. Mayotte traverse une crise comme on n’en a jamais connu, sauf peut-être en 1976. Nous, syndicats et collectifs, nous faisons l’écho de la souffrance des gens. Le mouvement va continuer tant que le gouvernement ne se décidera pas à prendre en considération l’ampleur de la crise. »

La ministre a, en principe, prévu de repartir mardi soir en métropole pour faire un exposé de la situation au conseil des ministres qui se tiendra mercredi. Dans la matinée, lors de sa visite du centre hospitalier de Mayotte, les autorités hospitalières ont fait savoir que le département était « à vingt-quatre heures d’une catastrophe sanitaire ». Les tentatives de discussion, pour l’heure, semblent bel et bien vouées à l’échec.